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Le coût de la dégradation de l'environnement dépasse les 3% du PIB Journée d'étude de l'Alliance des Ingénieurs Istiqlaliens sur la Charte Nationale de l'Environnement et du Développement Durable
Les propositions de l'Alliance
L'Alliance des Ingénieurs Istiqlaliens (Bureau de Rabat) a organisé, samedi à Rabat, une journée d'étude sous le thème : « Les enjeux scientifiques et économiques de la Charte Nationale de l'Environnement et du Développement Durable (CNEDD) ». A part la présentation de la CNEDD, plusieurs questions se rapportant à l'environnement et au développement durable ont été mises en exergue lors de cette rencontre. « Ce genre de rencontres contribuera sûrement à enrichir le débat sur la Charte Nationale de l'Environnement et du Développement Durable », a souligné DR Abdelwahed El Fassi, Coordinateur des Alliances et membre du Comité Exécutif du Parti de l'Istiqlal, à l'ouverture de cette journée. Et d'ajouter que l'objectif ultime de ce projet est de réaliser une bonne gouvernance en matière de l'environnement. Pour sa part, M. Abdelkebir Zahoud, Secrétaire d'Etat Chargé de l'Eau et de l'Environnement, a indiqué : « Cette Charte permettra de préserver l'environnement de façon permanente au Maroc. Elle a été élaborée par tous les ministères concernés et largement discutée dans les seize régions du Royaume». C'est dire, poursuit-il, le grand intérêt accordé actuellement dans le pays à ce projet. « Si, d'ailleurs, on ne prend pas des mesures immédiates pour préserver l'environnement, c'est la génération future qui sera davantage menacée», avertit M. Zahoud. Est-il besoin de souligner dans ce cadre que les tendances de dégradation de l'environnement au Maroc sont estimées à 13 milliards de dirhams, soit 3,7 % du PIB. « De même, le développement qu'a connu le Maroc durant les dernières décennies dans les secteurs socio-économiques vitaux, notamment l'agriculture, l'industrie, la pêche, le développement urbain, les infrastructures et le tourisme, n'a pas manqué d'induire des répercussions négatives sur la qualité de l'environnement », indique-t-on. Face alors à ce contexte qui pose d'importants défis du développement durable, SM le Roi a ordonné au gouvernement, dans le Discours du Trône du 30 juillet 2009, d'élaborer une Charte Nationale de l'Environnement et du Développement Durable qui doit affirmer le droit de chacun de vivre dans un environnement sain et consacrer les notions de devoirs envers l'environnement qu'il s'agisse de ceux des citoyens, de ceux des acteurs économiques et sociaux ou de ceux des pouvoir publics. « … Nous appelons le gouvernement à élaborer un projet de Charte nationale globale de l'environnement, permettant la sauvegarde des espaces, des réserves et des ressources naturelles, dans le cadre du processus du développement durable…. », lit- on dans le Discours Royal. Dans ce sillage, cette journée d'étude a mis l'accent sur les objectifs et principaux fondamentaux de cette Charte. Pour ce qui est des objectifs, il est attendu à ce que les différents acteurs et opérateurs socioéconomiques soient engagés pour assurer le succès de cette vision du développement durable. Ce projet a aussi pour but une prise de conscience écologique collective et un changement inévitable des comportements, la sauvegarde de la qualité et des différentes composantes du patrimoine naturel et culturel national et un développement social et économique et culturel à même d´améliorer substantiellement la qualité de vie et les conditions sanitaires du citoyen… Par ailleurs, la CNEDD a pour principes fondamentaux : la précaution, l'action préventive, le principe pollueur-payeur, la participation, la responsabilité en matière de réparation des dommages à l'environnement et l'intégration des préoccupations de l'environnement dans toutes les politiques publiques. La stratégie énergétique nationale a été également à l'ordre du jour de cette réunion. Elle vise, comme l'a souligné une représentante du ministère de l'Energie et des Mines et de l'Environnement, à sécuriser l'approvisionnement et maîtriser la demande énergétique. « Cette stratégie vise, d'ici à 2015, à augmenter l'offre électrique par des projets prioritaires de 1068 MW et l'extension de la Centrale à charbon de Jorf Lasfar. Elle vise également la maîtrise de la demande électrique à travers l'instauration d'une tarification incitative et sociale, la généralisation des LBC, l'optimisation de l'éclairage public et le Programme National d'Efficacité Energétique… », a-t- elle ajouté. Pour ce qui est du sujet de cette journée, elle a indiqué que cette stratégie sert aussi à préserver l'environnement et à assurer un développement durable, a-t-elle affirmé. Ce qui a été soulevé aussi lors de cette rencontre est que la production des déchets solides ménagers en milieu urbain s'élève actuellement à près de 18.000 tonnes par jour, soit une production annuelle d'environ 6 millions de tonnes. « C'est un problème de taille qui menace sérieusement l'environnement au Maroc », a noté un ingénieur- agronome et expert au PNUD. Un autre point, certes inquiétant, soulevé par l'intervenant, est que la production des déchets solides industriels est chiffrée à 975.000 tonnes dont 120.000 tonnes considérés comme dangereuses. On souligne ici que les quantités des déchets médicaux dans la région de Rabat-Salé-Zemmour-Zaîr est de l'ordre de 2440 tonnes par an. Le rôle de la normalisation comme outil de base pour l'accompagnement de la CNEDD a été également mis en exergue lors de cette réunion. « La réussite de cette charte ne peut se faire sans la normalisation qui joue un rôle primordial et nécessaire pour le progrès de l'environnement », a dit un cadre au ministère de la Santé. « La normalisation est un outil susceptible d'apporter une forte contribution pour la mise en œuvre des dispositions de la CNEDD. Ainsi, il s'avère opportun de l'accompagner par l'engagement des différentes parties à s'intégrer dans le Système de Management Environnement (SME) et de certification ISO 14001 V 2004, tout en s'accommodant de la nouvelle norme internationale de la responsabilité sociétale ISO 26.000 en cours d'élaboration », a noté l'intervenant. Lors de cette rencontre, le financement des projets environnementaux a également été discuté, cette fois ci, par un cadre du ministère des Finances. « Tous les secteurs gouvernementaux accordent un intérêt à l'environnement », a-t-il souligné, ajoutant que « le coût de la dégradation de l'environnement au Maroc dépasse les 3% du PIB. C'est un chiffre dangereux ». Face à cette situation, poursuit-il, il est urgent de mettre en œuvre une charte nationale globale de l'environnement et de développement et d'élaborer des projets environnementaux de taille, tout en assurant un financement stable. L'enveloppe budgétaire allouée au département de l'Environnement est en hausse ces dernières années. Elle est passée de 40 millions de dirhams en 2005 à un milliard 324 millions de dirhams en 2010. Pour préserver l'environnement et assurer un développement durable, toujours selon le même intervenant, il est nécessaire d'accélérer le rythme de l'application de la loi 10-95 relative à l'eau et celle concernant l'environnement, ainsi que celui de lutte contre la pollution industrielle et développer des partenariats avec les secteurs productifs. Il faut aussi assurer des ressources financières stables pour financer des projets environnementaux … Dans le même sillage, les participants ont proposé quelques recommandations pour préserver l'environnement et assurer un développement durable : - Faire face à la pollution industrielle ; - Réaliser des projets de développement pour attirer des investissements ; - La normalisation doit tenir compte des spécificités marocaine surtout pour les projets qui n'ont pas de lien avec le consommateur directe ; - Renforcer les moyens humains pour mener le combat contre la dégradation de l'environnement ; - Encourager la recherche-développement dans le domaine de l'environnement ; - Encourager la formation continue ; - Mettre en place un cadre juridique adéquat. Ces recommandations, et d'autres prévues dans les prochains jours, seront adressées au gouvernement via le Secrétariat d'Etat Chargé de l'Eau et de l'Environnement pour qu'elles soient prises en considération par la Charte Nationale de l'Environnement et du Développement Durable.