Le Maroc veut convertir son tourisme à la durabilité. Après une journée et des trophées pour recomposer les bons élèves, une Charte marocaine du tourisme durable voit le jour. 400acteurs du tourisme au Maroc se sont réunis pour s'engager vers un tourisme durable et responsable. Des principes déjà annoncés dans la Vision 2020, qui sont aujourd'hui codifiés dans une «Charte marocaine du tourisme durable», laquelle constitue un cadre de référence réaffirmant la volonté et les principes d'un tourisme durable et responsable. Ce document signé par 28 parties prenantes formalise clairement pour chaque partie prenante le type d'engagement qu'elle devra relever. Cette Charte est séduisante, son application devrait demander une mobilisation à la hauteur de l'enjeu de la durabilité et des risques qui pèsent sur l'écosystème naturel. Quatre engagements «La Vision 2020 a été obnubilée par l'objectif de 20 millions de touristes. La prise en compte du levier de la durabilité du secteur est aujourd'hui une réalité sur le terrain. Avec la préparation de la COP21 et l'annonce de l'organisation de la COP22 au Maroc, les opérateurs du secteur se sont mobilisés pour transformer leurs produits en éco-touristiques, la profession est sensibilisée pour enclencher un virage durable et rattraper le temps perdu dans ce domaine», s'engage Abdellatif Kabbaj, président de la Confédération nationale du tourisme (CNT). La Charte est signée par cinq départements ministériels, plusieurs offices publics, la Royal Air Maroc, le PNUD, la CNT, le Réseau marocain pour le tourisme durable ou le Club Med au Maroc. Au total, 28 parties prenantes s'engagent sur quatre principes. En premier lieu, la protection de l'environnement et de la biodiversité. Ensuite, la pérennisation de la culture et du patrimoine. En troisième lieu, les signataires donnent la priorité au développement local et au respect des communautés d'accueil. Enfin, la Charte invite les parties prenantes à adopter des principes d'équité, d'éthique et de responsabilité sociale en lien avec leur activité dans ce secteur. La journée du tourisme responsable célébrée chaque 25 janvier et les Trophées du tourisme responsable sont deux initiatives visant à concrétiser ces quatre engagements. Sortir le durable de sa niche «Cette journée amène les participants à sortir d'une perception du tourisme durable et responsable comme étant un produit de niche et d'en faire une démarche globale – intégrant la durabilité dans l'ensemble des niveaux du cycle de vie du produit touristique», insiste Lahcen Haddad, ministre du Tourisme. Le Maroc joue la carte d'un leadership régional. «Le Maroc a été l'un des initiateurs des premières actions internationales en faveur d'un tourisme durable et responsable. Il l'a été en tant que membre du Groupe de travail international (GTI/PNUE) entre 2008 et 2011, membre du comité de pilotage du «Partenariat mondial du tourisme durable» depuis 2011 et président du partenariat mondial du tourisme durable pour le mandat 2013-2015», rappelle le ministre. Le Maroc joue les premiers rôles dans ce domaine dans un contexte de prise de conscience des enjeux de durabilité par les consommateurs eux-mêmes. «Cet aspect accroît l'intérêt pour les offres de tourisme responsable. La durabilité fait partie des attentes des voyageurs, même si elle n'est pas encore un facteur de décision déterminant», explique le département du tourisme. C'est la recherche de l'expérience et non plus de la seule évasion qui est, avec le prix, un des moteurs de décision. Pour consolider la transversalité de l'approche durable dans le tourisme. Le département dirigé par Haddad a signé quatre conventions de partenariat dans les domaines social, éducatif et environnemental. Le tourisme marocain en chiffres 10,28 millions de touristes en 2014 505.000 emplois 8% du PIB 5% des émissions de gaz à effet de serre Lahcen Haddad Ministre du Tourisme Les ECO : Quels sont les apports de la Charte signée ce lundi 25 janvier? Lahcen Haddad : C'est une journée importante pour le tourisme marocain. Notre secteur s'inscrit dans une approche durable et responsable. Nous avons travaillé avec tous les partenaires: les institutionnels, les opérateurs, la société civile et même les touristes pour arriver à une approche sur la protection des ressources. Nous nous sommes engagés pour la protection des ressources naturelles utilisées dans ce secteur. Comment cela se traduira sur le terrain? Nous mettons en avant une économie circulaire favorisant le recyclage. Nous allons avoir une méthode pour mesurer l'impact de l'activité touristique sur la population. Plusieurs niveaux seront mesurés, comme l'emploi et l'inclusion ou encore l'impact sur le patrimoine. Tous les maillons de la chaîne (distribution, hôtels et territoires) sont associés. Un travail considérable a été rendu possible grâce à cette Charte qui arrête les principes d'action de tous les acteurs. Le tourisme durable est-il une niche pour pallier la chute des recettes touristiques? En 2015, la baisse a été contenue à moins 1% et, vu le contexte régional, c'est une bonne réalisation. Le tourisme durable est une approche structurelle, et non conjoncturelle ou relevant du palliatif. 70% des touristes qui visitent le Maroc viennent d'abord pour ces kasbahs et ces médinas. D'ailleurs, le Maroc en est à sa 7e édition des trophées du tourisme responsable. Notre ambition est de faire du Maroc une référence en matière de tourisme durable.