La Conférence internationale sur l'eau, qui a démarré hier à Rabat, remet sur la table la problématique des ressources en eau très fragile. Benkirane invite l'Occident à une nouvelle prise de conscience pour améliorer les choses et venir en aide à l'Afrique. Dans la perspective de la COP22 de Marrakech, une Conférence internationale sur l'eau et le climat a démarré hier à Rabat. Placé sous un thème révélateur, «Sécurité hydrique pour une justice climatique», l'événement, qui s'étale sur deux jours, ambitionne de relancer le débat sur la problématique de l'eau, particulièrement en Afrique. En effet, le continent subit de plein fouet, plus que les pays du Nord, les affres des changements climatiques avec leur lot de pauvreté, de déportations et de guerres liées à la ruée vers des richesses naturelles qui se raréfient à vue d'œil. À l'ordre du jour figure une table ronde ministérielle dédiée à l'Afrique qui érige la justice climatique en préalable à toute politique mondiale d'atténuation du réchauffement de la planète. Dans son intervention, le chef de gouvernement a mis en exergue cette problématique en usant de termes forts: «Ce sont les Etats-unis et l'Occident qui sont responsables de la situation actuelle et doivent agir en conséquence pour améliorer les choses». Et Abdelilah Benkirane d'enfoncer le clou en affirmant que ce que les Occidentaux présentent comme accords win-win avec les pays du sud est une «grosse blague». «Si l'on continue d'arroser les terrains de golf et les jardins comme on le fait aujourd'hui, je ne voit pas de solutions en perspective», conclut-il. La situation n'est pas reluisante. Pas moins de 330 millions d'Africains n'ont pas accès à l'eau potable, il y a péril en la demeure et l'obligation pour les pays développés de mettre la main à la poche. En effet, l'argent étant le nerf de la guerre, c'est au financement que toutes les bonnes volontés butent. Charafat Afailal, ministre de l'Eau, a évoqué un livre bleu qui compilera les pistes de réflexion pour servir de document de référence à faire valoir dans quelques mois à la conférence climatique de Marrakech. Sans ambages, elle a souligné que l'Afrique est la première victime des dérèglements climatiques. Le continent africain, qui pourtant compte 65% de terres arables, importe la majorité de ses besoins alimentaires, ce qui le met dans une situation de fragilité compromettant son développement malgré une croissance notable. C'est à un vrai plaidoyer pour une justice climatique que s'est livrée la ministre. «La société mondiale agit-elle en parfaite conscience des problématiques du climat et leur impact sur les pays du Sud ? La question d'Afailal sonne comme une réponse par la négative. Pour Loïc Fauchon, du Conseil mondial de l'eau, le Maroc est un pays «ami de l'eau». Le royaume a abrité, dès 1997, le premier Forum mondial de l'eau et a mis en place un Prix mondial de l'eau. Le maître-mot, selon Fauchon, est l'accroissement de l'offre tout en régulant la demande, faire plus et mieux avec moins, passer du pillage au partage. Cependant, il reste tout de même optimiste puisque parmi les 17 Objectifs du millénaire pour le développement, un objectif porte essentiellement sur l'eau.