C'était de toute façon prévisible, mais le gouvernement a voulu jouer la prudence. Le Conseil de gouvernement, tenu hier à Rabat, a décidé de suspendre la perception du droit d'importation appliquable au blé dur et au blé tendre. Cette décision est sans grand impact au regard de la situation céréalière au niveau national, mais également sur les marchés internationaux, dont les cours continuent à fluctuer, alors que la production nationale a été, des plus satisfaisantes. Le bilan mondial du blé dur pour la campagne en cours s'est traduit par une dépréciation des stocks mondiaux d'environ 10%, alors que la situation du marché intérieur du blé tendre a été caractérisée, cette année, par une production nationale en progression de 23% par rapport à la récolte de l'année 2010. Au 22 septembre dernier, le stock de blé tendre détenu localement s'élevait à 18,8 millions de quintaux, «soit l'équivalent de 4 mois d'écrasement des minoteries industrielles». Du coup, la sécurisation de la commercialisation de la production nationale paraît, à moyen terme, garantie. Selon le porte-parole du gouvernement, Khalid Naciri, les prix au niveau international se situent à plus de 660 USD la tonne, contre 300 USD en 2010. Cela induit un prix de revient à l'importation au Maroc de 552 DH le quintal, «largement au dessus du prix d'équilibre de 320 DH». Par conséquent et afin de permettre un approvisionnement normal du marché, le gouvernement a décidé de suspendre la perception du droit d'importation applicable au blé dur, pour la période du 1e octobre au 31 décembre 2011. Cependant, en dépit des cours élevés des cours des céréales sur les principaux marchés internationaux, la mauvaise qualité du blé récolté à certains endroits, n'exclut pas l'éventualité d'un recours aux importations de blé tendre. Les cours du blé tendre restent encore volatils. L'estimation du prix de revient à l'importation du blé tendre à fin septembre 2011 a atteint 400 DH le quintal, «ce qui se situe largement au dessus du prix ciblé de 260 DH». D'où la décision de suspendre la perception du droit d'importation applicable au blé tendre, pour la période du 15 novembre au 31 décembre 2011.