Le secteur de la restauration collective n'est plus le seul cheval de bataille des principaux acteurs du marché. Pour survivre, plusieurs ont décidé d'ajouter de nouvelles cordes à leur arc. Newrest, leader du marché, a déjà investi le catering aérien alors qu'Ansamble pense à lancer de nouvelles activités en 2016. Sodexo, quant à lui, investit le Facility Management. La restauration collective est en plein développement au Maroc. Les plus importants acteurs du secteur au Maroc, à savoir Newrest, Ansamble et Sodexo se partagent ce marché juteux certes, mais qui montre quelques signes de saturation, d'où une volonté de diversification. Entre restauration dans les entreprises, hôpitaux, cités universitaires ou centres pénitentiaires, les acteurs du marché se multiplient sans que la croissance soit réellement conséquente. Selon Asmae Souitat, responsable marketing et communication d'Ansamble Maroc, groupe français présent en Roumanie, en Mauritanie, au Congo, au Qatar, à Abu Dhabi et en Turquie, il y aurait un foyer de croissance très important au Maroc. «Je cite notamment la restauration scolaire dans le secteur public, la restauration scolaire privée étant déjà en voie d'externalisation totale», déclare-t-elle. Malgré cela, la diversification s'impose. C'est la raison pour laquelle les acteurs du marché explorent de nouvelles activités. À chacun son approche ! À titre d'exemple, Sodexo a préféré se diriger vers le Facility Management qui regroupe le gardiennage, le nettoyage, la sécurité et l'entretien, une branche dont la croissance était, d'après sa directrice générale Mouna Fassi Daoudi, très intéressante durant les cinq dernières années. Selon la responsable, Sodexo est le seul acteur du marché à être intégrateur de services. «Cela se traduit concrètement par la capacité à gérer, pour un même client, des services aussi diversifiés que la restauration, le nettoyage, l'accueil, la gestion des espaces verts, et d'assurer toute la maintenance technique des bâtiments et équipements. Notre vocation est d'être le partenaire de choix de nos clients en étant un interlocuteur unique à même de gérer, en propre, un ou plusieurs services», affirme ainsi Mouna Fassi Daoudi, qui a été propulsée au poste après 14 années de service. Aujourd'hui, Sodexo se positionne dans un marché du multi-services et multi-techniques qui concentre un chiffre d'affaires de près de 600 MDH. Sodexo a généré un chiffre d'affaires au 31 août 2015 de 160 MDH, mais continue à exploiter 83 sites sur le territoire national, sert quotidiennement 25.000 repas en moyenne et emploie 900 personnes. Par ailleurs, le numéro 1 de la restauration collective demeure Newrest Maroc. Celui-ci accapare près de 75% de parts de marché, sert 97.000 repas/jour et génère 495 MDH de chiffre d'affaires dans cette seule activité. Son management dit avoir beaucoup «appris» de son partenaire marocain Rahal, actionnaire à hauteur de 34% du groupe. «Nous avons plus de 30 ans d'ancienneté au Maroc. Pour Newrest, déjà présent dans 49 pays, la culture de joint-venture est déjà très présente partout dans le monde. Le cumul de culture renforce l'entreprise. Rahal nous accompagne dans le développement, les prestations traiteur, les synergies... Il reste minoritaire et n'a pas de rôle de management dans le groupe», explique Olivier Suarez, PDG de Newrest Maroc. En effet, l'activité de restauration collective est particulièrement florissante pour Newrest qui est arrivée à fidéliser d'importants clients tels que l'hôpital Cheikh Khalifa et les CHU de Casablanca et de Marrakech, les centres pénitenciers où le groupe français encadre des équipes formées pour préparer les repas ou encore les centres universitaires de Settat, Oujda, Agadir et bientôt Fès, entre autres. Néanmoins, dans ce domaine, Newrest Maroc est maintenant challengée par Ansamble Maroc, un groupe français créé en 2009 qui exploite aujourd'hui plus de 60 restaurants et sert plus de 60.000 repas par jour. L'aérien, l'autre niche «Ansamble Maroc a en réalité très vite progressé. En plus de la restauration collective, nous sommes présents dans la restauration mixte ou plus exactement dans la restauration commerciale. Nous avons l'expérience de deux restaurants inter-entreprises, l'un au Casanearshore de Casablanca, et l'autre au Rabat Technopolis. Nous estimons notre part de marché à environ 25% en tant que n°2 avec 201 MDH de chiffre d'affaires en 2014 et 280 MDH en 2015, soit une progression de 40%. Mais à ce jour, nous n'avons pas d'idée sur ce que représente l'activité des petits acteurs du marché», dévoile Asmae Souitat. Challengée par Ansamble et d'autres petits acteurs du marché, Newrest décide d'évoluer vers d'autres activités. Elle investit massivement le créneau du catering aérien. Sa filiale Newrest Maroc Inflight a déjà réalisé 130 MDH de CA en 2014. «Nous avons investi 2 millions d'euros dans une cuisine à l'aéroport de Casablanca. Nous opérons le catering des vols de Saudi Airlines, Turkish Airlines et Lufthansa. À Rabat, nous sommes chargés des vols d'Air France, des vols VIP de RAM et des vols des FAR (Forces armées royales). À Tanger, nous opérons sur les marchés de RAM, Air Arabia, les charters et VIP», déclare Olivier Suarez. Au final, la diversification n'est pas l'apanage des grands opérateurs. Au bout de 6 années d'activités au Maroc, celle-ci envisage déjà de passer d'une seule activité en 2014 à cinq en 2016, dont certaines s'adresseront au grand public et d'autres continueront à être orientées vers une clientèle constituée de professionnels.