Quatre mois nous séparent de 2012. C'est le délai dont disposent certaines banques pour se préparer à l'entrée en vigueur du ratio de solvabilité de 12% au lieu des 10% actuels, dernière étape selon les directives de Bâle II. Sur les six banques ayant communiqué leurs données relatives à ces directives, seules deux affichent des taux en-deçà des 12%. Le reste a fait preuve d'avant-gardisme en affichant des taux supérieurs. Il s'agit en l'occurrence du CIH, qui se positionne comme détenteur du meilleur ratio de solvabilité de la place. Ce dernier s'élève à 15,16%, preuve que la banque a su tirer les leçons du passé pour mieux bâtir son avenir. La Banque populaire la suit de prêt en affichant un ratio de 13,43% à fin 2010, qui devrait s'améliorer davantage suite à l'augmentation de capital annoncée récemment, pour déboucher sur la levée de 4,4 milliards de DH. La Société générale affiche un taux de 12,65% et BMCE bank 12,55%. Des performances qui ont permis à toute la place de hisser le ratio moyen de solvabilité à 12,7% contre 12% en 2009. Une amélioration qui trouve son origine dans «l'évolution maîtrisée des risques pondérés sur toute la place, et la mise en réserve d'une partie des bénéfices plus importante que l'année précédente», explique-t-on à BAM. Mis à part ces bons élèves, Attijariwafa bank et Crédit du Maroc présentent à fin 2010 des ratios de solvabilité en-deçà des 12%, à hauteur de 11,68% et 11,57% respectivement. Levées de fonds massives De là les levées de fonds qui ont rythmé le marché ces derniers mois et qui doivent servir également à financer des programmes de développement à long terme. Par ailleurs, l'ajustement des fonds propres à la hausse ne s'est pas opéré de la même manière pour l'ensemble des banques de la place. Ainsi, Crédit du Maroc, qui change également de positionnement et de cible, a annoncé une augmentation de capital de 233 millions de DH par conversion optionnelle des dividendes de l'exercice 2010. De son côté, Attijariwafa bank aurait ajusté ses fonds propres à la hausse au moyen d'emprunts subordonnés pour lever un milliard de DH. Ces deux levées devront aboutir in fine à un dépassement ou du moins à une conformité au taux exigé pour les deux banques, et les aideront à mieux se préparer au dispositif de Bâle III qui exige un renforcement de la réglementation prudentielle ayant trait aux fonds propres et à la liquidité. Une étape qui aidera tout le marché à se prémunir de la dégradation conjoncturelle à laquelle sont confrontés certains secteurs économiques. Cela pourrait se traduire par l'élévation des risques de défaillance des entreprises, de nature à peser sur le coût du risque des établissements de crédit, ou encore contre la solvabilité de la clientèle des particuliers qui s'est affaiblie, au vu du montant des défauts de paiement qui a augmenté, pour la 2e année consécutive, de manière assez marquée. Une approche macro pour gérer les risques Le nouveau cadre de Bâle III se caractérise par sa dimension macro-prudentielle, qui vise à contrer les risques systémiques susceptibles de s'étendre à l'ensemble du système financier et à l'économie. Il comporte ainsi deux volets. Le premier a pour vocation de réduire la pro-cyclicité, alors que le second consiste à prendre en considération les interconnexions et les expositions communes des établissements financiers, notamment ceux qui ont une importance systémique. S'agissant de la pro-cyclicité, le nouveau dispositif prévoit la constitution, outre du volant de conservation fixé à 2,5% du noyau dur des fonds propres, d'un volant qualifié de contra-cyclique qui variera, entre 0 et 2,5% de ce noyau dur et dépendra de l'évolution du cycle économique. Ce volant devra être constitué durant les périodes d'expansion rapide du crédit qui pourraient exacerber le risque systémique. Pour ce qui est de l'appréhension du risque systémique découlant des interconnexions et des expositions communes, un nouveau cadre, en cours de définition, vise à s'assurer que les nouvelles exigences de fonds propres soient calibrées, en fonction de l'importance systémique de chaque établissement financier au sein du système dans son ensemble et non seulement sur la base du risque qu'il représente à titre individuel.