L'actualité du retrait de Groupon a, ces derniers jours, enflammé la toile allant même jusqu'à poser un diagnostic qui laisse entendre une mauvaise santé du secteur. Interrogés, les opérateurs livrent leurs recettes et expliquent le potentiel d'un marché en pleine expansion qui requiert beaucoup d'agilité dans l'élaboration des stratégies de développement. La toile s'enflamme et les questions fusent après l'annonce du départ de Groupon. De nouvelles rumeurs circulent même autour d'éventuelles difficultés éprouvées par d'autres opérateurs du secteur qui pourraient bien avoir recours à des plans de licenciement. Que nenni. Contacté par les inspirations Eco, un des principaux sites concernés, Hello Food nie totalement toute intention de licenciement et tout contexte de crise au sein de sa structure. «Les rumeurs qui circulent sont absolument sans fondement. Le groupe se porte très bien et nous poursuivons nos activités normalement», assure Maria El fassi, directrice d'Hellofood. Même son de cloche du côté de Jumia qui rassure également sur le fonctionnement normal de ses activités. Dans ce contexte, une analyse plus approfondie du comportement d'un secteur, dans lequel évoluent de plus en plus de TPE et PME, s'impose. «La croissance du secteur n'est pas la même que celle qu'attendaient les opérateurs du secteur mais nous y croyons toujours», explique Yassine Matjimouche, président du Conseil d'administration de la société Kenza mall, avant d'ajouter : «Lorsqu'un groupe investit dans un secteur, il trace un niveau de rentabilité qu'il espère atteindre à un instant T, pour Groupon c'est vraisemblablement ce qui a pu motiver un retrait du marché marocain». Plus concrètement en analysant le contexte, l'établissement de stratégies de développement pour les opérateurs d'e-commerce présente quelques particularités avec entre autre la difficulté de définir une stratégie à long terme. Ceci semble être essentiellement dû, selon les professionnels du secteur, au fait qu'il s'agit d'opérer dans un marché en constant développement et qui ne serait aujourd'hui pas encore assez mûr. «Stratégies à court terme» Cependant, le tableau ne serait pas aussi terne qu'il n'y paraît, le secteur présente tout de même des indices qui laissent entendre un réel potentiel de développement comme l'explique Yassine Matjinouche : «Il y a certains segments qui marchent très bien au Maroc. Tout ce qui est immatériel marche. Les sites de deals également affichent une bonne santé avec plus précisément les deals de voyages». Face à cette forte demande, les sites de biens quant à eux connaissent encore quelques appréhensions de la part des internautes marocains, notamment s'agissant des conditions de livraison. C'est dans ce cadre que les sites d'e-commerce jouent aujourd'hui un rôle majeur dans le développement du marché. Les différents intervenants dans ces dossiers s'accordent tous à dire que leur mission première est d'éduquer le marché dans lequel ils évoluent en faisant preuve de rigueur. Cependant, hormis la bonne volonté des opérateurs d'accompagner le développement du marché, il s'agit également de dépasser les freins qui entravent aujourd'hui sa maturation. Les professionnels relèvent en effet parmi les embûches rencontrées au quotidien le coût des transactions internet qui serait particulièrement élevé (redevance au CMI jugée trop importante) ainsi que les marges très faibles que les sites d'e-commerce se font actuellement. Enfin, sur une partie plus technique, l'impératif d'assurer un bon système logistique en aval est plus d'actualité. Aujourd'hui, les logisticiens continuent de mettre beaucoup de temps pour assurer de bons délais de livraison, ce qui constitue un des freins majeurs au développement de la croissance du secteur. À l'aune de cette analyse, il s'agit par conséquent de relativiser la situation du secteur. Le retrait de Groupon est donc une simple décision souveraine d'un opérateur qui a le droit de se désengager d'un marché qu'il n'a pas jugé rentable dans la stratégie globale du groupe, ceci ne traduit donc pas intrinsèquement un malaise de l'ensemble du marché, qui semble encore avoir de beaux jours devant lui.