En plus des conséquences néfastes de l'indépendance du Soudan du Sud, l'économie soudanaise subit de plein fouet les effets de la baisse des prix du baril. Résultat, la croissance peine à décoller. Au Soudan, la croissance devrait rester stable en 2016, sans toutefois retrouver son niveau d'avant crise. Les estimations tablent sur une hausse à 3,7% contre 3,5% l'année dernière. Selon Coface, le PIB pourrait continuer d'être tiré par les minerais, l'agriculture et les taxes perçues sur le transit des marchandises vers le Soudan du Sud. En effet, l'agriculture demeure un secteur clé de l'économie soudanaise, tant en termes d'activité (42% du PIB) que d'emplois (80% de l'emploi total). La production de gomme arabique devrait progresser sous l'impulsion des réformes gouvernementales soutenues par la Banque mondiale et le Fonds international de développement agricole. Le secteur devrait toutefois demeurer vulnérable au phénomène d'El Niño qui pourrait avoir un impact négatif sur l'activité agricole. Pour sa part, la production d'or devrait également augmenter pour atteindre 100 tonnes en 2016 (contre 80 en 2015), de même que la production de pétrole. Inflation Par ailleurs, le secteur manufacturier serait lui stimulé par les investissements étrangers dans l'industrie sucrière et dans le textile, qui devraient profiter de la baisse des coûts des matières premières. Le secteur des services, quant à lui, resterait entravé par la prépondérance du travail informel peu productif ainsi que par la complexité administrative. Le déclin de la confiance des entrepreneurs combiné aux coûts de production élevés et à la difficulté d'accès au crédit, devraient affaiblir l'investissement privé qui resterait limité à l'exploration des sous-sols. De son côté, l'inflation devrait se replier mais resterait élevée, ce qui pèserait toujours sur la consommation des ménages. En effet, l'inflation au Soudan devrait demeurer l'une des plus élevées en Afrique. Après avoir subi des pressions à la hausse suite à la suspension des subventions au prix du blé, à la dépréciation du taux de change face au dollar et aux ruptures d'approvisionnement en raison de conflits, l'inflation devrait progressivement diminuer compte tenu de la politique monétaire restrictive menée par la Banque centrale et de la faiblesse des prix des denrées alimentaires importées. Pétrole L'indépendance du Soudan du Sud a provoqué une chute brutale des échanges extérieurs du pays, auparavant tirés par le secteur pétrolier. En 2016, le Soudan ne devrait profiter que faiblement de la reprise des exportations liées à l'exploitation des nouveaux sites pétroliers, compte tenu du prix du baril relativement faible. De la même manière, les recettes d'exportation d'or devraient légèrement se contracter en raison de la baisse des volumes exportés. La balance commerciale devrait toutefois être soutenue par l'augmentation des exportations de graines de sésame surtout vers l'Asie (Chine, Emirats arabes unis et Arabie saoudite). Les investissements étrangers ne suffiraient pas à couvrir le déficit courant qui devrait se stabiliser en 2016. Environnement des affaires défavorable La situation sécuritaire dans les cinq Etats fédérés du Darfour demeure très instable. Des tensions persistent entre forces gouvernementales et forces rebelles en plus des heurts intercommunautaires récurrents. Sur le plan extérieur, malgré l'accession à l'indépendance du Soudan du Sud en juillet 2011, des litiges relatifs aux frontières, aux taxes de transits et à l'identité des ressortissants de chaque pays persistent et entachent les relations entre les deux Etats. Toutefois, l'enjeu économique commun lié à la production et à l'acheminement du pétrole conduit les pays à coopérer. Enfin, l'environnement des affaires est particulièrement dégradé comme le soulignent les évaluations de la Banque mondiale, plaçant le pays à la 159e position sur 189 pays. En effet, les carences notamment en matière de commerce transfrontalier et d'obtention de prêts détériorent la gouvernance.