Karim Bibi Triki : DG d'Intel pour l'Afrique du Nord et le Levant Les Inspirations ECO : Que représente la PME dans l'activité d'Intel ? Karim Bibi Triki : La PME sur le segment professionnel constitue la population la plus importante. Pour 2016 -et a fortiori pour 2017-, nous nous concentrons sur ce segment. Jusque-là, la priorité était l'éducation, qui continue d'ailleurs à en être une. Globalement, la PME représente notre deuxième focus prioritaire après l'éducation. Le grand public représente aujourd'hui environ 60% du marché dans la rive sud de la Méditerranée, dont fait partie le Maroc. Dans le marché marocain, ce taux se rapproche plus de 55%. Ensuite, dans les 45% restants, la PME représente aujourd'hui environ 60%, le reste étant représenté par la clientèle corporate. Auparavant, la clientèle PME occupait une part bien plus importante, se rapprochant davantage des 75% du segment professionnel. Quels sont les facteurs qui font des PME l'un des marchés les plus importants ? Il y a plusieurs raisons. D'abord, le Maroc est l'un des pays de la région où la PME est la plus performante. Nous avons un tissu assez dense, avec une population de près d'un million de PME, même si la majorité sont des TPE. Quelle est la tendance actuelle de cette catégorie de clientèle ? Depuis deux ans, on a noté des baisses en termes de consommation informatique. Ceci s'explique par plusieurs facteurs, que nous comprenons et auxquels nous essayons d'apporter des solutions. Ceci dit, si nous «benchmarkons» la PME marocaine sur le critère de l'outil TIC, matériel, logiciel et services inclus, face à la PME de l'autre rive de la Méditerranée, nous constatons des taux de pénétration en équipements informatiques qui restent largement plus faibles. Si l'on prend des économies similaires du point de vue de l'importance des PME, les nouvelles technologies occupent une place largement plus importante dans leurs activités, notamment pour développer leurs produits, améliorer leur rendement et accroître leur activité. Souvent, pour les PME, la question de coût prime dans la prise de décision. Comment dépasser cette difficulté ? Aujourd'hui, ces PME qui recourent à des solutions sophistiquées parviennent, grâce à cet aspect, à minimiser le coût de l'échec, et partant le risque encouru en cas de survenance de ce dernier. C'est une évidence: aujourd'hui, nous sommes passés d'une économie qui repose sur des intrants, comme les matières premières ou le pétrole, à une économie qui est basée sur le savoir. Or, la matière première de l'économie du savoir c'est la donnée, c'est l'information. Aussi, pour pouvoir valoriser l'information, l'entreprise doit innover, ne pouvant se baser sur les modèles traditionnels. Mais le problème avec l'innovation, c'est le très faible taux de succès au moment de la concrétisation. L'on estime qu'il faut expérimenter des centaines d'idées pour en exploiter réellement 2 ou 3. Quel est l'apport spécifique aux PME dans ce cadre ? Pour les grandes entreprises, cette configuration est possible vu les moyens dont elles disposent. Pour les PME en revanche, l'investissement pour expérimenter des idées innovantes est souvent hors de portée. De ce fait, la PME n'avait pas droit à l'erreur, contrairement à une grande entreprise. Mais grâce à la technologie, ce coût a diminué de manière très significative. L'on peut notamment se passer de l'étape du prototypage, au coût excessif et sans garantie de retour sur investissement, grâce aux simulations poussées que permettent aujourd'hui les solutions de calcul intensif. Les indicateurs disponibles sont même plus nombreux dans ce dernier cas, permettant de simuler tous les aspects du produit, sans que ce dernier existe réellement. Le même constat concerne l'innovation dans les business-models, en ajoutant au calcul intensif le Big Data et le Cloud. Quelle stratégie a-t-elle été adoptée par Intel pour qu'un maximum de PME prennent conscience de cet état de fait ? Ce que nous avons commencé à faire, c'est déjà de nous rapprocher de ces PME pour entendre et comprendre leur perspective. Nous en avons ainsi tiré plusieurs enseignements. Le premier, c'est que nous devons faire davantage en matière d'«awarness», de prise de conscience, en ce sens que la plupart de ces PME ne sont pas au courant des bénéfices de ces technologies. Ceux qui utilisent déjà ces technologies gardent l'image de celles qu'ils ont, et essayent «d'allonger» au maximum leur utilisation. Or, on ne se rend souvent pas compte du fait que le coût d'utilisation et d'entretien de l'ancien, en plus des coûts cachés associés, sont souvent plus chers que le renouvellement. Nous essayons aussi de leur faire prendre conscience du manque à gagner lié à la non utilisation des dernières avancées technologiques. Mais pour ça, il faut que les PME puissent expérimenter. La prochaine étape serait donc d'inviter ces PME à expérimenter ces technologies chez elles, pour leur permettre de se rendre compte par elles-mêmes du manque à gagner et des gains potentiels, notamment en termes de sécurité. Mais ces technologies ne restent-elles finalement pas que des outils parmi d'autres ? Ces innovations technologies permettent d'adopter de nouveaux modes de travail et de collaboration, plus ouverts et mobiles. En multipliant les possibilités d'échange et de collaboration, elles multiplient la productivité et le rendement du travail de manière importante. Mais au-delà du simple rendement, c'est un moyen important pour attirer des talents, qui ont besoin d'un environnement favorable, qui ne peut être non technologique. Cela nécessite que le système d'information et l'équipement soient au même haut niveau. Mais vu les évolutions infinies dans ce domaine, les PME se retrouvent face à la nécessité de renouveler régulièrement leurs technologies. Il faudrait peut-être mettre l'accent sur d'autres modes d'acquisition que l'achat... Il faut donner des options quant au mode d'utilisation. Mais ce qui est important, c'est que, quel que soit le mode d'utilisation de cette technologie, il faut l'avoir et l'exploiter. L'une des options est le leasing, et je pense que les solutions de leasing existent pour cette raison.