Que ce soit la croissance, le chômage, l'inflation, les recettes fiscales, l'investissement… les estimations pour la LF 2011 sont réalistes et réalisables, selon AWB. Le prix retenu pour le baril de pétrole est largement en deçà des prévisions à l'international et risque de perturber le budget alloué à la compensation. La croissance économique du Maroc a accédé à un nouveau palier atteignant les 4,8% durant le dernier quinquennat. En effet, elle a maintenu son dynamisme en dépit des années de sécheresse et des perturbations constatées au niveau mondial. C'est ce qui ressort d'une étude publiée dernièrement par Attijariwafa bank commentant les hypothèses de la Loi de Finances 2011. Cet indicateur a une influence directe sur les autres estimations retenues par AWB, jugeant en gros que le budget est crédible et que le déficit est réalisable. Les autres conclusions de cette étude soulignent que les hypothèses de la croissance sont dignes d'un pays émergent, que le budget alloué à la compensation est sous-évaluée et ne reflète pas la réalité des cours à l'international des produits subventionnés. L'investissement, pour sa part, se dresse comme un coussin suffisamment malléable pour maintenir l'équilibre du budget. Enfin, le document souligne que le budget, qui est maintenu au-dessus du seuil de 3%, témoigne du maintien de la politique expansive. Dans le détail, l'étude AWB souligne l'impact de la crise internationale sur l'économie marocaine, ce qui est visible au niveau du PIB non agricole qui, après plusieurs révisions à la baisse, s'est affiché à 1,9% en 2009, son niveau le plus faible depuis 1993. Pour 2010, les analystes d'AWB estiment que c'est une année de reprise avec, à l'appui, les chiffres satisfaisants de certains indicateurs comme la croissance de 25% des exportations, la progression des transferts des MRE de 8%, l'augmentation des crédits de 10% et celle du taux d'utilisation des capacités de production à 70%. Pour 2011, la LF table sur une croissance de 5%, un objectif meilleur que celui de 2010. L'étude d'AWB met en exergue la divergence des hypothèses du HCP et du CMC. Mais chaque organisme se base sur le comportement du secteur agricole qui ne peut annoncer une bonne campagne qu'à partir du mois de mars prochain. La croissance est également confortée par une consommation intérieure soutenue. Celle des ménages reste le principal moteur de la croissance. Elle est estimée pour la LF 2011 à une croissance à 7,9%. Le taux de chômage, pour sa part, est resté inchangé. Malgré la crise internationale, le niveau de l'emploi en 2010 est resté quasi identique à celui de 2009. En effet, son taux est resté limité à 8,2% tandis que le taux de croissance des crédits à la consommation semble s'approcher d'un point d'inflexion de 10%. Pour l'investissement, la LF 2011 table sur un taux de 35% du PIB, l'un des plus élevés dans le monde. Les analystes d'AWB estiment que «le niveau de progression des investissements a toutes les chances d'être atteint». A cet égard, ils avancent trois raisons : la première est liée à la confiance affichée des industriels marocains, la deuxième concerne les crédits à l'équipement et celui de l'habitat qui ont progressé respectivement à fin octobre 2010 de 17% et de 12,1% et, enfin, la troisième raison est liée à l'effort colossal de l'investissement public qui est estimé à 166 Mds de DH pour 2011. L'étude d‘AWB note la persistance d'un déficit commercial estimé à 182 Mds de DH pour 2011, soit 21,8% du PIB. «Ces estimations sont toutefois difficiles à valider vu la volatilité des prix des matières premières (phosphates et pétrole) et leur part prépondérante dans nos échanges commerciaux», indique-t-on à AWB. Pour l'inflation, l'étude souligne le consensus général en la matière, notamment de Bank Al-Maghrib et du HCP sur un taux de 2,3%. Les réserves de l'étude touche notamment le prix du baril de pétrole adopté par la LF 2011 arrêté à 75 dollars, alors que toutes les estimations à l'international tablent sur un cours largement supérieur. Cette hypothèse est fondamentale pour la LF car elle impacte directement le budget alloué à la compensation qui engloutit 10% des dépenses générales. «C'est l'hypothèse la plus incertaine et la plus difficile à approcher, car la volatilité des prix s'est exacerbée», indique-t-on à l'étude (AWB). En effet, la LF de la France table sur un cours de 80 dollars, la BCE estime le baril à 84 dollars et l'Agence de l'énergie américaine prévoit 83 dollars. Selon l'étude AWB, «le niveau de 75 dollars serait très proche de la barrière basse d'un canal à l'intérieur duquel le cours du pétrole devrait évoluer tout au long de 2011. Ce canal devrait avoir comme bornes 70 et 110 dollars. Le baril moyen devrait, quant à lui, se situer à 85 dollars».