Avec l'évolution à la hausse de ses prix, le pétrole refait parler de lui. Les analystes placent la fourchette entre 90 et 100 dollars pour 2011. La loi de finances marocaine pour 2011 base son budget sur un prix de 75 dollars. Au Maroc, la part des produits pétroliers dans la balance énergétique représente près de 60% du total. Pour la période Janvier-octobre 2010, le Maroc a totalisé quelque 20,6 milliards de DH d'importations de pétrole, soit 7 milliards de plus qu'en 2009 pour la même période. Dans l'optique d'une augmentation des prix du pétrole de pair avec la demande en hausse, prouvée, du royaume de l'or noir, l'hypothèse retenue par la la loi de finances marocaine de 2011, qui base ses calculs sur un prix de 75 dollars le baril, pourrait fausser les calculs de l'équipe de Salaheddine Mezouar. Pétrole : un pic en vue pour 2011 Cela fait combien de temps qu'on n'entend plus parler de pic en parlant des prix du pétrole ? Cela risque d'être remis au goût du jour au vu des derniers développements concernant l'or noir au moment où 2010 tire vers sa fin. D'abord, l'OPEP (organisation des pays exportateurs de pétrole) a décidé de ne pas augmenter ses quotas de production pour 2011. Dans ce sens, le but de la réunion prévue courant décembre en Equateur est de faire en sorte que tous les pays du cartel respectent ce mot d'ordre : un quota fixé à 24,8 millions de barils par jour (bpj). L'OPEP justifie sa décision d'une part, par les niveaux de prix raisonnables du pétrole, et d'autre part, par la hausse des prix des produits alimentaires conjuguée à la baisse du dollar américain. Pour sa part, l'EIA (agence américaine de l'énergie) table pour 2011, sur une hausse de la consommation mondiale de 2,5 millions de bpj. L'EIA précise que cette augmentation ne pourra pas être satisfaite par la production des pays non-OPEP. Selon l'Agence US, leur production va même décliner de quelque 140.000 bpj pour 2011 : une baisse de 0,42% par rapport à 2010. Le rapport de l'agence gouvernementale américaine fait état d'une demande globale de 86,9 millions de bpj en 2010 et de 88,3 millions de bpj pour 2011. Devant l'improbabilité des producteurs non-OPEP de produire assez de pétrole pour combler ce besoin, cela devrait entraîner logiquement une hausse du prix du pétrole en 2011. D'autre part, la banque centrale américaine a annoncé, la semaine dernière, qu'elle injecterait 600 milliards de dollars pour accompagner la reprise de l'économie américaine. Une annonce qui a précipité les boursicoteurs vers les matières premières. Ces développements ont fait qu'en une semaine, le baril de pétrole s'est valorisé de 7 dollars sur la bourse de New York. Certains analystes parlent déjà d'un palier de 90 dollars dépassé avant la fin de l'année. Bank of America Merril Lynch évoque la barre des 100 dollars dès le début de l'année 2011. Une hypothèse à la vie courte ? «Le prix du pétrole pourrait grimper de façon spectaculaire. Les conséquences sur la demande et l'économie marocaine modifieront les hypothèses de la LF 2011», constate un économiste marocain. Dans le cas où les pronostics de l'EIA, de l'OPEP et des sociétés de bourse américaines débouchent sur un prix du baril entre 90 et 100 dollars, cela équivaudrait à un surcoût compris entre 15 et 25% pour 2011 par rapport à l'année 2010, et cela à quantités constantes. Comme à l'habitude, si un tel scénario, fort probable en passant, se concrétisait, les regards se tourneront vers la caisse de compensation des prix. Salaheddine Mezouar promet un meilleur ciblage des interventions de la caisse de compensation pour l'année prochaine, un peu à l'image de l'approche brésilienne. Dix-sept milliards de DH y sont consacrés pour 2011. Serait-ce suffisant ? Pour rappel, le budget alloué à la caisse de compensation pour l'année 2010, de l'ordre de 14 milliards de DH, a été largement épuisé, et accuse avant clôture un déficit de 11 milliards de DH. Dans cette optique, le système de veille mis en place par le gouvernement marocain tentera-il à temps quelque chose ?