La troisième et dernière étape dans l'échelle graduelle des chantiers devant mener à la Charte nationale de l'environnement et du développement durable, serait bientôt franchie. Après de longs mois de supputations diverses et de tout genre autour de cette Charte, succédant aux rounds de concertation, les services de Abdelkebir Zahoud, le secrétaire d'Etat chargé de l'Eau et de l'environnement, auprès du ministère de l'Energie, des mines, de l'eau et de l'environnement (MEMEE), reviennent au devant de la scène pour annoncer l'élaboration prochaine de la Stratégie nationale de développement durable (SNDD). Cet élément de taille vient compléter l'attirail devant servir à la concrétisation de cette fameuse Charte. «C'est une approche intégrée des dimensions supplémentaires liées aux contextes socio-économiques et socio-culturels typiques du développement durable», explique-t-on auprès de sources officielles. Les impératifs sont déjà dégagés : la fixation des grandes orientations et d'un cadre stratégique au sein duquel les politiques, les réformes, les plans et les programmes sectoriels, seront définis. La SNDD devrait ainsi constituer un processus de planification stratégique «participatif». Elle devrait être élaborée par le gouvernement, en associant l'ensemble des acteurs concernés, notamment les collectivités locales, le secteur privé et la société civile. Tout cela reste bien théorique et compliqué. Pour le détail, le secrétariat d'Etat chargé de l'Eau et de l'environnement compte d'abord baliser le terrain pour cette énième stratégie. L'une des principales finalités de la SNDD sera en effet «d'identifier les thématiques, les enjeux et les priorités nationales». Il s'agirait en effet d'élaborer un cadre d'orientation national, incarnant la vision partagée du développement durable, à travers des axes stratégiques prospectifs déclinés à court et moyen termes. En quête de cohérence La volonté est bien affichée et tout semble bien ficelé. Il faut savoir toutefois que cet enchevêtrement de stratégies crée un défi de mise en cohérence. Cette problématique est identifiée auprès de la tutelle, qui parle «d'optimisation de l'intégration et de mise en cohérence des plans d'action et des stratégies sectorielles, dans un projet fédérateur». Cette quête de cohérence dans la diversité des démarches entamées depuis la genèse de l'idée de la Charte, comporte aussi un aspect de régionalisation. Le secrétariat d'Etat compte mettre en adéquation la SNDD avec les stratégies-cadres régionales. Cet acquis s'inscrirait parfaitement dans le contexte actuel. En attendant de voir tout cela se traduire dans le concret, la SNDD vient s'ajouter à la pile de stratégies annoncées dans le même sens par la tutelle. L'une d'elles, la Stratégie nationale de l'environnement (SNE), est en gestation depuis le début de l'année. Elle correspond à une approche stratégique transversale, déployée dans tous les secteurs et à vocation tant préventive que curative, mobilisant tous les départements. Elle est en deuxième position sur l'échelle des chantiers de la Charte, et «serait attendue pour 2012», selon des sources vérifiées. L'idée ici, est de proposer une vision intégrée sur les actions à mettre en œuvre dans l'ensemble des performances environnementales visées par ces plans. Une douzaine de départements ministériels et directions publiques seront ainsi concernés, allant de l'Equipement et du transport, à celui de l'Agriculture et de la pêche maritime, sans oublier le Tourisme et l'artisanat. La SNE devrait permettre l'élaboration de l'Etat des lieux sur les démarches environnementales déjà lancées au niveau des activités des différents ministères précités. Il s'agirait également de passer à l'analyse des problématiques environnementales soulevées par les activités de chaque ministère. À terme, chaque secteur d'activité devrait être en mesure de se doter d'une stratégie ministérielle de l'environnement (SMI). L'avenir nous en dira sans doute davantage... Lire aussi: Le grand test Le PNUE presse, presse... L'urgence est là. À moins d'une année de la Conférence des Nations unies sur le développement durable (Rio+20), au Brésil, le Programme onusien pour l'environnement a récemment publié un rapport sur l'avenir de l'environnement en Afrique. La principale conclusion du rapport fait allusion à une nécessité d'élaboration de «plans d'action nationaux, sub-régionaux et régionaux pour l'adaptation aux changements climatiques, de façon à minimiser leur impact négatif sur les ressources naturelles». Ce document du Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE) comporte, en outre, une étude prospective faisant le point sur la situation dans plusieurs pays membres de la Conférence des ministres africains de l'environnement (CMAE), dont le Maroc. Le royaume a pourtant déjà bien su prendre les devants, dès 2009, à travers un discours du Trône qui avait érigé la croissance verte en nouvelle voie de progrès. Il s'en est suivi l'annonce de l'élaboration d'une Charte nationale de l'environnement produisant beaucoup d'effet au sein des différentes sphères privées et publiques. Aujourd'hui, sur la feuille de la SNDD en ébauche, figurent quatre principaux types d'actions, allant de l'instauration d'une bonne gouvernance à la mise en œuvre et au monitoring des plans d'action sectoriels. Il s'agit aussi de renforcer des aspects législatifs et fiscaux. Par ailleurs, la SNDD sera accompagnée d'un important plan de communication afin d'en vulgariser la mise en œuvre.