Une sortie simultanée des deux ailes de la «koutla» traduit une grande hésitation par rapport à plusieurs questions posées au lendemain des élections. Si le parti de la rose exprime sa méfiance envers «une bipolarité artificielle», l'Istiqlal voit dans les législatives une étape cruciale de rajeunissement de son élite parlementaire avec l'entrée de 20 nouveaux députés sous la coupole. L'Istiqlal et l'USFP n'ont pas eu besoin d'un long temps de réflexion pour livrer leurs conclusions tirées des élections, après que Benkirane ait été chargé de former le gouvernement. Les instances dirigeantes des deux partis se sont réunies en vue d'étaler leurs évaluations du climat des élections et surtout dévoiler leurs intentions par rapport à l'étape de démarrage des concertations de Benkirane avec les leaders des partis politiques. Le ton des communiqués publiés par les deux partis est quasiment le même, avec une grande hésitation des deux formations pour afficher clairement leur positionnement au sein du nouvel échiquier parlementaire. Le second trait commun des communiqués des deux parties se rapporte à l'impact des «irrégularités» qui ont été commises durant le jour du scrutin sur le décompte final des sièges des deux partis, lesquels ont cédé tous les deux près de 40 sièges comparativement à 2011. Enfin, ni l'un ni l'autre parti n'ont pris de positions définitivement figées d'une éventuelle participation au gouvernement en laissant «les organes décisionnels décider du changement du statut de l'opposition». L'Istiqlal, une nouvelle élite parlementaire Le parti de la balance n'a pas fait dans la virulence, suite à la réunion du bureau politique de son comité exécutif. L'Istiqlal a ainsi préféré laisser planer le flou quant à une éventuelle participation du parti au gouvernement. «Seuls le SG du parti et son porte-parole sont habilités à exprimer les positions officielles du parti», indique le compte rendu de la réunion des dirigeants de l'Istiqlal. Par ailleurs, le parti de Hamid Chabat n'a pas également voulu imputer le recul en termes de sièges aux seules «irrégularités». «Le parti exprime à nouveau son malaise découlant des pratiques qui contredisent les principes démocratiques élémentaires et qui ne font que semer le désespoir parmi les citoyens sur l'utilité de la politique et des élections, et ne font que déformer le cumul des réformes politiques et constitutionnelles vécues par notre pays», est-il indiqué. Au lieu d'adopter le statut confortable de victime durant ces élections, l'Istiqlal voit surtout que le taux de participation est la principale source d'inquiétude, pour que la Chambre des représentants soit le centre de l'état des institutions. La démarche optimiste des membres du comité exécutif du parti de la balance s'est aussi reflétée dans l'analyse des résultats obtenus par le parti lors du scrutin du 7 octobre. Ainsi, les législatives ont été une occasion précieuse pour l'entrée d'une nouvelle élite au Parlement. «Le parti a pu augmenter le nombre de voix obtenues par rapport à 2011 et a pu gagner au sein de 13 nouvelles circonscriptions, avec l'élection de 20 nouveaux députés qui entrent au Parlement» pour la 1re fois. Aucune allusion n'a été par contre faite aux deux partis qui ont été considérés comme les deux grands vainqueurs des élections, de même que le comité exécutif a préféré observer le motus sur l'ouverture des pourparlers avec le PJD dans l'optique de refaire leurs alliances et ce, à 4 jours de la séance réservée à l'élection du nouveau président de la Chambre des représentants. L'USFP plus agressif Dans un communiqué forgé avec un style rappellant celui des années 80 du siècle passé, le parti de la rose a fait des irrégularités le noyau de sa position. Le bureau politique, qui a annoncé sa décision d'adresser un mémorandum au roi, n'a pas caché sa grande déception des résultats annoncés «qui n'ont pas abouti à une démarcation réelle entre la majorité et l'opposition, puisque deux partis ont progressé en même temps que tous les autres ont régressé», indique l'évaluation du parti de la rose qui a sauvé in extremis son droit d'avoir un groupe parlementaire en décrochant le strict minimum, à savoir 20 sièges. Puisant son argumentaire dans l'histoire parlementaire, l'USFP a rappelé toutes les initiatives qu'il a soutenues en vue de la réforme du régime électoral «comme partie de la réforme politique, qui devait accompagner la Constitution de 2011 et qui s'est articulée autour d'une représentation réelle des partis politiques et la transparence des élections ainsi que la révision du découpage et de la taille des circonscriptions». Par ailleurs, le bureau exécutif n'a pas totalement fermé la porte à une éventuelle entrée à la majorité en indiquant que «tout changement dans cette position dépend d'une décision des organes décisionnels». Il est à noter que l'USFP a stigmatisé également le niveau de la campagne, qui est selon le parti de la rose, le fait générateur de l'apathie politique des citoyens dont 53% des électeurs inscrits sur les listes ne se sont pas déplacés aux urnes à cause «des discours populistes» qui ont dominé la campagne électorale.