* La valeur ajoutée agricole dope la croissance. * La progression de l'inflation est estimée à 3,2%. Les prévisions de croissance au Maroc, au titre de l'année 2006, sont revues à la hausse. Les 5,7% arrêtés par la Loi de Finances seraient dépassés. Les analystes et autres observateurs commencent déjà à parler d'un taux de plus de 7%. Et pour cause, les indicateurs du premier trimestre sont très favorables malgré quelques contraintes. C'est le Centre marocain de conjoncture (CMC) qui a ouvert le bal des corrections prévisionnelles en annonçant un taux de croissance de 7,1% et celui de l'inflation de 3,23%. Les autres organismes habitués à donner des estimations prévisionnelles comme le ministère des Finances, le Haut Commissariat au Plan (HCP) ou Bank Al-Maghrib, ne vont pas tarder à revoir à la hausse les chiffres de croissance. Mais les analyses du CMC revêtent une importance particulière, car ce centre est un organisme privé dont l'objectivité des études est primordiale, d'autant plus qu'il est dirigé par d'éminents professeurs universitaires et des chercheurs. Le comportement favorable de la campagne agricole a été le facteur le plus déterminant dans la croissance. En effet, les résultats prévisionnels présentés par le ministère de l'Agriculture, du Développement rural et des Pêches maritimes à la mi-mai, estiment la récolte à 86 millions de quintaux soit la deuxième meilleure saison en 30 ans. Les autres filières agricoles, notamment celles tournées vers l'export, ont manifesté aussi les signes d'un dynamisme hors pair. Pour rappel, la Loi de Finances s'est basée sur une saison moyenne de 60 millions de quintaux «L'économie marocaine devrait connaître un véritable rebond d'activité en 2006, animée en cela par le comportement très favorable du secteur agricole avec des effets d'entraînement sur les autres secteurs », indique-t-on auprès du CMC. «La configuration sectorielle de la nouvelle dynamique de croissance fait apparaître une participation significative de l'ensemble des activités avec une valeur ajoutée agricole qui afficherait une progression estimée, sur la base des données actuelles, à 26,7 % », ajoute la même source. La même ferveur d'optimisme est perçue chez le HCP qui a annoncé que «les perspectives de croissance en 2006 sont prometteuses, liées en cela à un environnement économique mondial très porteur avec, notamment, l'amélioration de la croissance dans les pays européens et la bonne tenue des échanges internationaux». Ainsi les échanges extérieurs devraient profiter de la relance mondiale. La demande à destination des produits marocains va doper les exportations qui vont progresser de 10,9%. Alors que les importations garderaient le même niveau d'évolution, à savoir dans les 11,2%. Au niveau sectoriel, le BTP continuera sur sa lancée progressive, soutenu en cela par le vaste programme de logement social et les grands chantiers d'infrastructures de base. Son taux de croissance est estimé à 7%. Quant aux industries manufacturières, elles devraient évoluer à un rythme légèrement plus soutenu que l'année dernière, soit 3,4%. On note une relance de certains secteurs liés à l'export comme le textile, le cuir, l'agroalimentaire et la pêche. Les autres secteurs comme le transport, les télécoms et le commerce devraient eux aussi, à leur tour, tirer profit de cette dynamique. Pour ce qui est des finances publiques, le retour de la croissance va soulager les dépenses, notamment celles liées aux charges exceptionnelles comme le soutien aux agriculteurs et favoriser les recettes, surtout fiscales. Mais le renchérissement de la facture pétrolière devrait toujours accentuer les charges de compensation et impacter davantage la balance commerciale. Les tensions sur la demande du pétrole et le climat très tendu concernant plusieurs pays exportateurs (Iran, Irak, Nigeria, Vénézuela ) devraient tirer vers le haut le prix du baril. Les cours, selon tous les observateurs spécialisés en la matière, vont se situer aux alentours de 70 dollars le baril et plus alors que la Loi de Finances a prévu 60 dollars. Mais les transferts des MRE et les recettes du tourisme, estimés respectivement à 4 et 4,5 milliards d'euros, devraient atténuer l'impact de la hausse de le facture pétrolière. Les transferts des MRE seraient dopés en particulier par la reprise en Europe où plus de 80% de nos expatriés sont installés. En revanche, la vision 2010 en matière de tourisme est sur le bon chemin. La promotion du produit Maroc auprès des marchés émetteurs et l'offensive sur de nouveaux marchés semblent donner leurs fruits. L'Open Sky et l'entrée en jeu des compagnies low-cost devraient générer 500.000 visiteurs de plus. Le Royaume serait sur le point cette année de battre un nouveau record d'arrivées. Le chiffre de 6 millions de touristes étrangers est réaliste et réalisable. Les prévisions du CMC pour l'investissement tablent sur une hausse en valeurs nominales de 11,2% à la faveur d'une reprise prévisible des flux de capitaux étrangers doublée de la tendance au redressement de l'investissement privé et des équipements publics. Cette tendance, avec l'évolution favorable de la campagne agricole, devrait stimuler la création d'emplois. Il est à rappeler que les chiffres du HCP concernant l'emploi durant le premier trimestre montrent que le taux est descendu sous la barre fatidique des 10%. La tendance à la baisse du chômage devrait se poursuivre avec les signes de la relance.