L'un des évènements phares qui marqueront la fin de l'année est, comme il est de tradition, et mis à part le scrutin du 25 novembre prochain, l'examen de la loi de Finances pour l'exercice 2012. Un évènement très attendu par les principaux acteurs économiques et institutionnels, surtout en cette période d'incertitudes liées aux multiples fluctuations que connaît la conjoncture nationale et internationale. Alors que le les orientations générales du Budget sont en discussion et devraient être remis, selon le calendrier fixé, le 19 septembre au niveau du Parlement, les premières indiscrétions font état d'un budget assez réaliste, en tout cas meilleur que son précédent. Principale raison, les experts du ministère de l'Economie et des finances ont, pour cette fois, joué la prudence, notamment sur les principaux risques qui sont de nature à perturber la bonne exécution du budget national. C'est, en tout cas, ce que nous a confié une source proche du dossier, qui confirme que pour la nouvelle année, le prix du baril du pétrole sera adossé à une hypothèse plus réaliste occupant une place médiane entre les différents pronostics établis par les analyses et expertises internationales en la matière. Une manière de se mettre à l'abri d'une quelconque perturbation du cours du précieux métal, comme pour la préparation de la loi de 2011 où le gouvernement, prenant à contrepied toutes les analyses, a préféré tabler sur la prévision minimale à 75 dollars le baril. On sait ce qui est arrivé par la suite, les cours de l'or noir ont connu une fulgurante ascension, avec des niveaux qui ont flirté avec 130 dollars le baril ! Prudence Pour le prochain exercice, le gouvernement semble donc jouer la prudence. Selon notre source, l'hypothèse de base a été calculée sur un baril au-dessus de la barre des 100 dollars. Un choix assez judicieux puisqu'il cadre, dans une large mesure, avec la fourchette des principaux scénarii établis par divers organismes internationaux sur l'évolution du cours du pétrole les prochaines années. Dans son budget économique exploratoire pour l'année 2012, le HCP prévoit que «pour l'ensemble de l'année 2011 le cours moyen devrait s'établir à près de 108 dollars le baril au lieu de 79 dollars en 2010 et se maintenir aux environs de ce niveau durant l'année 2012». Il s'agit du scénario le plus réaliste qui table sur la poursuite du statu quo actuel, c'est-à-dire un niveau compris entre 100 et 120 dollars en fonction d'éventuelles fluctuations mineures qui n'impacteront pas la douloureuse reprise économique mondiale. Cette dernière continuera, par conséquent, à évoluer selon les prévisions de croissance au niveau mondial, c'est-à-dire 4,2% en 2011 et 4,5% en 2012. Le HCP a, par exemple, prévenu que «le renchérissement des cours de pétrole devrait, par ailleurs, subir les effets de la persistance de la dépréciation du dollar américain, suite à la politique d'assouplissement monétaire des Etats-Unis». Si cette hypothèse paraît la plus probable au regard de la situation au niveau international ainsi que les perspectives à brève échéance, et malgré le risque de récession, des scénarios moins reluisants voire alarmants, ne sont pas à écarter, préviennent dans le même temps les spécialistes. La récession économique qui guette l'économie mondiale au vu de la situation dans la zone euro et aux Etats-Unis constituerait un cauchemar au cas où elle s'accentuait. Le baril pourrait alors chuter à moins de 80 dollars en raison notamment d'un tassement de la demande mondiale de brut, entraînant du coup celle des cours et un plongeon de la croissance mondiale qui n'atteindrait pas les 1%. Selon un autre cas de figure, le baril dépasserait plus de 300 dollars en 2012 ! Un scénario qui ne pourrait se produire, relativisent les experts de la banque d'affaires française Natixis, que si la situation actuelle, marquée par divers conflits dans le monde arabe et des foyers de tensions au niveau de plusieurs pays membres de l'OPEP (Iran, Arabie saoudite, Angola, Nigeria,...) empire. Pour Patrick Artus, de Natixis, «la déstabilisation de l'Arabie saoudite ou de l'Iran entraînerait immédiatement le triplement des cours du brut». Dans les trois cas, il apparaît clairement que l'hypothèse mise en avant par les services de Mezouar dans la préparation de la prochaine loi de Finances prêche la prudence. Une telle approche est de nature à permettre facilement les corrections, en fonction de l'évolution de la situation sans, réellement, perturber son exécution en raison d'éventuelles fluctuations. Ce qui est par conséquent certain, c'est que le Maroc continuera à souffrir encore longtemps de la facture pétrolière, au gré des mutations qui affectent la scène internationale. Une autre source d'inquiétudes permanente, cette fois, surtout que les perspectives sur les cinq prochaines années ne sont guère plus reluisantes.