Pour les politiques nationales, la mise en place de plans spécifiques pour les zones urbaines et rurales est primordiale. L'articulation entre les programmes de l'Etat et ceux des collectivités territoriales devra aussi se renforcer. La croissance non maîtrisée des villes se complexifie et engendre de sérieux problèmes d'harmonisation des interventions qui sont partagées entre l'Etat, les communes et les associations. Lors d'un séminaire, organisé hier à Tanger par le think tank français, «(Re)sources», les experts participant à cette rencontre, qui avait pour thème : «Croissance urbaine et accès aux services de base», ont unanimement insisté sur la bonne interaction multi-échelon et multi-acteurs, comme un préalable sans lequel aucune avancée, en matière de services essentiels urbains, n'est envisageable. Le président d'honneur du think tank français, Michel Rocard, a mis en avant l'exiguïté du problème de la méfiance entre le pouvoir central et les communes, qui continue de miner de l'intérieur toutes les tentatives visant à harmoniser les points de vue des deux parties. «Des situations de blocage peuvent être différentes en cas de non-respect, de la part du pouvoir central, de l'autonomie des communes», a indiqué Rocard qui a insisté sur les besoins vitaux des villes, notamment la sécurité. «La sécurité dépend de l'harmonie entre riches et pauvres, de même que les phases les plus heureuses du pouvoir local à anticiper». Les recommandations, formulées par le premier panel de cette rencontre, ont relevé la nécessité d'établir des plans spécifiques pour les zones urbaines et rurales pour les politiques nationales. L'une des résolutions oblige les Etats à rendre compte, auprès d'autres Etats en matière d'accès à l'eau potable. Les données, partagées lors de ce séminaire, montrent que pour la ville de Tanger, le taux d'accroissement urbain de la ville s'élève à 3,08%, alors que le taux de l'urbanisation atteint 82%. Le réseau routier enregistre, depuis une dizaine d'années, une croissance moyenne de 2,5%, ce qui permet à Tanger d'être aujourd'hui considérée parmi les meilleurs du continent africain. Pour la ville de Tétouan, les données, formulées par le président du Conseil de la ville, indiquent, quant à elles, que durant les dix dernières années, 31.000 foyers ont bénéficié du raccordement au réseau de l'eau potable et de l'assainissement. Mohamed Idaomar, président du Conseil de la ville de Tétouan. Une meilleure articulation entre la politique urbaine nationale et celle locale permet d'absorber la demande en services de base engendrée par la croissance urbaine. La situation peut néanmoins devenir inquiétante si une approche prévisionnelle n'est pas consolidée avec des modes d'harmonisation entre la politique régionale et celle locale. Au volet de la gouvernance, il faudra élargir ce type de collaboration tripartite entre l'Etat, les élus et les ONG, mais le plus important reste, sans aucun doute, la sensibilisation des citoyens aux modes d'économie de l'eau, qui est une source qui se raréfie de plus en plus. La bonne gouvernance passe aussi par la mise en place de la notion de Smart city, particulièrement dans les grandes villes et qui permettra, à la fois, de minimiser l'impact de la pollution et l'économie de l'énergie.