Le bout du tunnel pour Legler Maroc ? Depuis quelques semaines, la société, en redressement judiciaire depuis 2009, s'est retrouvée sous le feu des projecteurs après que des repreneurs potentiels se soient manifestés. Selon plusieurs sources proches de l'entreprise, des négociations seraient en cours entre un mastodonte turc et les actionnaires de Legler que sont la famille Snoussi et le groupe koweïtien CMKD. Il s'agirait en fait du spécialiste turc du tissage, Bossa. Ce dernier est en effet engagé dans une vaste stratégie d'expansion, intégrant le Maroc. Le royaume serait même identifié par le groupe turc comme une plateforme pour exporter plus de 12 millions de mètres de tissus par an. Le Maroc est donc appelé à devenir le principal pays de provenance des exportations de Bossa vers l'Europe. Cela devrait donner un véritable coup de pouce au carnet de commandes de Bossa, qui se chiffre déjà à quelque 20 millions de mètres de tissu. Opérer à partir du Maroc serait donc une sérieuse opportunité de réduction des coûts, dans un contexte où la concurrence accentue la pression sur les prix dans les marchés internationaux. Cela tombe à point nommé pour tirer profit de l'ambition marocaine de créer une zone spécialement dédiée à la production de jeans. En effet, selon des sources au sein du ministère de l'Industrie et du commerce, un projet de création d'un quartier entièrement consacré au denim, qui constitue justement la spécialité de Bossa, serait en gestation, et sa concrétisation devrait directement impliquer Legler Maroc. Le site du projet devrait être érigé dans les environs de la ville de Rabat, probablement à Aïn Aouda ou à Skhirat. C'est là l'intérêt que représente Legler Maroc pour Bossa, surtout que le groupe turc aurait remis en cause ses investissements en Egypte et en Tunisie, censées jusque-là constituer le relais du groupe turc vers l'Europe. C'est donc une lueur d'espoir qui apparaît dans le ciel de l'entreprise marocaine, laquelle est, pour rappel, en redressement judiciaire depuis deux ans. Depuis, c'est tout le système banquier qui fut attiré dans cette débâcle, la société disposant d'une dette dépassant le milliard de DH. Si les établissements bancaires se sont toujours refusés à commenter l'affaire, il est aujourd'hui bien clair qu'une quelconque reprise de la société devrait se traduire par un allégement des créances en souffrances comptabilisées par ces banques, d'un poids considérable. D'ailleurs, d'après les échos du marché, ces dernières détiennent aujourd'hui les clés de la concrétisation des négociations avec les repreneurs potentiels, dans le sens où Legler Maroc étant en redressement judiciaire, ses créanciers se retrouvent avec un droit de décision. Les actionnaires de référence de l'entreprise auraient même déjà donné leur aval à l'actionnaire turc. Cependant, jamais l'optimisme n'a été autant de mise pour Legler depuis sa déconfiture. Même la reprise qu'a connu le secteur du textile durant les premiers mois de l'année n'aura pas injecté autant de bons espoirs quant à l'avenir de l'entreprise.