Si les dernières pluies ont permis de remonter un peu le moral des agriculteurs, elles demeurent insuffisantes pour sauver la campagne. Elles seront, toutefois, bénéfiques pour les pâturages, les cultures irriguées et le remplissement des barrages. C'est un vent d'espoir à effet davantage «psychologique» qui souffle chez les agriculteurs marocains après le retour constaté des pluies. En attendant de palper l'évolution de la situation dans les prochains jours, voire jusqu'au mois de mars prochain, notamment pour les cultures printanières, les agriculteurs ne se font pas trop d'illusions par rapport aux perspectives de cette campagne qui a été déjà en partie compromise, notamment pour certaines cultures. «Ces précipitations demeurent insuffisantes pour l'agriculture dans les zones bours», reconnaît, avec amertume, un professionnel installé dans la région de Casablanca-Settat avant d'ajouter que si les récentes pluies redonnent de l'espoir aux éleveurs du bétail, ce n'est pas le cas pour les agriculteurs. En cause, le retard de la pluviométrie qui a déjà impacté le bon déroulement de la campagne. C'est ce que confirme la Direction régionale d'agriculture d'El Jadida où 15 mm ont été enregistrées ces derniers jours, «ce qui demeure encore insuffisant pour relancer les semis et il faut encore d'autres pluies pour sauver la mise». Il faut dire que depuis quelques semaines et bien avant le lancement du plan anti-sécheresse, les conséquences du retard des pluies ont été prises en compte, notamment au niveau du département de l'Agriculture. «Cette année connaît des difficultés par rapport au retard de la pluviométrie», a ainsi reconnu le ministre Aziz Akhannouch en début d'année avant de tempérer les inquiétudes en soulignant que le fait que la campagne dernière a été exceptionnelle fait en sorte que «la matière première est encore là et que les conditions dans le monde rural sont encore stables». Toutefois, la suite dépendra de la pluviométrie. Ainsi, s'il n'y avait pas beaucoup d'inquiétudes au niveau du Gharb et au nord, par contre du Gharb au sud, l'importance du retard aura beaucoup d'impact sur la campagne. «Si les pluies arrivent incessamment, la céréale donnera certes à peine un rendement moyen, mais elles seront bénéfiques aux arbres fruitiers, le million d'hectares d'olives, les 110.000 ha d'oranges, les cultures printanières aussi, mais surtout l'élevage», a estimé Akhannouch, qui a fait savoir qu'un million d'hectares sont couverts par les assurances. Conditions défavorables Le déficit pluviométrique très marqué au cours du mois de novembre 2015 et qui s'est prolongé jusqu'au janvier de cette année a engendré une sécheresse au début du cycle qui a affecté les opérations d'installations des céréales, notamment dans les zones bours. Dans les régions d'El Jadida et de Sidi Bennour, par exemple, les agriculteurs font état de conditions climatiques sèches et peu favorables qui ont marqué le démarrage de la campagne agricole en cours, ce qui a fortement affecté l'installation et le développement des cultures en zones bours. C'est le cas également dans les secteurs irrigués où le manque de pluie a induit une forte consommation d'eau d'irrigation, laquelle s'explique dans cette zone par la coïncidence du déficit en eau avec la période des semis de la betterave à sucre et des céréales dans la zone irriguée de plus de 95.000 ha. À ce stade, l'impact du retour des pluies se sentira plus au niveau des nappes phréatiques et des barrages, en plus du pâturage sur les parcours. Dans la zone d'El Jadida toujours, la dotation en eau d'irrigation de 650 millions de m3 au titre de la campagne agricole 2015-2016 grâce à la réserve d'eau au niveau du complexe hydraulique Al Massira-El Hansali, a permis d'atténuer l'impact de la situation, même si par contre les niveaux des réalisations des cultures restent en dessous des attentes dans les zones bours. Selon la Direction de l'agriculture de la région, pour la betterave à sucre en zone de grande hydraulique, le programme arrêté en début de campagne a été dépassé avec une superficie réalisée de 18.658 ha (un dépassement de 4% par rapport au programme (18.000 ha). La disponibilité d'eau d'irrigation a été à l'origine de cette situation avec le raccordement de 5 irrigations en période de retard des précipitations. Pour les céréales d'automne, le programme des emblavements relatif à la campagne agricole a été fixé à quelque 663.000 ha dont 53.000 ha dans le périmètre de grande hydraulique et 610.000 ha en zones bour. Selon la même source, actuellement, la totalité de la superficie programmée dans les secteurs irrigués (53.000 ha) est réalisée. Cependant, une superficie totale de 387.450 ha de céréales reste touchée par la sécheresse. Autre culture, 43.350 ha sont emblavés par les cultures fourragères dans la région, dont 24.850 (57%) dans les zones bour et 18.500 (43%) au niveau des zones irriguées.