En 2015, la ville a réalisé 80.000 nuitées. Un résultat appelé à s'améliorer grâce à une offre diversifiée et orientée vers le sport et l'éco-tourisme. Le Forum Crans Montana, le Championnat du monde de kitesurf, le Festival de cinéma, le raid La Saharienne... Dakhla enchaîne les événements internationaux et la destination affiche des signes de maturité. La ville a enregistré 80.000 nuitées en 2015, avec une croissance rapide durant les 13 dernières années. «En une année, nous avons enregistré une croissance des arrivés de 43%», se réjouit Daifallah Endour, délégué du ministère du Tourisme à Dakhla. Malgré l'explosion de la demande, la capacité d'accueil est encore faible. On parle de 600 à 800 lits exploitables, mais ce sont 300 lits qui sont réellement commercialisés. Difficile démarrage Dakhla, cette presqu'île longue de 40 km, de 3 à 6 km de large, ensoleillée toute l'année, est aujourd'hui une destination mondiale pour les sports de glisse. «Les arrivées touristiques ont été multipliées par cinq depuis 2002», observe Endour, délégué régional du tourisme à Dakhla. Youssef Hasnaoui Amri, directeur de Sahara Regency, fait partie des premiers investisseurs touristiques dans la Région. Dès 2002, il reprend cet établissement touristique situé en centre-ville. «Le démarrage était très difficile, nous avons perdu de l'argent durant les cinq premières années», se rappelle Hasnaoui. En 2006, l'Etat se mobilise pour la Région. Des projets d'infrastructures y sont lancés, des programmes d'animation sportifs et culturels mis en place, et la destination Dakhla commence à se faire une place sur la carte du tourisme marocain. La ville est réputée à l'international, grâce à son spot de kitesurf, le PK 25. Dakhla Attitude est un des premiers investissements touristiques autour de la lagune. Omar Belkahla, le directeur de cet établissement, témoigne: «L'activité a démarré en 2004 avec quelques tentes. En 2007, le projet se développe rapidement avec un investissement de 50 MDH», explique-t-il. Cet établissement emploie 95 personnes et dispose d'une capacité litière de 220 lits. L'étape Dakhla du Championnat du monde de kitesurf a donné un souffle mondial à la destination. D'ici quelques semaines, les vents du PK 25 porteront les 120 meilleurs kiteurs du monde, venant de 50 pays. Le succès de Dakhla et de ce camp a fait des émules. Depuis, six camps ont vu le jour sur la lagune et quatre autres devraient voir le jour d'ici 2016, tous émanant d'investisseurs marocains, avec une capacité entre 20 et 54 lits. Malgré les succès qu'enchaîne la destination, Dakhla doit surmonter de nombreux défis, notamment l'aérien et la pérennité du modèle basé sur le sport de glisse. L'aérien, un enjeu majeur Aucune destination touristique ne peut réussir sans la composante aérienne, sans vols assurés par plusieurs compagnies aériennes. Dans le cas de Dakhla, la destination est fragile. Après un vol hebdomadaire puis deux fois par semaine, Dakhla dispose d'un vol quotidien à partir de Casablanca. «Dakhla est bien desservie. Il y a certainement des améliorations à faire dans les connexions à l'international, mais le vrai frein, c'est le coût du billet qui tourne autour de 450 euros à partir de l'Europe. À ce prix-là, on peut s'offrir un all-inclusive au Mexique ou ailleurs», souligne Younes Hasnaoui, qui est également vice-président du Conseil régional du tourisme (CRT) à Dakhla. Il regrette la suppression du vol Dakhla-Marrakech en 2011. «Ce vol a duré une année (2011); il nous a permis de recevoir des touristes à partir du hub de Marrakech». Pour les différents opérateurs touristiques, la priorité est désormais de relier Dakhla à l'Europe. Un projet de vol Paris-Dakhla tarde à se concrétiser. L'ONMT devait prendre en charge environ 40% d'un billet de ce vol Paris-Dakhla. En attendant la concrétisation de ce projet, un autre défi de taille doit être relevé. Cela concerne «l'essoufflement du tourisme basé sur le kitesurf. Dans les années 80, la planche à voile était à la mode; ce n'est plus le cas aujourd'hui. Le risque est de vivre le même scénario avec le kitesurf», prévient Hasnaoui Amri. Pour lui, Dakhla gagnerait à diversifier son offre avec les niches de la pêche touristique et de l'éco-tourisme, en pérennisant les événements annuels et en renforçant la connexion entre la ville et les stations situées sur la lagune. Protection de l'environnement. Beaucoup reste à faire ! Le directeur de Dakhla Attitude se targue de promouvoir une approche «100% environnementale». Le recyclage des eaux usées et des déchets solides, les installations qui s'insèrent dans l'espace saharien répondent à une nécessité. «Protéger l'environnement est notre priorité», insiste-t-il. Youssef Hasnaoui Amri est sceptique quant à la capacité, pour toutes les stations, à adopter cette approche. «Les camps installés sur le PK 25 ont un impact sur la lagune, s'inquiète-t-il. À part quelques rares stations, la plupart d'entre elles développent plus de théories que de pratiques». La Délégation régionale du tourisme est intraitable sur ces questions. «Tous les camps doivent disposer de stations de traitement des eaux usées et d'un système d'assainissement propre», prévient Daifallah Endour, délégué régional du Tourisme. L'année dernière, deux camps ont été mis en demeure à cause du non respect de l'environnement de la lagune.