L'heure n'est plus aux devinettes météo ou aux espoirs de quelques miracles divins pour des pluies faites sur mesure. Le secteur agricole ne veut plus prendre de risque avec le climat. Il faudra désormais compter avec un nouveau produit d'assurance «multirisque climatique», qui vient renforcer l'attirail de la Mutuelle agricole marocaine d'assurances (MAMDA). En effet, c'est en milieu de semaine que cette structure publique d'assurance agricole a signé avec le ministère de l'Economie et des finances une convention relative à la mise en place de ce nouvel instrument. C'est une retombée directe de l'aboutissement des deux premières phases de l'étude de Capital Consulting, portant sur le système national d'assurance agricole. En effet, en tête des trois options d'assurance proposées par les experts du cabinet privé, figurait l'assurance multirisque pour les filières végétales. Cette dernière devrait en effet offrir l'avantage de mutualiser un ensemble de risques, en l'occurrence climatiques. Aujourd'hui, les départements de Mezouar et d'Akhannouch sont rapidement passés à l'acte. «C'est un produit d'assurance dont l'objet est d'apporter une solution de couverture des récoltes céréalières et légumineuses;,contre un ensemble de risques climatiques, et cela sur tout le pays», a expliqué Hicham Belmrah, le président du directoire de MAMDA, cosignataire de la convention et qui aura à charge le volet commercialisation. Concrètement, 300.000 hectares sont visés en termes de superficie couverte, dès la prochaine campagne agricole (2011-2012). Ce chiffre devrait être porté à un total atteignant le million d'hectares à l'horizon 2015... là où il n'est encore que de 100.000 hectares actuellement, pour la garantie sécheresse. L'Etat met la main à la poche Pour Mezouar, c'est une histoire de promesse tenue. Le produit devrait en effet bénéficier, selon le ministère de l'Agriculture, «d'une contribution financière de l'Etat visant à augmenter la pénétration de ce produit, située entre 53 à 90% en fonction du niveau de garantie». Le «petit agriculteur» n'aurait ainsi à s'acquitter que d'un montant de cotisation qui ne devrait pas dépasser 26 DH/ha. «Pour les niveaux de garantie supérieurs, les montants de cotisation se situeront entre 183 et 368 DH/ha». L'idée ici est claire : mettre la main plus profondément dans la poche de l'Etat, pour alléger les charges liées à l'assurance, qui peuvent être parfois très pesantes sur le dos des producteurs. L'assurance «multirisque climatique» présente ainsi des améliorations par rapport à l'actuel programme de garantie de la production céréalière contre la sécheresse. La transformation même «d'une garantie d'Etat en un véritable produit d'assurance», est déjà un bon pas. Ce fait semble découler du diagnostic dressé par Capital Consulting sur ce programme de garantie sécheresse, qui préconisait sa réforme pour corriger plusieurs dysfonctionnement relevés. Ces derniers sont surtout relatifs à la «complexité de sa mise en œuvre», au retard dans les procédures d'indemnisation, à la faiblesse des taux d'immatriculation des parcelles, ainsi qu'à l'insuffisance des niveaux de garantie. Au final, ce sont les interprofessions agricoles, notamment celle de la filière céréalière, qui voient leurs longues années de patience enfin rétribuées. Une nouvelle façon de s'assurer... Outre l'apparence «produit», la nouvelle assurance «multirisque climatique» présente bien d'autres améliorations. L'une d'entre elles est constituée par l'extension de la couverture à d'autres grands risques climatiques, en plus de la sécheresse, que sont la grêle, le gel, les vents violents, les tempêtes et tornades, les vents de sable et l'excès d'eau. À cela s'ajoute aussi l'élargissement géographique - à l'échelle territoriale - de la couverture, mais aussi en termes de types de cultures prises en charge. Cela devrait ainsi être le cas pour les productions de maïs et de légumineuses, qui viennent s'ajouter aux ressources à assurer. Ce point fera bien des heureux chez les petits agriculteurs, s'agissant de l'augmentation des niveaux de garantie à 45% (niveaux de garantie de 1.450 DH/ha, 2.900 DH/ha et 4.350 DH/ha). Pour rappel, la sécheresse a été identifiée comme le risque le plus important auquel les exploitants agricoles sont confrontés. Elle représenterait, selon l'étude de Capital Consulting, 41% des expositions des chiffres d'affaires du secteur, toutes filières confondues.