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Entretien avec M. Abdelkbir Zahoud, Ministre de l'eau et de l'environnement
«Les ressources naturelles dont dispose le Maroc sont certes d'une grande qualité, mais restent fragiles et surtout insuffisamment protégées»
Publié dans L'opinion le 23 - 01 - 2010

«La Charte Nationale de l'Environnement et de Développement Durable confortera les acquis et consacrera la notion de devoirs envers l'environnement»
C'est un constat sans fard que dresse le ministre de l'eau et de l'environnement, M. Abdelkbir Zahoud, de l'état de l'environnement au Maroc. Les ressources en eau sont menacées par les différentes formes de pollution et par une surexploitation effrénée. Plus de 90% des eaux usées sont rejetées dans le milieu naturel sans traitement préalable. L'air est de plus en plus pollué. Les impacts sanitaires de certains polluants atmosphériques en termes de prévalence de maladies respiratoires et cardio-vasculaires sont avérés. La désertification menace 95% du sol marocain. Le littoral et le milieu marin sont constamment menacés en raison de l'urbanisation galopante avec tous ses aléas et de la prolifération de projets à impact négatif certain sur l'écosystème dans les régions côtières.
Fort heureusement, les pouvoirs publics réagissent et agissent. La dégradation de l'environnement qui a fini par devenir un problème préoccupant pesant notoirement sur la santé publique et sur le développement durable du pays a enclenché une dynamique salutaire depuis quelques temps déjà et va devoir être couronnée par la Charte Nationale de l'Environnement et de Développement Durable, actuellement en chantier. Laquelle charte viendra conforter et structurer l'effort pratique et juridique mis en branle à travers le plan de mise à niveau environnemental et tout un arsenal juridique d'accompagnement. M. Zahoud détaille tout cela dans l'entretien qui suit et jette la lumière sur les solutions mises en œuvre et celles à venir. Régionalisation et partenariat sont les maîtres mots ainsi que l'engagement citoyen et la prise de conscience écologique collective. Entretien.
L'Opinion: Monsieur le ministre, pourriez-vous donner aux lecteurs de L'Opinion un aperçu du diagnostic de la situation environnementale du Maroc? Existe-t-il des diagnostics établis pour chaque région?
M. Abdelkébir Zahoud: Les ressources naturelles dont dispose le Maroc sont certes d'une grande qualité, mais restent fragiles et surtout insuffisamment protégées. Le développement économique et l'accroissement démographique au Maroc se traduisent par de fortes pressions sur le milieu naturel qui ne cessent d'accentuer la dégradation de son capital environnemental et les problèmes de l'environnement ne cessent de prendre de l'ampleur et de se manifester à diverses échelles territoriales:
L'air est de plus en plus pollué, surtout au niveau des grandes agglomérations qui regroupent à la fois des sources de pollution mobiles (transport urbain) et fixes (installations industrielles et énergétiques). A titre d'exemple, la pollution de l'air atteint des seuils critiques au niveau de certains sites à Casablanca, d'après les mesures de la qualité de l'air effectuées par la Direction de la Météorologie Nationale.
Les rejets gazeux générés par des activités artisanales telles que les fours de poteries contribuent également à la dégradation de la qualité de l'air ambiant local. Le cas des potiers de la ville de Fès illustre bien cette problématique. Aussi, les émanations des décharges sauvages constituent un danger pour la santé publique.
Les ressources en eau sont menacées par les différentes formes de pollution. L'insuffisance de l'assainissement est, en effet, l'une des principales causes de la dégradation de la qualité des eaux de surface et souterraines. Plus de 90% des eaux usées qui totalisent 750 Mm3/an sont rejetées dans le milieu naturel sans traitement préalable. De même, la mise en décharge non écologique des déchets, notamment dans ou en bordure des lits des cours d'eau cause l'altération de la qualité de ces eaux.
L'augmentation continue des besoins conjuguée à la sécheresse, entrainent une surexploitation des eaux souterraines induisant une baisse continue des nappes, compromettant ainsi l'équité intergénérationnelle. C'est le cas des nappes du Souss, Haouz, Tadla, Berrechid, Saiss. L'on relève aussi le tarissement des sources et khettaras comme c'est le cas dans les bassins du Saiss et Souss, ainsi que l'assèchement des lacs naturels, comme pour Dayet Aoua.
Par ailleurs, la sous-valorisation de l'eau, notamment celle destinée à l'agriculture, accentue le gaspillage qui compromet la gestion durable de cette ressource pourtant de plus en plus rare. Le rejet en mer des eaux usées représente, en outre, non seulement une source de pollution des eaux marines mais aussi une perte potentielle d'eau douce susceptible d'être exploitée moyennant des traitements préalables. .
Le littoral et le milieu marin sont constamment menacés en raison de l'urbanisation galopante et de la prolifération de projets touristiques et industriels dans les régions côtières, de la dégradation de l'hygiène de certaines plages, des risques importants de pollution accidentelle liée aux hydrocarbures et aux substances dangereuses et de la réduction quantitative et qualitative des ressources halieutiques due notamment à la surpêche.
Le sol qui représente une ressources stratégique au Maroc, subit des pressions qui sont à l'origine d'une perte en fertilité des terres arables, de la salinisation, l'envasement des retenues des barrages, la désertification qui menace 95% du sol marocain...
Le patrimoine forestier est fragilisé par diverses pressions anthropiques, en l'occurrence l'exploitation du bois de feu, le parcours de forêt et droits d'usage, les incendies, l'expansion démographique, les conditions climatiques, etc.
Globalement, la dégradation de l'environnement au Maroc, devient un problème préoccupant qui pèse sur la santé publique. Des études éco-épidémiologiques réalisées à Casablanca et à Mohammedia ont confirmé les impacts sanitaires de certains polluants atmosphériques en termes de prévalence de maladies respiratoires et cardio-vasculaires.
L'Opinion: Quelles sont les mesures proposées pour remédier à cette situation? Ont-elles été établies sur une base sectorielle ou régionale?
M. Abdelkébir Zahoud: Afin de rétablir cette situation, devenue critique pour le développement durable du pays, la déclaration d'investiture du Gouvernement a érigé la protection de l'environnement en priorité nationale en vue d'engager les actions permettant d'infléchir les tendances observées de dégradation de l'environnement.
C'est ainsi qu'un plan d'actions prioritaires est en cours de mise en œuvre dans l'objectif de permettre à court et à moyen termes une mise à niveau environnementale dans l'ensemble des régions du pays. Ce plan est centré sur la valorisation et la préservation du potentiel écologique dont recèle notre pays qui représente de réelles opportunités d'amélioration du bien-être des citoyens, de réduction de la pauvreté et de renforcement de la compétitivité des territoires et des entreprises.
S'appuyant sur une approche favorisant l'action de proximité, ce plan est décliné en un ensemble de projets concertés avec toutes les régions et visant à résorber les retards accusés dans des secteurs vitaux tels que les déchets, l'assainissement liquide en milieu rural et urbain, la qualité de l'air,… Sa mise en œuvre appelle l'engagement effectif de tous les acteurs de la société: Etat, Collectivités Locales, Opérateurs Economiques et Société Civile, dans un cadre partenarial.
La réalisation de ce plan sur la période 2010-2012, s'inscrit dans le cadre des conventions thématiques avec les provinces découlant des conventions régionales signées en présence de Sa Majesté le Roi en avril 2009 à Fès, entre tous les Départements ministériels concernés et les Présidents des 16 régions du Royaume.
Ce plan de mise à niveau environnemental accorde également une importance de 1er rang à la mise en place d'un système de surveillance et de protection durable de l'environnement à travers, notamment le renforcement du cadre juridique bien que des avancées importantes sont enregistrées à travers la promulgation de plusieurs lois environnementales (loi 10-95 sur l'eau, loi n°11-03 relative à la protection et à la mise en valeur de l'environnement, loi n°12-03 relative aux études d'impacts sur l'environnement, loi n°13-03 relative à la lutte contre la pollution de l'air , loi n°28-00 relative à la gestion des déchets et à leur élimination et loi sur les énergies renouvelables, adoptée récemment) et d'un ensemble de décrets et arrêtés d'application. D'autres projets de lois et règlements sont en cours d'adoption, en l'occurrence les projets de lois relatifs aux aires protégées, à l'efficacité énergétique…
Il convient de signaler également que des projets de lois sont en cours de préparation, notamment ceux relatifs au littoral, au sol, au bruit, à l'évaluation stratégique environnementale, à l'accès à l'information environnementale... Il est à rappeler par ailleurs, les engagements du Maroc dans le cadre des accords environnementaux multilatéraux auxquels le Maroc s'est souscrit.
La préservation de l'environnement étant liée à l'application des lois environnementales, il est nécessaire de renforcer la police administrative pour une gouvernance adaptée aux défis à relever dans ce domaine lié à un service public hautement sensible.
En outre et afin d'assurer un suivi continu de l'état de l'environnement et de mesurer les résultats et la performance des actions correctives initiées par les programmes de mise à niveau environnementale, Le Secrétariat d'Etat à l'Eau et à l'Environnement projette la mise en place des Observatoires Régionaux de l'Environnement et du Développement Durable (OREDD) qui constitueront le prolongement de l'Observatoire National de l'Environnement au Maroc (ONEM). Ils auront pour mission l'amélioration de la connaissance de l'état de l'environnement ainsi que le développement de la prospective pour prévenir les tendances des milieux naturels en rapport avec le progrès socio-économique et définir les orientations stratégiques pour un développement local durable. Ces structures sont appelées donc à devenir de véritables outils d'aide à la prise de décision au service des autorités locales dans la perspective de mettre en œuvre le projet éminent de la Charte Nationale de l'Environnement et de Développement Durable. A signaler également la mise en place des Comités Régionaux des Etudes d'Impact sur l'Environnement (EIE) conformément aux décrets d'application de la Loi n° 12-03, portant attributions et fonctionnement du comité régional des EIE et fixant les modalités d'organisation et de déroulement de l'enquête publique relative aux projets soumis à l'acceptabilité environnementale. La création de ces comités marque une nouvelle étape dans le processus de décentralisation de la gestion de l'environnement avec la prise en considération de l'avis de la population concernée à travers l'enquête publique prévue par les décrets précités.
L'Opinion: Le projet de la Charte Nationale de l'Environnement et de Développement Durable (CNEDD) insiste sur l'équilibre nécessaire à trouver entre la préservation du patrimoine naturel et les exigences du développement. Comment cet équilibre serait-il respecté?
M. Abdelkébir Zahoud: Le projet de la Charte Nationale de l'Environnement et de Développement Durable appelé de ses vœux par Sa Majesté le Roi Mohammed VI que Dieu l'assiste, repose sur les principes de développement durable en l'occurrence les principes de prévention, de responsabilité, de précaution…, dont l'application permettra de garantir l'équilibre entre la préservation du patrimoine naturel et le développement socio-économique. En effet, ce projet affirme le droit pour chacun de vivre dans un environnement équilibré et favorable à sa santé, définit les devoirs de prévention et de réparation. Il consacre l'intégration dans l'ensemble des politiques publiques de la préservation de l'environnement, qui doit être recherchée au même titre que les autres intérêts fondamentaux du pays. Il consacre également le droit à l'information des citoyens ainsi que leur droit à participer aux décisions ayant un impact sur l'environnement.
Il va sans dire que l'arsenal juridique dont dispose le Maroc institue un ensemble de principes fondamentaux de développement durable (Pollueur - Payeur, responsabilité, prévention,…) et édicte des normes à observer pour une gestion environnementale viable. De même, la parution en novembre 2008, des décrets d'application de la loi relative aux études d'impacts sur l'environnement, a institué les Comités Régionaux des EIE qui ont pour mission d'évaluer et de prévenir à priori, les répercussions des projets d'investissement sur l'environnement en vue de prévoir les mesures nécessaires pour les atténuer. En outre, chaque projet soumis à l'EIE doit désormais faire l'objet d'une enquête publique dans le but de permettre à la population concernée de prendre connaissance des impacts éventuels du projet sur l'environnement et de recueillir leurs observations et propositions y afférentes.
La la Charte Nationale de l'Environnement et de Développement Durable viendra conforter ces acquis en consacrant la notion de devoirs envers l'environnement qu'il s'agisse de ceux des pouvoir publics, de ceux des acteurs économiques et sociaux ou de ceux des citoyens. En fait, la protection de l'environnement dépend étroitement de la conduite collective mobilisant tous les acteurs locaux y compris les opérateurs socio-économiques et les citoyens, à l'encontre des autres domaines où l'Etat peut réussir à lui seul la mise en œuvre des politiques sectorielles.
C'est pourquoi le processus d'élaboration de la CNEDD, prévoit des concertations régionales qui vont permettre de refléter de manière précise les attentes de tous les acteurs y compris la société civile en matière de protection de l'environnement et de développement socio-économique. Elles devront apprécier le niveau de communication sur l'état de l'environnement au Maroc à travers la connaissance et la perception par les différents acteurs y compris le grand public, des enjeux et risques environnementaux encourus à tous les niveaux. Ainsi, la CNEDD devra constituer un engagement de toutes les forces vives du Royaume pour aboutir au succès de sa mise en œuvre à travers une batterie de mesures réalisée et suivie sur plusieurs années, ce qui assurera la progression de notre société, dans sa dimension actuelle et future, et son bien-être à travers notamment :
* Une prise de conscience écologique collective et un changement inévitable des comportements ;
* Un fort engagement des différents acteurs et opérateurs socioéconomiques ;
* La sauvegarde de la qualité et des différentes composantes du patrimoine naturel et culturel national ;
* Un développement social, économique et culturel à même d´améliorer substantiellement la qualité de vie et les conditions sanitaires du Citoyen.


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