Le continent était fortement représenté aux travaux de la 46e Assemblée annuelle du Forum économique mondial, qui se sont tenus à Davos-Klosters, en Suisse, du 20 au 23 janvier. L'occasion pour les différentes délégations de faire la promotion des potentialités de leurs pays respectifs autour de différents sujets qui constituent les principaux défis actuels du continent. C'est le cas de le dire, le Davos est désormais devenu un des rendez-vous annuels où l'Afrique fait particulièrement parler d'elle. L'édition 2016 n'a pas dérogé à la tradition avec la présence d'importantes délégations qui ont fait le déplacement avec une dizaine de chefs d'Etats et de gouvernements et autant de ministres et de représentants du secteur privé ainsi que de la société civile. Avec la présence de plus de 40 chefs d'Etats et de gouvernements, des sommités mondiales, ainsi que 2.500 décideurs du monde des affaires et d'éminents spécialistes des questions de développement, l'occasion était des plus opportunes pour évoquer, une fois encore, les grands défis du continent mais aussi pour promouvoir les perspectives économiques de la nouvelle Afrique. Les travaux de l'édition 2016 de Davos ont été consacrés à «la maîtrise de la quatrième révolution industrielle», un thème qui met l'accent sur de grands enjeux mondiaux comme la sécurité, le changement climatique, la croissance mondiale et les prix des matières premières. Au-delà des échanges, par rapport aux défis multiples de l'économie mondiale de l'heure, le continent a été au centre de plusieurs panels d'échanges et de débats qui ont réuni d'éminentes personnalités qui ont fait part de leur expertise en matière de solutions aux crises qui plombent actuellement le développement de l'Afrique. L'émergence en ligne de mire Le Davos 2016 intervient dans une conjoncture économique mondiale toujours morose, mais, pour les pays du continent, les perspectives sont des plus reluisantes. C'est pour cette raison, d'ailleurs, que plusieurs pays étaient représentés au plus haut niveau par leurs chefs d'Etats ou de gouvernements partis faire la promotion des potentialités d'investissement dans le sillage de la dynamique économique que connaît le continent. Le Davos a été l'occasion de mettre en avant plusieurs stratégies de développement, mises en œuvre par différents pays (Rwanda, Gabon, Côte-D'Ivoire, Sénégal, Tanzanie, Guinée, Ethiopie) et qui sont porteurs d'opportunités pour les investisseurs. Les différents dirigeants présents se sont faits le porte-voix de l'Afrique qui avance dans le sillage d'une véritable transformation économique sur laquelle s'appuie, désormais, le continent pour prendre en charge son propre développement. Du reste, sur plusieurs sujets connexes, notamment, la sécurité tant des personnes que des investissements, les dirigeants africains ont mis le paquet pour mettre en exergue l'approche dynamique des pays du continent pour faire face aux défis qu'engendrent les mutations mondiales actuelles. Nouveau Pacte pour l'électricité L'un des faits marquants de ce Davos a été incontestablement, le plaidoyer fait par la BAD en faveur de l'électrification du continent. Le nouveau président du groupe de la BAD, Akinwumi Adesina, a saisi l'occasion pour dévoiler les grands axes du «New Deal pour l'énergie en Afrique», un partenariat révolutionnaire pour éclairer l'Afrique et l'électrifier d'ici à 2025. Selon la banque panafricaine, ce New Deal pour l'énergie en Afrique entend accélérer les investissements dans le secteur de l'énergie, en vue de parvenir à l'accès universel à l'électricité sur le continent, d'ici 2025. Il privilégie une approche globale du secteur énergétique, notamment du réseau de production, de transport et de distribution, ainsi que des solutions décentralisées et des solutions de cuisson moins polluantes. Il faut dire que le potentiel du continent en la matière est immense. En plus des 300 gigawatts d'énergie potentielle, provenant du charbon, et des 400 gigawatts qu'il est possible de tirer du gaz, l'Afrique compte exploiter 10 térawatts d'énergie solaire potentielle, 350 gigawatts d'hydroélectricité, 110 gigawatts d'énergie éolienne ainsi que sur 15 gigawatts d'énergie géothermique. C'est pour cette raison que «Le Nouveau Pacte» a été structuré autour de quatre objectifs, qui sont très ambitieux : augmenter la production du réseau par l'ajout de 160 GWH de nouvelles capacités, d'ici 2025, soit en doublant presque les capacités actuelles ; augmenter la transmission du réseau et les connexions au réseau pour créer 130 millions de nouvelles connexions, d'ici 2025, soit 160 pour cent de plus qu'aujourd'hui ; augmenter la production hors réseau pour ajouter 75 millions de connexions d'ici 2025, soit près de 20 fois plus qu'aujourd'hui et enfin augmenter l'accès à l'énergie propre pour la préparation des repas dans environ 130 millions de foyers. Pour ce qui est du financement, le pacte cherchera à lever des fonds, en Afrique et ailleurs, auprès des secteurs publics et privés pour un besoin de 60 à 90 milliards de dollars US par an, par rapport aux 22 milliards de dollars US, investis dans le secteur en 2014. Selon la feuille de route de la BAD, ces fonds proviendront de diverses sources. Il s'agit d'abord, de la contribution d'institutions financières multilatérales et bilatérales afin de parvenir à tripler les investissements dans le secteur de l'énergie tous les ans. En second lieu, les gouvernements eux-mêmes auront un rôle à jouer. Si l'Afrique faisait passer ses dépenses annuelles en énergie de 0,4 à 3,4% du PIB, le problème pourrait être entièrement résolu. Selon Akinwumi Adesina, une autre solution pour le financement serait de mettre un terme aux subventions en faveur de produits tels que le kérosène et le diesel. Enfin, le secteur privé est très disposé à intervenir de façon significative. Il faudra modifier la réglementation pour attirer davantage de capitaux privés dans le secteur, mais nous avons observé, à de nombreuses reprises, l'importance des flux de capitaux lorsque les réglementations sont convenablement structurées. Le Nouveau Pacte est également pratique, car il créera le cadre adéquat de politique énergétique, en termes de législation, de réglementation et de gouvernance. Il renforcera les capacités des entreprises nationales de services énergétiques, il augmentera considérablement le nombre de projets énergétiques susceptibles d'être financés ainsi que leurs sources de financement, et il transformera le secteur dans l'ensemble du pays par vagues successives de revirements. Le pacte sera neutre en termes de ressources énergétiques, c'est-à-dire que les énergies renouvelables seront utilisées autant que les énergies non renouvelables, et il le sera aussi en termes de technologie. La Banque africaine de développement va non seulement gérer le Nouveau Pacte, mais aussi investir 12 milliards de dollars US dans le financement de l'énergie, au cours des cinq prochaines années, alors que les autres acteurs financiers, impliqués dans le processus, fourniront, quant à eux, jusqu'à quatre fois cette somme. La nouvelle stratégie de la BAD, en matière d'énergie pour le continent, constitue un exemple des nouvelles stratégies, mises en place, par les pays du continent dans divers domaines, afin de tirer pleinement profit de la dynamique de croissance actuelle que connaît l'Afrique, un continent que désormais tous les avis convergent à reconnaître qu'il est le continent de l'avenir. La démonstration grande nature a été faite à Davos qui s'affirme de plus en plus comme une véritable tribune de promotion pour l'Afrique. Le secteur privé prêt à investir En plus des différentes délégations officielles présentes au Davos, plusieurs représentants du secteur privé et de la société civile africaine étaient également de la partie. Le 46e Davos a ainsi enregistré la présence de l'ancien secrétaire général de l'ONU, le Ghanéen Koffi Annan, qui dirige désormais l'African Progress Panel (APP) ainsi que le milliardaire nigérian Tony O. Elumelu, membre du Conseil de l'énergie durable pour tous, (un partenariat entre les Nations Unies et la Banque mondiale), également co-fondateur et président de l'Africa Energy Leaders Group. Le philantrophe africian qui a dernièrement défrayé la chronique à travers la création d'un fonds africian destiné à soutenir la création des PME par les jeunes entrepreneurs s'est particulièrement distingué en se faisant le porte-parole des investisseurs africains. Le président de United Bank of Africa a plaidé en faveur de l'urgence de conduire des réformes adéquates afin d'encourager l'investissement privé sur le continent. «Après des décennies de discours sur les délestages et autres déficits énergétiques, le discours se transforme en indignation ; l'indignation qu'un secteur aussi vital et lucratif, et à l'impact aussi significatif pour nos économies africaines, attire si peu d'investissements», a lancé celui qui montre l'exemple par les actes. L'une de ses sociétés, Transcorp Plc, a investi en effet dans la plus importante centrale électrique du Nigéria, qui représente à ce jour 18% de la capacité installée du pays. «En même temps que je soutiens le développement des énergies propres, j'affirme que l'Afrique ne peut se permettre d'attendre la maturité de ces sources d'énergie si elle veut accélérer son développement», a estimé Tony O. Elumelu.