Quand j'ai appris, mercredi dernier, que l'alpiniste marocaine Meriem Borja, après le Toubkal, le Kilimadjaro, le Mont Elbrouz et le Mont Blanc et bien d'autres, a réussi à atteindre le sommet du Kosciusko en Australie, j'ai sauté de joie. Enfin une citoyenne marocaine, me suis-je exclamé, qui nous montre le chemin : monter toujours plus haut. En effet, je pense, moi qui d'ailleurs n'ai même pas osé escalader le mont de Lalla Chafia, que plus on monte haut, et plus on s'éloigne des petites gens - je veux dire les minus - et plus on évite leurs basses besognes. J'ai sauté de joie, vous racontais-je, et alors que j'étais encore en position d'élévation (c'est juste une image), j'ai entendu à la radio l'explosion d'une «bombe». En vérité, je l'appelle comme ça parce que c'est sous ce vocable, qu'un journal arabophone a voulu nous annoncer à sa Une d'une manière qui se voulait sans doute explosive, qu'on allait entendre ce qu'on allait entendre. Je ne sais pas ce que vous en avez pensé, vous, mais, moi, je ne vous cache pas que cette «bombe» m'a fait l'effet d'un... radis. D'ailleurs, maintenant que j'y pense, je crois même que, quand je l'ai entendu, j'ai roté. En fait, je rote à chaque fois que je suis devant un plat que je devine difficile à digérer. Et la «bombe» en question - et j'en ai plus d'une à poser à ses initiateurs - ressemble à s'y méprendre à une préparation chère à nos ouvriers de chantier (mais qui est très économique), qu'ils appellent si joliment «khardoula». Pour ceux et celles qui ne l'ont jamais vue ou n'en ont jamais entendu parler (tout le monde n'est pas obligé d'approcher de trop près les prolétaires), il s'agit d'un mélange de toutes sortes de légumes, de préférence les moins chers. Ceux qui en ont les moyens ajoutent parfois quelques grammes de gras, juste ce qu'il faut, histoire de relever un peu le goût, tout en évitant tout risque de maladie cardio-vasculaire. Mais, la grande différence entre notre «bombe» de la journée et la «khardoula», c'est que cette si «chère» recette ouvrière est un plat délicieux, comme l'est souvent tout ce que préparent nos valeureux ouvriers sur leur lieu de travail (Ceux qui n'ont jamais goûté le thé sur un chantier ne savent pas ce que divin veut dire). Cela dit, je dois vous avouer que, personnellement, je m'attendais à tout - la démission en même temps du gardien et du jardinier de la Primature, le renoncement au TGV et son remplacement par une ligne de pousse-pousse, et même la mise à la retraite anticipée de Moulay Mostafa El Alaoui - mais, franchement pas à ça ! L'alliance, pardon, la «coalition» de 8 partis - oui ! pas 3, pas 4, mais 8 - des partis venus de partout et qui, j'en suis sûr ne risquent pas de nous mener bien loin. 8 partis, pas si différents que ça, certes, mais qui viennent quand même d'horizons divers (ça va du bleu indigo au vert fade, en passant par le jaune neutre et le rose blafard), qui décident comme ça, du jour au lendemain, de s'unir pour le meilleur, quant au pire, c'est ce qui va venir, tout ça, ça laisse pantois. Comme a écrit hier, par lapsus plus que révélateur, une amie sur Facebook, c'est une «collusion», ça, pas une «coalition». Ce qui m'a fait commenter, sans vergogne et sans pudeur - je vais me gêner ! - qu'il s'agit, effectivement, «d'un accident de l'histoire», mais un accident que la Grande Histoire ne risque pas de retenir, tellement c'est nul et dérisoire. Oui, je ne suis pas content ! Oui, ça m'énerve! Parce que j'en ai marre - et là, je suis sérieux - qu'on continue, jusqu'à aujourd'hui, à nous mener en bourrique, alors que nous sommes censés - et je vous jure que j'y crois encore ! - être à la veille de meilleurs jours, voire d'un avenir radieux ! Je veux bien croire - soyons naïfs jusqu'au bout - que tout ça vient d'un bon sentiment, et que tout ce qu'ils souhaitent, c'est de nous éviter d'être sous le joug de gens dangereux et de dérives hasardeuses. Oui, mais, pas de cette manière, messieurs ! Ça, excusez-moi, c'est du n'importe quoi ! Au lieu de nous éclairer sur le chemin à prendre, vous n'avez fait qu'ajouter confusion sur confusion, et j'ai bien peur que, ne voyant plus rien, les «Marocains», comme vous les appelez si bien, n'aillent pas voter, ou, pis, votent comme des aveugles, c'est-à-dire, pour ceux qui savent toujours – oui, il faut le reconnaître - si bien leur parler. Mon Dieu, faites que je me trompe !Malgré tout cela, je vous souhaite un très bon week-end, et je le répéterai jusqu'à ce que ça change, vivement le changement et, bien sûr, vivement vendredi prochain.