Le continent noir est à la recherche de sa voie «verte». Les pays qui le composent devraient se préparer à prendre des décisions audacieuses dans les années à venir. Parmi ces dernières, la nécessité de mettre en œuvre «des plans d'action nationaux, sub-régionaux et régionaux, pour l'adaptation aux changements climatiques, de façon à minimiser leur impact négatif sur les ressources naturelles». C'est sur cette recommandation -empreinte d'une certaine urgence- que se projette le dernier rapport du Programme des Nations unies pour l'environnement (Pnue), sur l'avenir de l'environnement en Afrique. Deuxième du genre, cette étude prospective fait le point sur la situation dans plusieurs pays membres de la Conférence des ministres africains de l'environnement (CMAE), dont le Maroc. Ce rapport tombe à pic pour le royaume, coïncidant avec le mois anniversaire de l'organisation de la Journée mondiale de la Terre, l'année dernière à Rabat, et qui offre l'occasion de se poser une question : où en est le Maroc ? Aujourd'hui, si la leçon semble avoir été bien comprise depuis 2009, avec l'annonce de la mise en place d'une Charte nationale de l'environnement, celle-ci n'en avance pas moins à une allure d'escargot. En effet, en 2011, le département de l'Environnement auprès du ministère de tutelle, n'en est encore qu'au lancement des appels d'offres portant sur cette nouvelle stratégie environnementale du pays. Certains observateurs ne s'attentent d'ailleurs guère à voir des choses concrètes avant 2012. La dernière actualité connue à ce jour confirme une donne : l'attirail environnemental national ne cesse de se renforcer, «mais il semble y avoir plus de bruit que de véritables actions, mise à part la série de concertations opérées dans les régions du royaume, et dont les résultats sont en stand by», commente cet observateur proche du dossier et participant aux concertations. La SNE encore en chantier... Depuis janvier dernier, un projet est dans le pipe et les enjeux sont loin d'être négligeables. Il s'agit de l'élaboration d'une Stratégie nationale de protection de l'environnement (SNE). On parle de «fixer des objectifs», de mettre en place «des plans d'action sectoriels pour l'atteinte de ces objectifs. Ce discours sonne de manière pragmatique. Autrement dit, c'est le passage de la théorie des concertations sur la Charte à sa mise en œuvre sur le terrain. Autre particularité, ce programme sera transversal, et devrait couvrir l'ensemble des stratégies de développement sectoriels dans lesquelles le Maroc s'est engagé. Il s'agit de proposer une vision intégrée sur les actions à mettre en œuvre dans l'ensemble des performances environnementales visées par ces plans. Un peu plus d'une douzaine de départements ministériels et de directions publiques seront ainsi concernés par cette SNE, allant des ministères de l'Equipement et du transport, à celui de l'Agriculture et de la pêche maritime, sans oublier celui du Tourisme et de l'artisanat. ...En attendant La SNE devrait voir le jour fin 2011, début 2012. Cette échéance coïncide, par ailleurs, avec celle fixée pour la conception et l'adoption d'une loi-cadre, suite aux concertations nationales autour de la Charte de l'environnement. Un comité interministériel d'une quarantaine de personnes travaille déjà sur ce volet législatif, qui devrait permettre de combler les lacunes des textes de loi existants. L'objectif global serait de renforcer la mise en application des principes généraux établis sur la base des concertations autour de la Charte de l'environnement. La corrélation est par conséquent facile à établir. L'idée à en déduire est simple : promulguer une loi pour mettre à niveau le législatif et lancer une stratégie pour servir d'accompagnement à l'application. Pour l'heure, il y a beaucoup de bruits qui circulent, mais qui ne parviennent certainement pas à occulter le retard déjà accusé dans l'élaboration de cette Charte. S.F