Les entreprises hésitent souvent à faire appel à des séniors dans leurs processus de recrutement. Pourtant, les spécialistes s'accordent sur un fait : l'emploi des séniors peut constituer une réelle valeur ajoutée pour l'entreprise. Le point sur les bonnes raisons d'embaucher un senior dans son entreprise. Difficulté à s'adapter aux nouvelles technologies, manque de mobilité et de flexibilité... Les inconvénients concernant l'emploi des seniors ne manquent pas. Des critiques devenues obsolètes et auxquelles s'ajoutent un grand nombre de points forts. À une époque où l'âge de départ à la retraite est en recul, chaque salarié est voué à passer une grande partie de sa carrière en tant que senior. Si les préjugés auxquels étaient confrontés les plus de 55 ans traduisaient une réalité il y a quelques années, ils sont à présent erronés. Les seniors en entreprise, souvent en poste au-delà de 60 ans, n'ont plus de mal à s'adapter au changement et à rester performants jusqu'à l'âge de la retraite. Ils se démarquent également par leur esprit d'équipe et leur force de travail à toute épreuve. Si ces caractéristiques restent des généralités, elles permettent de cibler une majorité de profils de cette génération, façonnés par un contexte socio-économique commun. Fort de plusieurs années d'expertise dans leur domaine, ces salariés plus âgés disposent de ladite expertise et de connaissances précieuses pour une entreprise. L'emploi des seniors permet également de faire gagner du temps à un responsable, qui économise la période de sa formation. Par ailleurs, grâce à l'expérience engrangée au cours de leur carrière, les plus de 55 ans disposent d'une plus grande capacité à relativiser face à l'épreuve en comparaison avec leurs collègues plus jeunes, ainsi que d'une vision à plus long terme. Sans compter qu'avec une carrière souvent déjà bien remplie, les seniors en entreprise favorisent la sécurité de l'emploi plutôt que leur plan de carrière. Une caractéristique souvent synonyme de fidélité et de confiance pour leur employeur. L'expérience des seniors au service des jeunes employés Pour endiguer la disparition des compétences et des connaissances détenues par les plus de 55 ans, les entreprises sont de plus en plus nombreuses à favoriser le maintien dans l'emploi des seniors. Les entreprises ont en effet besoin de ces employés qui transmettent le relais aux jeunes employés et assurent le maintien des compétences. L'enjeu est de taille pour la compétitivité de l'entreprise, qui s'appuie à la fois sur le dynamisme et les idées novatrices des plus jeunes, et sur le recul et l'expérience des seniors. Cette cohabitation des générations permet une transmission des compétences, facilite l'intégration des jeunes arrivants et permet de valoriser l'expérience des plus de 55 ans. Pour les seniors, cet échange leur permet de prolonger leur activité professionnelle et de faire évoluer leur rôle dans la société, s'investissant d'une fonction de «tuteur» et s'enrichissant au contact des plus jeunes et de leurs savoirs. Une cohabitation générationnelle parfois complexe L'entreprise peut devenir le théâtre d'une cohabitation parfois conflictuelle. Cette cohabitation au travail se manifeste sur le terrain par une «mécompréhension entre jeunes et moins jeunes». Parmi les points parfois conflictuels, il faut compter la transmission du savoir. Le senior n'est plus la seule source de transmission des savoirs. Il doit apprendre des plus jeunes, notamment concernant l'utilisation des nouvelles technologies de la communication et des outils virtuels. L'investissement et l'engagement dans l'entreprise peut également constituer un point de conflit. Le «Y», contrairement au senior, ne craint pas de changer de poste ou d'entreprise. Le chômage et la mobilité font partie de ses données professionnelles. Il cultive de ce fait un certain détachement et s'identifie peu à son entreprise, contrairement aux seniors qui, pour certains, ont fait carrière dans une seule et même société. Enfin la hiérarchie peut également constituer un point de dissension. Le concept d'autorité rebute les membres de la génération Y. Le «Y» au travail croit plus en lui ou en son manager qu'en un principe souverain nommé «hiérarchie». S'il apprécie son supérieur et adhère à sa politique, alors il suit. Le cas échéant, il ne se plie pas volontiers aux ordres. Alexandra Montant DGA de ReKrute Les Inspirations ECO : Quels sont les avantages de la collaboration des seniors avec les plus jeunes ? Alexandra Montant : La génération Y est porteuse de nouveautés au sein d'une équipe. Les seniors reconnaissent que les «Y» sont soucieux du collectif et n'hésitent pas à partager et à s'épauler. Contrairement à leurs aînés qui ont appris à se taire, les «Y» disent et résolvent les problèmes. Les seniors ont un savoir qui forcent le respect des plus jeunes. Ils leur apprennent à relativiser, prioriser et s'organiser. Quels sont les stéréotypes que rencontrent les seniors ? Généralement, certains voient en le travail des seniors une moindre productivité, un risque d'obsolescence des compétences (nécessité de reformer des gens qui parfois ont appris un métier qui n'existe plus), des profils difficiles à manager, plus de frais généraux (salaires, coûts sociaux), coûts générés par une moins grande adaptabilité (intégration, nouvelles technologies, etc), moins de motivation. Comment améliorer la gestion des seniors en entreprise ? Préparer un changement de regard sur les seniors dans leur ensemble et la gestion des parcours professionnels dans l'entreprise en particulier, accompagner un changement de culture d'entreprise par une réflexion de fond et des actions cohérentes et concrètes. Mettre en œuvre le développement d'une spirale plus positive, développer la formation des managers sur le terrain avec une culture différente. On peut également envisager le tutorat ou le parrainage et favoriser la mobilité interne. Il est également nécessaire de prévoir un plan de formation afin de faciliter l'apprentissage et l'intégration des seniors.