La croissance économique nationale a sensiblement ralenti au terme des trois premiers mois s'établissant à 1,7% au lieu de 5,2% un trimestre auparavant. Une mauvaise performance qui n'augure rien de bon pour le reste de l'année. Explications. 2016 ne s'annonce pas sous de bons auspices. Le wali de Bank Al-Maghrib, Abdellatif Jouahri, avait déjà jeté un pavé dans la mare en prédisant un taux de croissance de 1,6% pour l'année en cours. Le Haut-commissariat au plan (HCP) confirme la tendance avec des performances en berne pour l'économie nationale durant le premier trimestre. Selon le département d'Ahmed Alami Lahlimi, la croissance économique nationale a sensiblement ralenti au terme des trois premiers mois, s'établissant à 1,7% en rythme annuel au lieu de 5,2% un trimestre auparavant. Une baisse de régime qui s'explique par la conjonction de plusieurs facteurs. Indicateurs en berne Ainsi, la dynamique de la croissance agricole s'est heurtée à des aléas climatiques ayant particulièrement réduit l'installation et le développement des semis d'automne. La sécheresse qui a sévi en novembre et décembre 2015 et janvier 2016, avec des déficits hydriques de 57%, 94% et 82% respectivement, par rapport aux normales saisonnières, aurait réduit le potentiel de production des cultures de 17,6%, en comparaison avec la moyenne quinquennale. Dans ces conditions, la valeur ajoutée agricole s'est établie, au premier trimestre, à -9,2%, en comparaison avec la même période de 2015. Et pour ne rien arranger, les activités non-agricoles, censées prendre le relais, affichent une piètre prestation avec une petite hausse de 2,5% au lieu de 3% un trimestre auparavant. Cette décélération aurait été induite par une nette modération du rythme de progression des branches secondaires, dans le sillage du ralentissement conjugué des exportations et de la consommation des ménages. Les activités tertiaires ont, ainsi, continué à constituer le principal soutien de la croissance non-agricole, bien qu'en légère décélération par rapport au dernier trimestre de 2015. Au sein des branches secondaires, ce sont principalement les industries manufacturières et électriques qui ont connu un sensible mouvement d'inflexion. C'est ainsi qu'après avoir clôturé l'année dernière sur une performance de 4,5%, la valeur ajoutée industrielle a marqué un retour vers un rythme plus modéré, avoisinant les 2,9%, au premier trimestre 2016. Cette évolution a été principalement le fait des faibles performances des branches du textile et des autres industries, alors que l'agroalimentaire, la chimie et les industries métalliques et métallurgiques ont conservé leur dynamique enregistrée à fin 2015, affichant des hausses respectives de 3,4%, 5,4% et 4,3%, en variations annuelles, tirées par l'amélioration de la demande extérieure. Perspectives moroses Le manque de dynamisme de l'économie nationale devrait se poursuivre durant le deuxième trimestre, principalement sous l'effet d'une contraction de la production agricole, après une campagne 2015/2016 exceptionnelle. Le redressement des cultures à cycle végétatif court et des activités annexes à l'élevage, attribuable à une saison printanière relativement pluvieuse, ne suffirait pas à compenser la baisse des productions de céréales, de légumineuses et de cultures maraîchères. «Globalement, une baisse de 10,9% de la valeur ajoutée agricole serait prévue au deuxième trimestre 2016», annonce le HCP. Par ailleurs, et sous l'hypothèse d'une poursuite de l'amélioration de l'environnement international, notamment dans la zone euro, principal partenaire du pays, les industries exportatrices, en particulier l'automobile et l'agroalimentaire, devraient bénéficier d'une hausse de 4,4% de la demande mondiale adressée au Maroc. Le recul des cours des matières premières, dans un contexte d'offre mondiale excédentaire en particulier de céréales et des métaux industriels, jouerait en faveur d'un allègement du déficit commercial national. L'activité des industries manufacturières devrait, ainsi, rester soutenue, affichant une hausse de 2,8%, au deuxième trimestre 2016, en variation annuelle. L'activité minière connaîtrait, en revanche, une légère baisse de régime, due au moindre affermissement de la demande étrangère adressée aux dérivés de phosphate, notamment aux engrais, et à la poursuite des faibles performances des métaux non ferreux. Quant aux services, leur valeur ajoutée croîtrait au même rythme que celui enregistré au début de 2016, contribuant pour presque la moitié à la croissance économique globale. Dans l'ensemble, la valeur ajoutée hors agriculture devrait s'améliorer de 2,4%, au deuxième trimestre 2016, situant ainsi la hausse du PIB global à 1,5%, au cours de la même période, au lieu de 4,3% une année auparavant. Export. Un départ timide ! Les exportations de biens, en valeur, auraient ralenti au premier trimestre 2016, ne profitant que partiellement de l'orientation favorable de la demande extérieure. Toujours pilotées par les ventes de l'industrie agro-alimentaire et du secteur automobile, notamment du segment de la construction, les exportations n'auraient augmenté que de 2%, après +4,6% et +5,5% enregistrés deux trimestres auparavant. Hors automobile, les ventes extérieures auraient même légèrement reflué, influencées par la baisse des expéditions des engrais naturels et chimiques et des articles de la bonneterie. Les importations se seraient, pour leur part, redressées de 2,3%, après une baisse durant l'année 2015, alimentées par les acquisitions des biens de consommation (voitures de tourisme et médicaments), d'équipement (machines, appareils divers et voitures industrielles), des demi-produits (matières plastiques, papier et carton) et des produits alimentaires (céréales et sucre). Le déficit de la balance commerciale se serait, ainsi, creusé, au premier trimestre 2016, de 3%, après sept trimestres d'allègement, en raison de la hausse des importations par rapport aux exportations. Tags: Croissance