Plusieurs «dossiers chauds» attendent leur dénouement au sein du nouveau bureau exécutif de la ville de Casablanca. Selon des élus, les absences fréquentes d'Abdelaziz El Omari, maire de Casablanca, sont à l'origine de ce retard. Ce dernier serait constamment en «déplacement à Rabat». Pourtant, l'urgence est bien là ! À Casablanca, les dossiers urgents ne manquent pas. Transports publics, pollution, habitat menaçant ruine, recouvrement des recettes de la ville, harmonisation des périmètres de distribution d'électricité et d'eau et du service d'assainissement... les problèmes pullulent. Les élus le reconnaissent, d'ailleurs. Interrogés sur l'état d'avancement des différents dossiers, des élus de l'opposition affirment que, six mois après la désignation du nouveau maire PJDiste, Abdelaziz El Omari (21 septembre 2015), la situation est au point mort. «Le nouveau bureau a promis de résoudre ces problèmes, mais le contour de ces solutions reste flou», souligne ce président de commission. Si les élus de la majorité soutiennent que le bureau exécutif est actuellement à pied d'œuvre pour faire évoluer ces dossiers, ceux de l'opposition – qui reprochent au maire d'être souvent sur Rabat - restent, quant à eux, pessimistes. Notons que Abdelaziz El Omari est «surbooké». Normal, puisqu'on parle du maire d'une ville comme Casablanca, avec tous ses chantiers stratégiques et les priorités fixées par la stratégie régionale, et qui porte en même temps la casquette de ministre des Relations avec le parlement. C'est pourquoi, plusieurs élus interrogés se plaignent de la «non-disponibilité» du maire pour statuer sur les urgences de la ville. Pour ces derniers, la situation est devenue critique, étant donné les enjeux actuels. On nous confie, par ailleurs, que le climat serait assez tendu d'ailleurs, en ce moment, entre le bureau du Conseil de la ville de Casablanca et les élus de l'opposition et ce, en dépit de la majorité absolue dont disposent les élus du PJD. «À trois semaines de la tenue de la prochaine session ordinaire du Conseil de la ville de Casablanca, nous ignorons tout sur l'état d'avancement de ces dossiers chauds. Entre le bureau et les commissions, l'information ne passe pas. Pourtant, tous ces dossiers doivent être traités d'urgence et nous devons tous y être associés», lance le président de la Commission d'infrastructures publiques et du patrimoine, Ahmed Benboujida du RNI. Celui-ci ajoute, non sans colère, qu'«à cause du manque d'informations et de communication avec ce bureau, les commissions permanentes, qui sont pourtant des outils importants pour avancer sur des questions épineuses, n'arrivent pas à se réunir. Au bureau, on souligne que des réunions se tiennent au sujet des dossiers chauds de la métropole, mais les commissions ne sont pas associées à ces discussions afin d'y apporter des solutions». Le président de la Commission de l'urbanisme, Houceine Nassrallah, élu du parti de l'Istiqlal, est direct : «rien ne justifie le retard dans le traitement des gros dossiers chauds». D'ailleurs, dit-il, ce retard accusé dans les dossiers chauds de la capitale économique devrait être soulevé lors de la prochaine session du Conseil, laquelle aura lieu début mai. Marché de volaille, de gros des fruits et des légumes, abattoirs L'un des dossiers qui tarde à trouver des solutions est celui de la gestion du marché de volailles, du marché de gros et des abattoirs de la ville. La gestion de ces établissements connaît des irrégularités considérables. En effet, elle ne cesse de susciter la colère des professionnels, qui déplorent également l'état de ces établissements. Entre malversations et cumul des arriérés, ces établissements ont aujourd'hui besoin d'une réelle réorganisation, qui, notons-le, peine à se concrétiser. À ce jour, en effet, aucune solution n'a été apportée par la nouvelle équipe du bureau exécutif pour régler les problèmes qui entachent la gestion de ces établissements. L'on apprend à ce sujet que Casa Prestation, SDL chargée de ces dossiers, serait en attente du feu vert du Conseil de la ville en vue de désigner un bureau d'étude lequel devrait se charger de l'évaluation de l'état de ces établissements pour, in fine, proposer le modèle de gestion à adopter. Biens communaux Le deuxième dossier chaud devant être réglé par le nouveau maire PJDiste est celui de la récupération du patrimoine (www.leseco.ma). Ce volet de revalorisation de l'ensemble des biens du Conseil de la ville ne cesse de susciter, en effet, la polémique parmi les élus. «Cela doit être parmi les priorités du nouveau bureau», souligne-t-on au sein du Conseil. Pour rappel, une étude avait été lancée par une commission au Conseil de la ville, en 2013, pour le recensement des biens de la ville avant de procéder à leur restitution ou à leur revalorisation. Or, à ce jour, rien n'a encore été fait dans ce cadre pour récupérer le manque à gagner -évalué à plusieurs mlilliards de DH- pour la ville. La nouvelle équipe n'a pas souhaité s'exprimer sur les résultats du travail déployé depuis une année par la SDL Casa Patrimoine. Une mission très difficile, selon des élus de la ville, qui affirment que la liste des biens communaux est illimitée. Par ailleurs, les Inspirations ECO apprend auprès du Conseil qu'une réunion a été tenue, mardi 5 avril, entre le bureau exécutif et la SDL, Casa patrimoine. Objectif : Examiner l'état d'avancement du recensement, par la SDL, des biens communaux. La rencontre a aussi servi à l'étude des contraintes rencontrées par la SDL dans cette mission, est-il souligné. Ce chantier devrait être bouclé d'ici fin 2016. Créances Autre dossier épineux: l'encaissement des créances de la ville. Le défi pour la nouvelle équipe du bureau exécutif est de recouvrir en effet les créances de Casablanca. Des sources au sein d Conseil évaluent celles-ci à 3,9MMDH. D'une part, donc, la ville s'est endettée de 200 millions de dollars auprès de la Banque mondiale pour une période de 29 ans, et d'autre part, la nouvelle équipe se trouve aujourd'hui dans l'obligation de récupérer toutes les créances de la ville. Le Conseil de la ville a inscrit cette opération à l'ordre du jour de ses travaux. Cela fait plusieurs mois que la nouvelle équipe a été élue à la tête du Conseil de la ville, mais rien ne filtre encore sur les recettes fiscales récupérées par le Conseil. Transport public Le transport public est aussi un gros «point noir» à régler d'urgence. Toutes les tentatives lancées par les précédentes équipes ont été vaines. Le nouveau bureau promet de se pencher sur cette problématique. d'ailleurs, les Casablancais n'ont de cesse de dénoncer la qualité désastreuse des bus. À ce propos, il est à souligner que le différend entre le Conseil de la ville et M'dina Bus porte sur les investissements devant être réalisés dans le cadre du contrat liant les deux parties. Or, la société, qui devait acquérir quelque 200 bus, réclame au Conseil de la ville un montant de 2MMDH au titre de la subvention. De plus, des sources au sein de M'Dina Bus indiquent que le Conseil de la ville leur avait promis l'exploitation exclusive du transport urbain à partir de 2009. «Mais à ce jour, on continue à voir trois autres concessionnaires privés», déplore-t-on à M'Dina Bus. D'ici fin d'avril, le sujet sera au coeur d'une rencontre programmée par le Conseil de la ville. Réhabilitation de la décharge de Médiouna L'autre projet pour lequel le nouveau bureau doit prendre les choses en main est celui de la réhabilitation de la décharge publique de Médiouna. Lancé en 2002, ce dossier peine à trouver le chemin vers sa concrétisation. Pourtant, la décharge est aujourd'hui quasiment saturée (www.leseco.ma). Sa capacité est épuisée depuis 2010 déjà, date à laquelle elle devait être fermée. «En novembre 2015, cette décharge devait être définitivement fermée», est-il souligné à la Commission permanente des infrastructures, du patrimoine et des services publics au conseil. Sur ce volet, la situation est donc urgente. Dossier ONEE Une autre question qui attend également, depuis plusieurs mois, d'être débloquée est celle de l'harmonisation des périmètres de distribution d'électricité, d'eau et du service d'assainissement. Ce problème de chevauchement des périmètres ONEE/Lydec était proche de son dénouement, il y a déjà plusieurs mois. Une convention, rappelons-le, avait été signée devant le souverain. Elle fixe les modalités de cette harmonisation des périmètres de services de distribution d'électricité, d'eau potable et de l'assainissement liquide dans la région de Casablanca, mais jusqu'à ce jour, rien n'est encore fait pour débloquer le dossier. «Cela fait plus d'une année que ce dossier fait les choux gras de la presse nationale, en raison de la problématique de la méthode de l'évaluation des biens de l'ONEE. Les tractations au sujet des conditions du transfert du patrimoine de l'Office seraient toujours au point mort», confient des sources proches du dossier. Tags: casablanca