Les concours des sociétés de financement à l'économie ressortent en progression de 2,5% en 2015. Ces dernières ont évolué en 2015 dans un contexte réglementaire à la fois porteur et annonciateur de changements pour les sociétés de financement. Les métiers du financement ont maintenu un rythme de progression en 2015 semblable à celui des crédits bancaires et même si certains métiers font mieux que d'autres, globalement tous ont répondu aux besoins de financement des ménages, des professionnels et des entreprises. C'est en substance ce qui ressort du rapport annuel 2015 de l'Association professionnelle des sociétés de financement (APSF), publié à l'occasion de la tenue de l'Assemblée générale de l'association. Cet événement tenu le 1er juin dernier à Casablanca a été en effet l'occasion de faire le point sur l'évolution des concours à l'économie des sociétés de financement en 2015, mais aussi de l'action professionnelle de l'APSF au cours de l'année écoulée et des premiers mois de l'année 2016. La mourabaha poursuit sa percée Sur le plan de l'activité, les années fastes qu'ont connu les sociétés de financement sont certes bien loin. Il n'en demeure pas moins qu'elles ont continué à afficher une croissance soutenue l'année dernière. Elles ont même maintenu leur rythme de progression en 2015 à la même cadence que les crédits bancaires (+2,7%). En effet, les concours des sociétés de financement à l'économie ressortent, à fin décembre 2015, à 153,3 MMDH en progression de +3,8MMDH ou 2,5% par rapport à fin 2014. Dans le détail, le crédit immobilier dit «classique» s'est érigé comme l'un des plus gros contributeurs à la croissance des concours des sociétés de financement. En effet, celui-ci y a contribué à hauteur de +2,1MMDH. Les concours à l'économie du crédit immobilier classique se sont établis à 52,5 MMDH, en progression de 4,1% par rapport à 2014. Autre grand contributeur à la croissance du secteur, la mobilisation des créances a marqué une progression de 920 MMDH ou 15,1% pour se fixer à 7MMDH. De leur côté, les concours du crédit-bail à l'économie se sont élevés à 42,6 MMDH en hausse de 1,7% ou + 702 MDH par rapport à 2014. Vient ensuite le crédit immobilier «Mourabaha» qui a continué sa percée l'année dernière. En effet, ce dernier a affiché une progression de 302 millions ou 29,6% à 1,3 MMDH à fin 2015. La garantie, elle, a vue ses concours à l'économie accroître de quelques 178MDH (+18,1%) à 1,2MMDH tandis que le crédit à la consommation est demeuré en quasi-stagnation avec une évolution de +0,4% ou 172MDH pour se situer à 42,7 MMDH. A contrario, le factoring a affiché un recul de 515MDH ou - 9% à 5,2 MMDH. Le financement des organismes de microcredit est également en baisse au terme de 2015. En effet, il a reculé de 53 millions ou - 6 % pour se situer à 824MDH. En matière de gestion des moyens de paiement, selon les chiffres de l'APSF, l'activité a été marquée par une progression de 8,1% du nombre de cartes en circulation (11,8 millions) ainsi que par une hausse de 17,1% du nombre de transactions effectuées auprès des commerçants affiliés au CMI (32,8 millions d'opérations) et de 9,6% du volume d'acquisitions correspondant (22,9 MMDH). Contexte annonciateur de changement Notons que les sociétés de financement ont évolué en 2015 dans un contexte réglementaire à la fois porteur et annonciateur de changements pour les sociétés de financement. D'abord, l'année marque l'entrée en vigueur de la nouvelle loi bancaire de 2014, avec comme nouveautés majeures, l'introduction de la finance participative et le renforcement de la gouvernance avec la consécration de la notion d'administrateur indépendant. En 2015, Bank Al-Maghrib a ouvert le chantier de réformes d'un certain nombre d'aspects réglementaires dans le sens de leur convergence vers les standards internationaux, notamment au niveau prudentiel. Au demeurant, ces textes viennent d'être adoptés par le Comité des établissements de crédits. Dernier aspect, l'année a vu la publication, au mois d'octobre, des arrêtés relatifs à la loi 31-08 édictant des mesures de protection du consommateur pour leur application prévue six mois plus tard, c'est-à-dire en avril 2016. Dans ce sens, l'action professionnelle de l'APSF a été riche et variée en 2015 et au cours des premiers mois de 2016. Au plan des questions générales intéressant tous les métiers représentés, les principales démarches ont porté sur les projets de réforme de la réglementation bancaire. S'agissant des questions catégorielles, l'action professionnelle a continué à être rythmée par des considérations à la fois d'ordre conceptuel et pratique, le but étant de lever toute différence d'interprétation des textes applicables à tel ou tel métier et d'aboutir à une lecture conforme à l'esprit et à la lettre de leurs dispositions. Pour une application harmonisée des arrêtés de la loi 31-08 Au titre du crédit-bail, les démarches ont porté sur des questions fiscales, en particulier sur les différences de lecture, d'une direction régionale des impôts à l'autre, de la loi relative à la fiscalité locale, en particulier pour la détermination de l'assiette relative à la taxe des services communaux et pour l'application des règles de plafonnement, pour cette même taxe, de l'exonération pour les biens acquis par voie de leasing. La voix de l'APSF a été entendue auprès de la DGI concernant l'assiette à appliquer et le chantier relatif au plafonnement suit son cours. Au titre du crédit à la consommation, l'APSF a mobilisé toutes ses énergies autour d'une lecture uniforme et d'une application harmonisée des arrêtés d'application de la loi 31-08 édictant des mesures de protection du consommateur, entrées en vigueur au mois d'avril dernier, par non seulement toutes les sociétés membres mais tous les établissements de crédit. Benhamida reconduit à la tête de l'APSF Le Conseil de l'APSF, réuni le 1er juin dernier à l'issue de l'assemblée annuelle de l'APSF a reconduit Abdallah Benhamida à la présidence de l'APSF. Le pdg de Dar Salaf a été élu pour un deuxième et dernier mandat de trois ans à la tête de l'APSF. Le Conseil a également procédé à l'élection de son bureau qui comprend aussi Laila Mamou et Aziz Boutaleb en qualité de vice-présidents, Aziz Cherkaoui comme président de la section crédit à la consommation, crédit immobilier et gestion des moyens de paiement, Karim Idrissi Kaïtouni, comme président de la section crédit-bail, affacturage, mobilisation de créances et cautionnement, Samira Khamlichi en tant que présidente de la section transfert de fonds et Adil Benzakour comme trésorier, mais aussi Mostafa Melsa en tant que délégué général de l'association. Mostafa Melsa Délégué général de l'APSF L'offre s'adapte toujours au contexte économique Les Inspirations ECO : Les concours des sociétés de financement à l'économie ressortent, à fin décembre 2015, à 153,3 MMDH, enregistrant une hausse de +3,8 MMDH ou 2,5% par rapport à fin 2014. Comment jugez-vous cette croissance ? Mostafa Melsa : Dans l'ensemble, cette hausse est conforme au rythme d'évolution du crédit bancaire constaté sur la même période. Elle cache bien évidemment des écarts d'un métier à l'autre avec -9% pour le factoring, 1,7% pour le crédit-bail, 0,4% pour le crédit à la consommation et 15,1% pour la mobilisation de créances ou 18,1% pour la garantie. Au total, nous sommes loin, très loin des progressions réalisées il y a 5 à 10 ans. Comment se présente ce début d'année 2016 pour votre activité ? À fin mars 2016, les concours en crédit-bail, crédit à la consommation et factoring ressortent à près de 90 MMDH, affichant une hausse de + 790 MDH ou 1% par rapport à fin mars 2015. Par métier, ces concours se repartissent en 42,5 MMDH (+ 950 millions ou 2,3%) pour le crédit-bail, 42,8 MMDH (+ 900 MDH ou 2,2%) pour le crédit à la consommation et 4,3 MMDH (- 1,1 MMDH ou 19%) pour le factoring. Au Maroc, l'activité économique devrait enregistrer un net ralentissement en 2016, avec un taux autour de 1%. Dans ce contexte, quelles sont les perspectives de l'activité des sociétés de financement pour cette année ? À partir du moment où leurs besoins s'expriment et sont justifiés économiquement et socialement, la raison d'être des sociétés de financement est d'accompagner les entreprises pour le financement de leur investissement (crédit-bail) et de leur cycle d'exploitation et de commercialisation (Factoring, mobilisation de créances, garantie) et les ménages pour le financement de leurs besoins d'équipement domestique, de transport, d'acquisition de logements et autres (Crédit à la consommation et crédit à l'immobilier). Les autres sociétés de financement membres de l'APSF accompagnent les associations de microcrédit pour le financement des projets des auto-entrepreneurs. Quelles sont les attentes des acteurs du secteur sur le plan réglementaire et fiscal ? Nos attentes sont simples dans le fond et défendons l'idée que, dans la conception et la rédaction des textes, les décideurs tiennent à chaque fois compte de la réalité marocaine dans laquelle ces textes sont censés être appliqués, mais aussi de la spécificité des métiers de financement pour que ces derniers continuent à jouer pleinement leur rôle d'accompagnement de la croissance économique.