C'est une initiative culturelle et citoyenne qui donne rendez-vous à tous les cinéphiles tous les lundis au Cinéma ABC à Casablanca pour des projections de documentaires de création dans une logique de thématique cyclique. Zoom sur un événement qui fait du bien à la culture du Maroc, en Iran en passant par l'Egypte. Un film par mois sera consacré au Maroc, qu'il soit l'oeuvre d'un réalisateur marocain ou étranger. Les autres films proviendront de cinématographies maghrébines, arabes, africaines, méditerranéennes, asiatiques et sud-américaines. Ces rendez-vous hebdomadaires s'adressent autant au grand public qu'à des personnes plus averties avec une programmation privilégiant des oeuvres d'auteurs récentes et de qualité, proposant une intention singulière, une subjectivité, un certain regard et des partis-pris. Cette initiative vient encourager l'intérêt croissant des Marocains ces dernières années pour leur propre cinématographie de fiction et entrouvre une fenêtre sur les réalités du pays, insuffisamment étudiées dans les universités nationales, et parfois traitées avec peu de consistance par la presse écrite, sans parler des médias audiovisuels. Elle vise également à stimuler la curiosité et favoriser la connaissance de nous-mêmes, nos voisins et le monde. Le premier lundi a été consacré à «La femme à la caméra», une chronique douce-amère de la vie de Khadija, jeune Marocaine analphabète et divorcée qui, en dépit de la forte résistance de sa famille et de son environnement, est fermement décidée à travailler comme vidéographe de mariages pour assurer son indépendance. Alors que la saison des cérémonies nuptiales bat son plein à Casablanca, nous suivons Khadija dans ses allées et venues entre l'appartement familial, où la tension est palpable, et l'univers plein d'espoir et de la légèreté des fêtes de mariage qu'elle filme. Chronique tout en aléas, «La femme à la caméra» zoome l'univers de ces jeunes femmes divorcées qui veulent s'ouvrir un espace social bien à elles, sans blesser ni offenser personne. Le lundi 10 octobre, le public pourra découvrir «A present from a past» de Kawthar Younis. Démarrant comme un documentaire «road movie», ce film se transforme en un portrait drôle et intime d'une relation père-fille. La réalisatrice Kawthar Younes offre à son père Mokhtar, un homme âgé mais professeur encore très actif, deux tickets pour Rome pour son anniversaire afin de l'aider à retrouver Patrizia, son amour de jeunesse qu'il n'a pas revu depuis 30 ans. Alors que la femme de Mokhtar accepte généreusement ce voyage, le vieux monsieur commence lui-même à douter de cette entreprise. Essentiellement tourné en caméra cachée, ce documentaire est le projet de fin d'études de Younis, diplômée du High Cinema Institute of Cairo. Le lundi 17 octobre, place à l'Iran avec «Mashti Esmaeil - In the name of God» de Mahdi Zamanpoor-Kiasari. Mashti Esmaeil vit d'ordinaire dans sa ferme pour cultiver la rizière, à quelques trois heures de marche de la maison de sa femme et de sa fille. D'une autonomie édifiante au vu de sa cécité, il se révèle être par ailleurs, dans ce portrait affectueux, un homme sage et serein, doté d'un brillant sens de l'humour. Un hommage.