La ministre Hakima El Haite a financé un projet sur les cuiseurs solaires à Chichaoua./DR Le Morocco Solar Festival a débuté ce matin à Ouarzazate avec une conférence sur le solaire à l'université de la ville. Une rencontre au cours de laquelle Hassan Bahrani, fondateur de Solarama Energy & Services, société spécialisée dans la fabrication de cuiseurs solaires, a exposé son activité. Il ressort de son discours qu'au Maroc, il est difficile de changer les habitudes de cuisson, outre la cherté des cuiseurs solaires qui peuvent pourtant aider à limiter la déforestation. Hassan Bahrani, qui a installé une société de fabrication de cuiseurs solaires à Marrakech, a constaté à ses dépens, en essayant de vendre des fours revêtant la forme de paraboles et permettant de cuisiner en utilisant la seule énergie solaire, que l'adage «C'est dans les vieilles marmites qu'on fait les meilleures soupes» est une idée encore communément admise. Pour cuisiner au moyen d'une casserole de 3 litres, il faut par exemple 30 minutes de cuisson solaire. Les cuiseurs solaires que fabrique Hassan Bahrani ont donc démontré leur efficacité, mais faire leur promotion et amener les gens à les utiliser n'est pas chose aisée. La faute aux vieilles habitudes, mais également à la cherté du produit. Car pour s'offrir un four solaire, il faut débourser 2.500 DH. Un coût qui reste très élevé, surtout pour la cible du jeune entrepreneur, consultant en Business Intelligence au départ. Lutter contre la déforestation Son objectif, à la base, était de contribuer à la lutte contre la déforestation au Maroc, en mettant à la disposition des populations habitant les lisières des forêts ses cuiseurs solaires pour qu'elles arrêtent de couper du bois. «Chaque année, la déforestation touche 30.000 hectares de forêt au Maroc, alors que le pays ne dispose que de 9 millions d'hectares de forêt en tout, ce qui est peu par rapport à d'autres pays», constate Hassan Bahrani. Hassan Bahrani, fondateur de Solarama Energy & Services./Saad Alami Avec ses cuiseurs solaires, il essaie de limiter l'impact de cette déforestation, dans un pays où la «désertification est rampante». Mais après avoir mené deux projets de promotion de la cuisson solaire, un à Chichaoua, financé par le ministère de l'Environnement et un autre au Burkina Faso, financé en partie par l'ONU, Hassan Bahrani a constaté la difficulté à faire changer les habitudes des «consommateurs». Les «bonnes» vieilles habitudes «À Chichaoua, nous avons distribué une vingtaine de cuiseurs solaires gratuitement. Cela n'est pas suffisant car il faut par la suite parvenir à inculquer aux gens cette nouvelle façon de cuisiner. Mais un problème culturel se pose, et je me rends compte que c'est un réel blocage», dixit Hassan Bahrani. Les personnes, habituées à cuisiner au charbon, au bois ou au gaz, ont du mal à adopter la cuisson solaire, commente-t-il. Au Burkina Faso, par exemple, où il a distribué 1.000 cuiseurs solaires, en partenariat avec la Fondation EDF, «20 à 30% des cuiseurs ont fini à la poubelle», regrette Hassan Bahrani. Cherté du produit Outre l'adoption même des cuiseurs solaires, c'est le prix qui reste cher. «La plupart de mes clients sont des gens fortunés et ils n'utilisent les cuiseurs solaires que pour des barbecues, dans leurs jardins», fait remarquer le fondateur de Solarama Energy & Services. Il distribue ses produits à Marrakech, Casablanca et Ouarzazate. Pour rendre plus accessible les cuiseurs solaires au Maroc, Hassan Bahrani préconise de recourir à des financements d'institutions ou de fondations afin de réduire le coût. L'entrepreneur insiste aussi sur le fait que les nouvelles marmites font également de meilleures soupes que les vieilles, en plus de permettre de préserver la planète en cuisinant propre.