«La source du lion» est l'une de ces initiatives qui méritent que l'on s'y attarde. Faisant partie des rares associations artistiques qui font «bouger les choses», elle multiplie les actions pour meubler un espace culturel toujours aussi demandeur. «La source du lion est mon projet d'artiste, celui de toute une vie». C'est en ces mots que l'artiste Hassan Darsi définit son association et les actions qu'elle a accompli jusqu'ici. Certains d'entre nous se rappellent encore de l'autre visage du parc de l'Hermitage totalement délabré. Un jardin en ruines... ceci avant que «La source du lion» ne prenne les choses en main. Celle-ci s'est, pendant près de six années, mobilisée pour redonner une nouvelle jeunesse aux lieux. Un premier pas qui, non seulement a permis de faire connaître « La source du lion », mais surtout de voir émerger de nouveaux échanges et de nouvelles idées qui ont germée à d'autres niveaux. De gros chantiers Toujours sur sa lancée, le prolifique Hassan Darsi a eu l'occasion de présenter le projet de rénovation du «Globe de Zevago» initié par «La source du lion » en 2008 dans le cadre du festival de Casablanca. Et, si sa proposition n'a pas reçu l'aval des organisateurs du festival, ce n'est pas pour autant que le projet en lui-même manquait d'intérêt à leurs yeux. Puisqu'«il a été maintenu et remis, tel quel, entre les mains d'un autre artiste», explique Darsi. Une expérience qui ne découragera pas pour autant notre artiste volontairement engagé. Il est même un peu fier que «son projet ait réussi à créer une polémique, car l'art est là pour provoquer le débat». Pour lui, l'aventure continue. Et pour cause, c'est dans un nouveau moule que Darsi veut servir l'art contemporain au public marocain. En ce sens que l'expérience de l'Hermitage, aux côtés d'autres telles que la dorure dans l'espace public, ont fait de l'artiste une référence en matière d'interventions artistiques dans l'espace public. D'ailleurs, l'atelier de « La source du lion », accueillera prochainement «Le square d'en bas». Un nouveau projet artistique, qui trouve sa source, dans le lieu pour donner naissance à «une collection d'interventions, une sorte de working progress», comme aime à le définir Darsi. Ce chantier artistique démarrera début janvier 2010 pour durer toute l'année. En Parallèle, se tiendra une exposition permanente au sein de l'atelier. Une dizaine d'étudiants et quelques artistes y participant seront invités à s'inspirer du square situé au bas de l'atelier pour intervenir entre les murs, cette fois-ci. D'après son fondateur, « La source du lion » continuera à proposer, à créer et à porter des projets toujours avec autant de volonté et d'engagement. C'est sa façon «de remédier à l'insensibilité et au dénigrement des «pouvoirs publics». Une expérience loin d'être unique L'exemple de « La source du lion », n'est pas un cas isolé. Citons celui du succès de la première intervention d'art urbain à Casablanca organisé par Nawal Slaoui, dans le cadre du festival de la ville. Une initiative qui a permis aux casablancais de découvrir des œuvres d'art en dehors des galeries et autres espaces d'exposition. Une première expérience qui aurait pu donner suite à un second projet plus important et plus impliquant pour la population. Une initiative qui nous mène encore une fois au festival de Casablanca. Le projet d'intervention sur l'ancienne médina dans le cadre de la deuxième édition du cet événement, initié par Nawal Slaoui, ne verra malheureusement pas le jour. Du moins pas tel qu'il aurait dû être présenté. Dans ce cas, ils sont beaucoup trop nombreux, des projets qui restent sur papier et ne voient jamais le jour. Un constat aussi révoltant qu'encourageant quand on sait que malgré tout, ces artistes, tenaces, continuent de créer des projets à d'autres niveaux, dans le but unique de faire de la création un vecteur de développement et de changement. Indépendance financière En marge de ses projets artistiques, « La source du lion », au même titre que de nombreuses autres associations ou collectifs d'artistes, tente aujourd'hui d'atteindre une autonomie financière qui lui permettrait de poursuivre ses projets artistiques, sans avoir recours à des entités castratrices. La recherche de fonds est, aujourd'hui, le principal souci de ces artistes. Ils n'en finissent pas de remplir d'interminables dossiers de demande d'aides qui finiront, après avoir parcouru des dizaines de commissions d'enquêtes, par être rejetés sans finalement que la raison concrète en soit révélée. Pour cela, « La source du lion » vient notamment de mettre en place un atelier de montage ouvert aux vidéastes et jeunes réalisateurs. Une démarche que peu d'artistes dans ce même champ de réflexion ont les moyens financiers et techniques de mettre en place. Ainsi, si aujourd'hui encore, tous ces artistes trouvent le courage d'entamer de nouveaux projets, c'est bien que le Maroc est un pays où il est encore possible de faire beaucoup de choses dans le domaine artistique et culturel, car la culture a depuis toujours été un vecteur de développement à tous les niveaux.