Un projet caritatif possible grâce à l'art et à la culture, c'est ce que propose de réaliser l'association Eijkman grâce à l'incitatrice du projet : «Madou». À cet effet, le 13 avril prochain, sera organisé une grande vente aux enchères à la Mamounia, avec des objets de qualité, des œuvres d'artistes comme Mahi Binebine, Mehdi Qotbi, Nourredine Chater et Mohamed Mourabiti, animée par le grand commissaire-priseur Jacques Tajan et le tout parrainé par Adriana Karembeu. Qui dit mieux ? Du mobilier, des tableaux, des bijoux, des pièces de collection d'hier et d'aujourd'hui ont été offertes généreusement par des particuliers, des entreprises, des galeries, pour faire de la vente aux enchères du cœur le 13 avril prochain à la Mamounia, un évènement faiseur de miracles. Le miracle, c'est la construction d'un centre dans les alentours de Marrakech pour accueillir plus de 93 enfants en difficulté. Le Centre Fiers et Forts est un centre pour «enfants des rues» à Tamesloht, à 20 km de Marrakech. Le Centre a été créé en 2003 par Dorine Eijkman alias «Madou», citoyenne néerlandaise qui a décidé de prendre sous son aile, tout d'abord dans un garage et plus tard dans une grande maison traditionnelle, des enfants laissés à l'abandon à Tamesloht et dans les alentours, afin de les re-scolariser et permettre leur retour dans leur famille. Paradoxalement à la ville des mille et une nuits qu'est devenue Marrakech, les régions rurales alentour sont peu développées et la population est d'une grande pauvreté: manque de travail, de soutien social, condition de logement et d'hygiène précaires. Ces conditions génèrent de nombreux abandons d'enfants ou une mise au travail précoce et une exploitation des enfants qui sont mis à la disposition de familles riches pour effectuer des tâches ménagères. Tamesloht est à l'image de ce qui se passe dans la région et Madou Eijkman évalue à 400 le nombre d'enfants des rues dans cette région rurale du Haouz. Les enfants recueillis au centre font l'objet d'un accompagnement éducatif : inscription à l'état civil, soin, alimentation, éducation et scolarisation. Ils sont prioritairement inscrits dans les écoles et collèges de Tamesloht. Cependant, une trentaine d'enfants âgés de 4 à 15 ans environ bénéficient de cours sur place pour être alphabétisés ou pour une remise à niveau en lecture, écriture, mathématiques, français, ainsi que des activités sportives ou théâtrales. Une dizaine d'enfants sont hébergés sur place de façon provisoire, les éducateurs effectuent un accompagnement avec les familles ou avec des centres d'accueil, pour leur permettre un retour dans leur milieu d'origine. Le centre est dépendant de financements marocains et néerlandais. Au Pays-Bas, c'est la Fondation du Centre Eijkman Fiers et Forts qui soutient le centre. Sur le plan local des dons sont effectués par des entreprises ou des institutions. Aujourd'hui, l'association souhaite remédier à cela en créant un centre de qualité pour que ces enfants aient le suivi et l'accompagnement qu'ils méritent. «C'est la première fois que nous organisons un évènement d'une aussi grande envergure et aussi ambitieux, mais il est dû à la personnalité de l'association et à la volonté de Madou», explique Carole Mathon, organisatrice de l'évènement. «L'idée de la vente aux enchères s'est faite naturellement. On nous avait parlé d'une exposition du même genre à New York et on s'est dit que ce serait parfait de la faire ici, vu la qualité des artistes peintres et la demande de belles choses ici au Maroc», continue le président de l'association Al baraka, également organisatrice de l'évènement et initiatrice du projet de construction du centre. C'est un évènement caritatif certes, mais qui garde une âme artistique, puisqu'en plus de la centaine d'objets divers mis en vente, quatre œuvres exceptionnelles de peintres de renom national et international seront proposés. Ces œuvres originales sont réalisées pour l'évènement lui-même et consistent en la customisation d'un mannequin en plastique, au gré de la créativité de Mahi Binebine, Mehdi Qotbi, Noureddine Chater et Mohamed Mourabiti . D'ailleurs, Mahi Binebine, interrogé sur sa participation au projet, insiste sur son originalité. «Les artistes sont souvent sollicités par les associations, tous les mois on me contacte pour avoir une toile. Cette fois-ci, le projet est tout autre, puisqu'on nous a contactés pour créer quelque chose pour l'évènement. Je trouve que c'est une très belle opération et une belle aventure», explique l'artiste enthousiasmé par ce rendez-vous et qui a livré le travail après plusieurs semaines de concentration. Le travail réalisé également par les trois autres artistes, sera présenté dans un catalogue déposé dans différents lieux comme des boutiques, des galeries, des restaurants, afin de permettre aux personnes intéressés de repérer les lots qu'ils souhaitent acquérir. Le catalogue est en cours de finition et sera disponible dans des endroits publics à Rabat, Casablanca et Marrakech. Il y aura des tableaux anciens, contemporains, objets de la collection de Saint Laurent, bijoux, bronzes, quelques sculptures, de belles montres Rolex pour homme, en somme de belles pièces et pas des moindres. Une vente aux enchères au mythique Mamounia, animée par un commissaire-priseur qu'on ne présente plus, Jacques Tajan. Celui qui se félicite d'avoir plus de 400 ventes à son palmarès et plus de 1.000 grandes collections sera présent lors de l'évènement caritatif aux côtés d'Adriana Karembeu, marraine du projet. Un dîner le soir-même de la vente et une compétition le lendemain sont également à l'ordre du jour, afin de mener à bien ce projet et permettre au centre «Fiers et forts» d'accompagner ces enfants, de les scolariser et de les former à des métiers techniques, pour accéder à une vie meilleure. Les organisateurs, les associations Eijkman et Al Baraka comptent sur le dévouement et la participation d'acheteurs de cœur. Pour que le «adjugé, vendu» à la Mamounia le 13 avril prochain, sonne comme une promesse d'un avenir meilleur pour ces jeunes enfants abandonnés.