Le contrat-programme régional (CPR) du tourisme 2020 Grand sud atlantique ambitionne de faire de Dakhla une destination à portée internationale. Un premier bilan. Signé en juin 2013, le Contrat-programme régional (CPR) du tourisme 2020 Grand Sud atlantique a affiché, dès le départ, de grandes ambitions : «faire de Dakhla une destination exclusive de portée internationale autour du tourisme de nature et de sport». Les objectifs chiffrés sont également ambitieux. Les recettes touristiques doivent passer de 109MDH en 2010 à 819MDH en 2020. 5,22MMDH d'investissements Cette hausse de la capacité litière, des nuitées, des emplois et des investissements sera possible grâce à 20 nouveaux projets. Ces projets se répartissent entre huit projets «Eco-tourisme», neuf projets «Animation, sport et loisirs», un projet «Plan Azur 2020» et deux projets dans la catégorie «Patrimoine et héritage». Tous ces projets devraient drainer un investissement global de 5,22MMDH. 45% de ces investissements se concentrent dans la catégorie : «Animation, sport et loisirs». 40% des investissements devaient se faire dans l'écotourisme, 10% dans le tourisme culturel et 5% pour le Plan Azur 2020. La province d'Oued Eddahab s'est offerte 13 projets (65%) tandis que la province d'Aoussoured s'est attribuée 7 projets (35%). La première province bénéficiera d'un financement public de 161,5MDH, contre 14MDH pour Aoussoured. Côté investissement privé, Oued Eddahab devrait recevoir 476 MDH alors que la part importante des investissements privés sera destinée à Aoussoured avec 4,57MMDH. La part des investissements publics est de 4% contre 96% pour les investissements privés. Deux ans après le lancement de ce programme, ces investissements se font toujours attendre. Des terrains sans projets «Le CPR n'a pas été concrétisé sur le terrain», constate Youssef Hasnaoui Amri vice-président du Conseil régional du tourisme (CRT) de Dakhla. Et son président Sidi Mohamed Khatour de renchérir que «les investissements annoncés n'ont pas vu le jour pour le moment. Malheureusement, le secteur privé dans la Région n'arrive pas à jouer son rôle». Ce dernier rappelle que l'Etat avait tenté, au début des années 90, de lancer ce secteur en construisant des hôtels, mais «cette période est aujourd'hui révolue», lance-t-il. Khatour affirme que des terrains ont été cédés au secteur privé «sans que les projets ne soient encore concrétisés», avance-t-il. Ce dernier regrette aussi que Dakhla ne dispose pas d'une capacité d'accueil suffisante pour les grands événements internationaux. «Lors du dernier forum Crans Montana (ndlr : du 17 au 22 mars 2016), l'hébergement des invités internationaux s'est fait sur un bateau de croisière», rappelle Khatour. L'Etat, de son côté, a tenu ses engagements, car en plus de la cession des terrains au secteur privé, des infrastructures sont en cours de réalisation dans le cadre du nouveau plan de développement de la Région. Dayfallah Andour, déléguée du ministère du Tourisme dans la Région nuance : «Certains investissements sont en cours de réalisation et d'autres en phase d'étude. Des conventions avec la Région et la Société marocaine ingénierie touristique (SMIT) seront signés dans les prochaines semaines», annonce-t-il. En plus de la mobilisation des investissements, la Région fait face à deux autres défis stratégiques : le marketing et l'aérien. À l'horizon 2020, près de 70% des arrivées touristiques dans ce territoire seront issues principalement de France, Espagne, Royaume-Uni, selon le diagnostic réalisé par la SMIT. Les segments prioritaires pour la destination sont les indépendants et les amateurs du confort. «Ils représenteront 64% des arrivées touristes internationaux à partir des marchés cibles», prévoit la SMIT. Enfin, l'aérien demeure le nerf du tourisme. Pour un décollage réussi, il faut assurer la liaison directe avec les bassins émetteurs (Paris, Madrid et Londres). Sidi Mohamed Khatour Président du Conseil régional du tourisme La Région a été, pendant de longues années, isolée de tout. Depuis 2010, il a fallu une forte implication des pouvoirs publics pour y lancer l'activité touristique. Le développement des infrastructures, du réseau d'assainissement et de l'eau potable ont permis de renforcer l'attractivité de la destination. Aujourd'hui, Dakhla est une destination mondiale pour les sports de glisse. Cette position a été possible grâce à la stabilité et la sécurité de ce vaste territoire. Ces deux conditions ont encouragé les investissements nationaux et internationaux de venir dans notre région. Notre plus grand défi est l'augmentation de la capacité litière. Nous sommes à 300 lits commercialisables, ce qui est bien en deçà de nos ambitions. La Région a besoin d'investissement dans des hôtels 4 et 5 étoiles, ainsi que dans les résidences et les appart-hôtels pour attirer les touristes nationaux qui assureront la pérennité pour notre destination. 10% de prime sur l'investissement à Dakhla Pour attirer les investissements dans la Région, les conventions avec la SMIT comprennent une prime de fonctionnement. Ce mécanisme a un double objectif de soutien et d'orientation de l'investissement. Dans le territoire Grand Sud atlantique, le niveau du risque est moyen, ce qui permet aux futurs projets touristiques de toucher 10% sur l'investissement total. «Cette contribution échelonnée en fonction des prévisions de réalisation des investissements», prévient la SMIT. La gestion de cette prime est confiée à la SMIT.