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Said Chraibi : Adieu le virtuose !
Publié dans Les ECO le 04 - 03 - 2016

Le luthiste Said Chraibi est décédé jeudi 3 mars, des suites d'une longue maladie. Il laisse une oeuvre inestimable pour le patrimoine musical marocain.
Il était au luth ce qu'un certain Mozart était au piano. Et oui, la comparaison n'est même pas exagérée. Autodidacte et doté d'un talent inné, Said Chraibi commence le luth à l'âge de 13 ans, se familiarise et apprivoise l'instrument tout seul. C'est à 28 ans qu'il décide de se consacrer à la musique et d'en faire son métier. Natif de Marrakech, c'est à Casablanca qu'il passe son enfance et son adolescence et découvre sa passion pour la musique. Sa dextérité et son sens du rythme ne passent pas inaperçus, son sens de la mélodie et sa musicalité envoûtent. Les concerts s'enchaînent et les prix affluent de partout, il obtient d'ailleurs le prix du plectre d'or lors d'une célèbre compétition de luth dans le monde arabe, organisée à Bagdad en 1986. Face à de nombreux compétiteurs de talent, Said Chraibi, rafle le prix haut la main et gagne la reconnaissance du milieu et du public.
Valeur sûre de la musique marocaine et dans le monde arabe, Said Chraibi faisait partie de ses artistes discrets qui n'avaient de cesse de travailler et de composer toujours et encore. Il fait partie des plus grandes figures de la musique arabe et il est classé parmi les meilleurs luthistes du monde avec Mounir Bachir, Nasser Shamma et Rabih Abou-Khalil. On se souviendra toujours de son concert au Festival international des musiques sacrées de Fès où il se produisait avec l'Orchestre philarmonique de Madrid.
Il a sillonné le monde avec sa musique. Eric Clapton, qui avait d'ailleurs reconnu l'étendue de son talent, avait été ému par sa musique lors d'un concert à New York. Compositeur, il est l'auteur de plus de 500 œuvres de styles complètement différents, du jazz, au symphonique, en passant par l'oriental, le maroco-andalou, la musique ganoua, ahwachs ou encore les musiques de fims !
Il compose même pour des grands artistes comme Samira Bensaïd, Abdelhadi Belkhayat, Naïma Samih ou encore Karima Skalli. Après avoir écumé le prix du mérite à l'Opéra du Caire, le prix de la chanson arabe, le titre du meilleur luthiste en Suède et de la meilleure musique de film pour «Al Yacout», sans oublier le Ziryab des virtuoses parrainé par l'Unesco, Said Chraibi est aussi l'inventeur du Oud Bass, du Oud Soprano et Sopranino. Il avait l'aura, la dextérité, le charisme. Il faisait chanter son luth comme s'il était un supplément d'âme. Il inventait, créait, innovait. Chacun de ses passages sur scène laissait des traces. Repose en paix Said Chraibi. Le luth ne raisonnera plus comme avant.


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