Dina Hessissen : Directeur associé chez Licorne Group Pour Dina Hessissen, ce processus doit désormais figurer au nombre des chantiers prioritaires des entreprises. Celles-ci devront cependant faire preuve d'agilité et d'innovation pour y parvenir. Les ECO : Quelles sont vos attentes par rapport au Sommet national de la transformation digitale qui s'ouvre aujourd'hui à Casablanca? Dina Hessissen : Le Sommet national de la transformation digitale est avant tout un espace d'échange de savoir et savoir-faire entre professionnels et experts nationaux et internationaux. Ce sommet est le résultat d'une réflexion menée avec notre partenaire Poros suite à l'expression d'un besoin bien défini qui nous a été exprimé dans un événement organisé l'année dernière et où Matthieu Chéreau était intervenant. Nous nous sommes rendu compte que sur la dynamique de la transformation digitale est bel et bien lancée au Maroc depuis quelques années et que les professionnels n'ont plus besoin des discours et des grandes annonces mais plutôt d'expertise. Nous avons donc voulu un événement qui donne la part belle aux one-to-one et aux témoignages de professionnels marocains dans différents secteurs qui ont accepté de partager avec les participants leurs expériences respectives. Le Sommet vise donc à réunir tous les dirigeants qui souhaitent comprendre et conduire la transformation digitale au sein de leurs organisations. Quels sont les enjeux de la transformation numérique pour les entreprises en général et pour les entreprises marocaines en particulier ? À première vue, la transformation digitale semble être un sujet relativement facile, mais une fois évoquées les généralités, difficile d'être précis, ou même exact. Victime de son succès, la transformation digitale fait l'objet de trop d'idées préconçues, qu'il importe aujourd'hui de comprendre et de dépasser. Beaucoup pensent encore que la transformation digitale est une affaire de technologie. Celle-ci n'est pourtant qu'un moyen pour parvenir à une fin plus profonde, qu'il faut avoir en vue dès le début, au risque de se perdre en cours de route, et de ne jamais parvenir à achever sa transformation. Les experts s'accordent à dire que c'est à la direction qu'il revient de donner l'impulsion de la transformation digitale, ce qui pose la question de l'implication des équipes, de l'organisation à adopter en interne et des process à mettre en place. La transformation ne se décrète pas, mais résulte de l'acquisition de connaissances et surtout de compétences nouvelles. En même temps, la notion d'urgence liée à cette transformation complique parfois la tâche à certaines entreprises il est donc important de savoir quel doit être le point de départ et le sens que l'on veut donner à la transformation, de donner au leadership les moyens nécessaires et insuffler une vision claire. En gros, la transformation digitale est une véritable mutation dans la manière de travailler qui nécessite agilité et innovation. Pouvez-vous d'ors-et déjà faire un état des lieux au niveau national ? Il n'y pas vraiment de chiffres exacts à ce stade, mais uniquement des tendances. C'est pour cela que le Sommet national de la transformation digitale a initié une étude dont les résultats seront dévoilés ce jeudi. Mais ce que je peux déjà dire c'est que les tendances sont tout à fait encourageantes et vont dans le sens d'une dynamique déjà installée et d'une prise de conscience générale de l'importance de ce grand chantier qui concerne aussi bien les entreprises privées que les organismes publics et nous en aurons la preuve durant ces deux jours de travail et d'échange. Les entreprises marocaines disposent-elle d'atouts pour aborder cette transformation ? Bien sûr, les entreprises marocaines ont aujourd'hui un contexte idéal avec une volonté politique affichée au plus haut niveau de l'Etat à travers une stratégie nationale et plusieurs initiatives privées aussi. Je pense notamment à Maroc Numéric 2013 qui illustre bien la vision du gouvernement désireux de moderniser l'économie nationale par le digital. Il y a eu également l'initiative du GAM qui a été à l'origine d'une réflexion sérieuse sur le digital à travers son étude rendue publique l'année dernière et complétée par le Moroccan Digital Summit. La voie est tracée et à chaque entreprise de faire les choix techniques adaptés à son secteur d'activité. Quelles perspectives ce processus ouvre-t-il à ces entreprises ? Pour l'entreprise, la transformation digitale est synonyme de simplification et d'automatisation des processus et des intéractions, ce qui représente des opportunités de réduction des coûts très recherchées par le management, notamment dans les entreprises de taille moyenne dans un contexte de plus en plus marqué par la crise économique, tous secteurs confondus. La transformation digitale, partout dans le monde a ainsi été érigée en chantier prioritaire et stratégique des comités de direction. Mais il existe plusieurs transformations digitales : cela peut concerner les produits et services, les politiques d'innovation, la relation client, les méthodes de travail, la gestion des marques... Les enjeux sont donc multiples mais le défi est de ne pas rater ce rendez-vous avec l'histoire de l'économie nationale car les technologies et les usages consommateurs évoluent aujourd'hui plus vite que la capacité des organisations à s'adapter. Aucune entreprise ni organisation n'est aujourd'hui à l'abri. Toutes se doivent de repenser leurs modèles économiques, leur organisation, leurs process, leurs compétences et surtout la manière dont elles se proposent de servir l'intérêt de leurs clients. Et justement, le Sommet se propose de faire le point sur ces principaux défis, et en proposant aux participants d'échanger de façon concrète sur les bonnes pratiques pour mieux préparer demain.