Pour la première fois en 10 ans, le taux de couverture des importations par les exportations s'est inscrit à 58,5%. Concrètement, la balance commerciale sort de la zone de danger bien qu'elle soit encore largement déficitaire. Les bonnes performances de l'export, combinées aux effets conjoncturels de la baisse des importations, sauvent l'année 2015... mais on ne peut pas en dire autant pour 2016. Les résultats préliminaires des échanges extérieurs pour l'année 2015 fournis par l'Office des changes étaient très attendus. Plusieurs signes laissaient présager que l'année 2015 serait salutaire pour la balance commerciale. Au final, l'on constate, dans le cadre de la dernière note d'information de l'office pour 2015, un important allègement du déficit commercial durant cette année atteignant 35 MMDH. Une bouffée d'oxygène rompant avec la spirale du creusement du déficit qui a prévalu durant les dernières années. Cette situation s'explique certes par une baisse des importations qui ont chuté de 21,5 MMDH, mais il faut dire que l'export marocain a également enregistré l'une de ses plus importantes hausses en culminant à 13,5 MMDH. En effet, les exportations ont poursuivi leur amélioration en réalisant une progression de 6,7% par rapport à 2014. Elles atteignent 214,3 MMDH contre 200,8 MMDH en 2014 et 185,4 MMDH en 2013. Les différentes politiques d'encouragement des exportations et la stratégie de diversification des partenaires commerciaux commencent donc à porter leurs fruits. Automobile, aéronautique, agroalimentaire et phosphates sont décidément les nouveaux porte-étendards de l'offre exportable marocaine. La dynamique des expéditions du secteur automobile s'est poursuivie (+8,4 MMDH) conjuguée aux bonnes ventes des phosphates et dérivés (+6,2 MMDH), et le bon comportement des exportations du secteur de l'«agriculture et agroalimentaire» (+3,9 MMDH). La performance des exportations en 2015 provient également de l'augmentation des exportations des secteurs de l'aéronautique et de l'industrie pharmaceutique. Pourtant, tout le mérite ne revient pas à l'export. L'importante régression des importations a joué un rôle crucial dans l'endiguement du déficit. Les bonnes performances de l'export durant les années précédentes étaient souvent minées par les hausses vertigineuses des importations. Bien que le département du Commerce extérieur ait fait de la régulation et de l'assainissement de l'import une priorité, grâce notamment à une politique de défense commerciale plus agressive, force est de constater que ce sursis était principalement justifié par la baisse de la facture énergétique. Celle-ci a reculé de 25,9 MMDH, du fait de la baisse des cours et des quantités importées, et dans une moindre mesure, du repli des achats de produits alimentaires (-6 MMDH). Résultat: l'import a connu une régression de 5,6% (366,5 MMDH contre 388,1 MMDH en 2014), contre une augmentation de 1,1% un an auparavant. Par ailleurs, les acquisitions de biens d'équipement (+6,4 MMDH), de demi-produits (+4 MMDH) et de produits bruts (+0,8 MMDH) s'inscrivent en hausse, rassurant la bonne tenue des activités industrielles. Il est à noter qu'en dehors des approvisionnements en produits énergétiques, les importations augmentent de 4,4 MMDH, soit une progression de 1,5%. Ainsi, le déficit commercial recule à 152,3 MMDH au lieu de 187,3 MMDH un an auparavant, et le taux de couverture atteint le seuil de 58,5% alors qu'il oscillait entre 51,7% en 2014 et 53,8% en 2005. Reste que cette bonne performance semble plus conjoncturelle que structurelle. Une hausse du prix du baril combinée à la probable stagnation des exportations automobiles et du recul des expéditions agricoles durant l'année 2016 pourrait faire inverser la tendance. Vigilance donc... Les IDE poursuivent leur hausse Le flux d'IDE s'est élevé à 31,1 MMDH contre 29,9 MMDH en 2014, soit une hausse de 4% ou +1,2 MMDH. Ce résultat est à attribuer à l'accroissement des recettes (+2,5 MMDH), plus important que celui des dépenses (+1,3 MMDH). S'agissant des flux financiers, les recettes MRE enregistrent pour la deuxième année consécutive une progression (+3% ou +1,8 MMDH en 2015, et +3,6% ou +2,1 MMDH en 2014). A l'inverse, les recettes touristiques enregistrent un repli de 1,4% ou -0,8 MMDH, et ce après une hausse de 3% ou +1,7 MMDH un an auparavant).