Afin de répondre à ses engagements nationaux et internationaux, le Maroc vient d'élaborer la stratégie nationale de développement durable dont la mise en œuvre est prévue à partir de 2017. Il s'agit d'un document stratégique de référence visant à consolider l'ensemble des politiques publiques en matière de développement durable et à corriger les dysfonctionnements d'ordre institutionnel et réglementaire. À la veille de la COP 22, le Maroc se mobilise en faveur du développement durable. Après une année de préparation et de concertation avec les différents acteurs concernés, aussi bien publics que privés, la stratégie nationale de développement durable 2016/2030 vient de voir le jour. Sa mise en œuvre est prévue à partir de 2017. Ses grandes lignes viennent d'être rendues publiques hier à Rabat lors de la tenue de la huitième édition du Conseil national de l'environnement. Il s'agit d'une stratégie rentable, d'après la ministre de l'Environnement, Hakima El Haité: «Certes, son coût est de l'ordre de 2% du PIB, mais elle permettra au Maroc de gagner 6% du PIB». Cette stratégie n'est visiblement pas une rupture avec les choix nationaux de développement. 75% des mesures ne nécessiteront pas un budget supplémentaire. Industrialisation verte L'objectif fondamental est de jeter les fondements d'une économie verte et inclusive au Maroc d'ici 2020. La majorité des politiques prévoient le principe de durabilité, mais leur mise en application demeure insuffisante, d'après le diagnostic effectué par le ministère de l'Environnement. Il s'avère ainsi nécessaire de définir une stratégie globale fixant le cap de l'ensemble des politiques publiques. La révision de la gouvernance du développement durable est une nécessité. En effet, il est indispensable d'améliorer les capacités des acteurs ainsi que le cadre législatif le contrôle et l'application effective des lois. Les secteurs sont appelés à intégrer la composante socio-environnementale dans leurs feuilles de route. Quatre piliers fondamentaux de développement durable sont proposés (économique, social, environnemental et culturel). À leur tête, figure le volet économique. À cet égard, les freins à la compétitivité peuvent être dépassés à travers la recherche systématique de convergence intersectorielle et une meilleure intégration des considérations socio-environnementales. Selon la stratégie, une réelle économie de l'environnement est possible à travers la mise en œuvre d'une économie circulaire ou encore de l'industrialisation verte. Le pilier environnemental est le parent pauvre de développement. Aussi, la stratégie vise-t-elle à renforcer la prise en compte des atteintes environnementales dans les politiques publiques afin de renforcer la croissance économique et de créer des emplois verts durables. Hakima El Haité a annoncé l'objectif d'atteindre 250.000 emplois en 2030 et 70.000 en 2020 grâce à cette nouvelle stratégie. L'enjeu est de pouvoir mettre en œuvre les mesures fixées à travers des projets en phase avec les objectifs escomptés. Afin de concrétiser la stratégie, quelque sept grands enjeux ont été identifiés et déclinés en axes stratégiques et objectifs. La consolidation de la gouvernance du développement durable est érigée en priorité. Des mécanismes de régulation sont à mettre en place pour favoriser la prise de décision à différents niveaux. Malgré les avancées sur le plan juridique et institutionnel, des dysfonctionnements et blocages freinent toujours le développement durable. Au niveau institutionnel, on note un manque de planification, de coordination, de convergence dans la mise en œuvre des stratégies ainsi que la longueur des procédures, le chevauchement des compétences, les difficultés à appliquer les textes au niveau local... Sur le volet réglementaire, certains secteurs ne sont pas couverts par la loi. Même la réglementation est obsolète. Sur le plan financier, plusieurs lacunes sont constatées notamment l'insuffisance des financements, l'inadéquation de l'utilisation des crédits, la sous-tarification ou encore le manque de transparence. Pour assurer la mise en œuvre d'une bonne gouvernance, l'Etat doit montrer l'exemple et mettre en œuvre dans ses propres institutions la démarche de développement durable (achats publics durables, éco-responsabilité de l'Etat...). Il s'avère aussi nécessaire de renforcer le cadre institutionnel et réglementaire du développement durable, le rôle des acteurs, les mécanismes de contrôle et les instruments économiques et financiers et de mettre en œuvre une politique fiscale environnementale. Les autres enjeux ont trait à la transition vers une économie verte, l'amélioration de la gestion et la valorisation des ressources naturelles, l'accélération de la mise en œuvre de la politique nationale de lutte contre le changement climatique, la promotion du développement humain et la réduction des inégalités sociales et territoriales, la promotion d'une culture de développement durable et le renforcement des actions en faveur des territoires sensibles. Quatre principes fondamentaux La stratégie repose sur quatre principes fondamentaux, et le premier est la conformité internationale. Elle reprend les défis sur lesquels le Maroc s'est engagé en matière de développement durable à savoir la lutte contre les changements climatiques, la lutte contre la désertification et la protection de la biodiversité. La stratégie est aussi en ligne avec la loi-cadre 99-12 relative à la charte de l'environnement et du développement durable, qui regroupe les idées d'intégration, de territorialité, de solidarité, de précaution, de prévention, de responsabilité et de participation. L'engagement des différentes parties prenantes à atteindre les objectifs communs est le troisième principe sur lequel repose la stratégie. Ce document de référence se veut, par ailleurs, opérationnel en s'appuyant sur les stratégies, les plans et les programmes en cours de mise en œuvre. Pour assurer son caractère opérationnel, quatrième principe, les mesures sont concrètes, assorties d'indicateurs de suivi et d'évaluation.