La pêche hauturière veut assainir sa propre filière. Responsables du département de la Pêche et professionnels ont tenu mercredi une réunion de travail auprès des armateurs dans les locaux du ministère de Aziz Akhannouch. À l'ordre du jour figurait le renforcement des mesures de lutte contre les pratiques de pêche illicite. «Si aucun chiffre n'est aujourd'hui disponible pour évaluer ou quantifier le manque à gagner dont souffre la filière», selon Zakia Driouch, directrice de la pêche maritime et de l'aquaculture, il est évident que ce sursaut serait synonyme d'un certain ras-le-bol des opérateurs. Ces derniers, regroupés au sein de l'association professionnelle des armateurs de la pêche hauturière au Maroc (Apapham), sont en effet aujourd'hui convaincus que la majeure partie des exportations de céphalopodes est issue de captures illicites. «Nous voulons travailler en étroite collaboration avec les professionnels pour trouver ensemble les meilleurs moyens de contrôler et de lutter contre ce phénomène», nous explique Driouch. Parmi les meilleurs moyens, elle fait notamment référence au système de suivi des navires par satellite (VMS), qui devrait être «opérationnel à partir du 15 octobre prochain». Le contrôle des déclarations de capture à travers des procédures informatiques fiables et sécurisées, ainsi que le contrôle accru des systèmes de commercialisation, sont aussi dans le menu de ce programme de lutte. De plus, la tutelle compte aussi miser davantage sur la sensibilisation des opérateurs, «d'autant plus que les conséquences du développement de ce phénomène sont largement partagées», commente la directrice de la Pêche maritime. Ressources en plongée profonde Cependant, les captures illicites ne semblent être que la partie émergée de l'iceberg. Un responsable de la Fédération nationale des industries de la pêche (FENIP), nous confie pour sa part quelques désaccords sur le fond de l'application des périodes de repos biologiques décidées par la tutelle. «Certains acteurs de la pêche côtière souhaiteraient en effet que ces périodes de repos ne soient appliquées que pour les pêcheries des zones sud, au lieu d'inclure tout le territoire», explique la source. Par ailleurs, les céphalopodiers sont aussi confrontés depuis quelques mois à une raréfaction progressive de la ressource. Les chiffres parlent d'eux-mêmes : le volume des captures opérées tout au long de l'année 2010 a chuté de près de 33% en comparaison à 2009, entraînant aussi dans son sillon la valeur, à -17%. Ces baisses ont surtout concerné la filière du poulpe, qui a connu des volumes de prise en chute de 49% en une année.