En Afrique du Nord, le marché d'obligations d'entreprises se développe timidement. Cependant, le Maroc s'en tire mieux que ses voisins, selon un récent rapport de l'agence de notation Fitch Ratings. Celle-ci a analysé l'évolution récente des marchés obligataires au Maroc, ainsi qu'en Algérie et en Tunisie. Et, si la place financière nationale a été jugée de manière relativement positive, elle présente encore des faiblesses, de nature à freiner le développement du marché. Ainsi, le cadre réglementaire marocain est jugé « complet, et reposant sur une infrastructure adéquate », selon les conclusions de l'agence, qui estime également que « le marché d'actions marocain est devenu le marché le plus développé d'Afrique du Nord », un large éventail de titres de créances étant offert aux investisseurs. Quant au marché de la dette, il bénéficie, selon Fitch Ratings, d'une base d'investisseurs relativement solide, puisque sur un actif net de 132 milliards de DH gérés par les OPCVM à fin 2007, 8,3 milliards ont été investis en obligations d'entreprises. En outre, la décision d'attribuer la gestion des ressources des fonds de pension publics à la CDG, aurait largement stimulé le marché obligataire. Ce qui a contribué à en faire actuellement « le marché obligataire le plus liquide des trois marchés », selon l'agence de notation. Celle-ci a tout de même émis plusieurs bémols. Faible part dans le PIB Le marché obligataire est considéré comme étroit et peu développé, puisqu'en 2008, il représentait 1,3 % du PIB contre 65 % du PIB pour la dette bancaire. D'autre part, il est jugé comme étant concentré, avec seulement 9 émissions à fin 2008. Sans évoquer le fait que le marché reste dominé par les grandes entreprises, les PME s'appuyant presque exclusivement sur le crédit bancaire. En outre, les investisseurs privilégient les sociétés de grande envergure, dont les profils de risque sont plus faciles à évaluer. La réglementation prudentielle est également pointée du doigt, puisqu'elle « limite les investissements des compagnies d'assurances en obligations d'entreprises ». Des leçons à retenir Au niveau du marché marocain, l'agence conseille une évaluation systématique du risque crédit des émetteurs, afin de faciliter l'accès des sociétés de PME au marché obligataire, tout en offrant aux investisseurs des rendements potentiellement plus élevés. Pour ce qui est des compagnies d'assurances, une modification de la réglementation prudentielle pourrait favoriser le développement du marché obligataire. A titre d'exemple, les obligations d'entreprises jouissant d'une qualité de crédit élevée pourraient être incluses dans les investissements réglementés. Au niveau régional, Fitch estime, d'une part, que les trois pays d'Afrique du Nord doivent exiger plus de transparence et plus d'informations pertinentes. D'autre part, puisque le marché secondaire des obligations d'entreprises est peu liquide, la valorisation de la dette est le principal défi à relever, en vue de développer un véritable marché de ces obligations. En outre, l'agence considère que l'absence de notation constitue un obstacle à l'accès de nouvelles catégories d'entreprises au marché obligataire.