Comment se porte l'économie du CongoBrazzaville, à quelques jours de l'élection présidentielle du 20 mars ? Eléments de réponses à travers une évaluation des grands indicateurs macroéconomiques. Au CongoBrazzaville, la croissance a fortement ralenti en 2015 sous l'effet, principalement, de la baisse de la production de pétrole. Ce recul est attribuable à des retards dans la mise en production de nouveaux gisements. En 2016, le redressement attendu de la production d'or noir devrait engendrer un rebond de l'activité. Néanmoins, cette reprise serait limitée par la poursuite du ralentissement en Chine (1er client du pays). Comme en 2015, le secteur non pétrolier devrait connaître une croissance plus lente du fait de la baisse des dépenses publiques et du report des projets miniers en lien avec la faiblesse du cours du minerai de fer. Diversification Le Congo est, en effet, richement doté en ressources naturelles (au pétrole et au minerai de fer s'ajoutent la potasse, les phosphates, le bois) et bénéficie d'un emplacement stratégique en Afrique centrale, en plus de disposer d'un port en eau profonde à Pointe-Noire. Cependant, l'économie reste dominée par le pétrole, qui représentait encore 54% du PIB, 70% des recettes budgétaires et 85% des exportations de biens en 2014. En dépit de cette manne, la pauvreté et les inégalités sont demeurées élevées. En outre, malgré les dernières découvertes, la production d'or noir devrait à nouveau se contracter à partir de 2018, ce qui souligne la nécessité impérieuse pour le pays de diversifier son économie. Zones spéciales Afin d'œuvrer dans ce sens et pallier le manque d'infrastructures, les autorités ont lancé depuis quelques années un vaste programme d'investissements publics qui comprend notamment la création de zones spéciales. Cependant, ce plan ne porte pas encore tous ses fruits et l'environnement des affaires reste très pénalisant. Sur un autre volet, on estime que durant l'année en cours, les effets de la baisse des prix mondiaux des produits alimentaires s'atténueraient. L'inflation devrait donc s'inscrire en hausse, demeurant toutefois en deçà de l'objectif de la CEMAC (3 %). Choc pétrolier Le tassement des cours du pétrole, amorcé mi-2014 et la baisse de la production d'or noir en 2015, ont provoqué une détérioration du solde des transactions courantes et ont pesé sur le budget. Ceci a contraint les autorités à adopter des mesures correctives sur le plan budgétaire (révision à la baisse du prix du baril, plafonnement de certaines dépenses courantes et réduction des dépenses en capital financées sur ressources propres). Le rapatriement de dépôts de l'Etat détenus en Chine et de dépôts de banques commerciales à l'étranger, ainsi que les emprunts réalisés auprès de la Banque des Etats de l'Afrique centrale (BEAC) en 2014 ont permis de renforcer le niveau des réserves de change et de préserver celui des dépôts de l'Etat à la BEAC. Ces importants amortisseurs ont pu être utilisés par la suite pour faire face à la baisse des recettes pétrolières. Fiche pays République du Congo Taille 4,3 millions de consommateurs Monnaie Franc CFA PIB/Hbt 3.171 dollars Croissance 6% (2016p.) Région économique CEMAC Note Coface C Doing business 2016 178e/189 Vers un 3e mandat pour le président Sassou Nguesso Le chef de l'Etat et le Parti congolais du travail continuent à tenir les rênes du pouvoir d'une main ferme. La mouvance présidentielle avait confirmé sa suprématie lors des élections municipales et sénatoriales de septembre et octobre 2014. Le pouvoir l'a conservé, dans un climat de forte tension, lorsqu'il a remporté le référendum du 25 octobre 2015 sur la nouvelle Constitution. Celle-ci permettra au président Sassou Nguesso de briguer un troisième mandat lors la présidentielle anticipée de ce 20 mars. Compte tenu de la concentration du pouvoir entre ses mains et de tensions sociales et intercommunautaires sous-jacentes, le départ soudain de la scène politique du chef de l'Etat, aujourd'hui âgé de 72 ans, pourrait engendrer une forte instabilité. Sur le plan régional, les liens avec l'Angola devraient se raffermir, dans le cadre de la gestion conjointe d'un champ pétrolier, mais les relations avec la République démocratique du Congo devraient rester distendues, ce qui est le cas depuis l'expulsion de Brazzaville de nombreux ressortissants de ce pays en avril 2014.