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VISA dévoile sa stratégie pour le continent
Publié dans Les ECO le 05 - 03 - 2013


Mohamed Touhami El Ouazzani
Directeur régional de VISA International Maroc central et de l'ouest.
Les ECO : La dynamique économique actuelle du continent contraste beaucoup avec un contexte de crise globale de la demande et de la consommation, surtout en Europe. Quelle est la place du marché africain, notamment de l'ouest et du nord, dans la stratégie mondiale de VISA ?
Mohamed Touhami El Ouazzani : Le continent représente un intérêt particulier pour nous dans sa globalité. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle VISA s'est positionnée depuis 2005 à Casablanca, pour mieux adresser les opportunités de développement du secteur de la monétique en Afrique francophone. Cet intérêt a aujourd'hui beaucoup grandi. Nous disposons, depuis l'année dernière, d'une nouvelle représentation au Kenya, en plus de celles, toutes aussi récentes, en Afrique du sud, au Nigéria ainsi qu'en Egypte. Nous avons également d'autres marchés d'Afrique francophone dans le collimateur. Le Tchad et la République centrafricaine en font partie. L'objectif est de créer des hubs d'activités comme celui dont nous disposons à Casablanca, à partir duquel nous gérons nos opérations sur un réseau de 23 pays appartenant à la région d'Afrique francophone. Cela prouve qu'il y a un réel intérêt à investir le continent. Pour VISA, l'Afrique est surtout un réel marché d'avenir, recélant de grandes potentialités de développement et de croissance et caractérisé par des économies de plus en plus attirées par les solutions de paiement électronique. Le Maroc en est l'exemple le plus proche. Nous avons 8 millions de cartes bancaires interopérables en circulation aujourd'hui sur ce marché, soit une progression de 16% par rapport au volume de 2011, et quasiment 20 fois plus qu'en 2000. Il faut savoir que lorsque nous avions ouvert le bureau de Casablanca, en 2005, nous n'en étions qu'à un volume en circulation de 700.000 cartes. Cette croissance n'a pas seulement été quantitative. Elle a également porté sur la diversification progressive de l'offre, en elle-même.
En sachant que le royaume est en quelque sorte un des marchés précurseurs en matière de monnaie électronique...
Oui en effet, si on limite cette comparaison à d'autres économies de l'Afrique francophone. Cela est dû à des facteurs évidents tels que la dynamique économique, la proximité de l'Europe, la maturité du secteur financier, une forte population d'expatriés, une forte bancarisation, etc...
Comment comptez-vous accompagner cette dynamique, en termes d'innovation en offres adaptées aux utilisateurs africains, notamment ?
Sur l'ensemble du continent, nous cherchons en effet à promouvoir un certain nombre d'offres qui vont répondre aux besoins adaptés des consommateurs. Ces besoins sont liés à plusieurs aspects, comme la culture des usages et du recours au paiement électronique. L'inclusion financière est importante. Cette culture est à des niveaux de développement différents selon les pays et les régions. En Afrique du nord, plus particulièrement au Maroc, nous sommes à un certain niveau de sophistication des offres. Par contre, en descendant, vers le sud du Sahara, on retrouve d'autres marchés avec d'autres niveaux de maturité. L'offre adressée à ces pays va ainsi toucher à un certain nombre de segments d'activités, allant du particulier aux solutions entreprises, en passant par les gouvernements. Notre accompagnement auprès des économies africaines va donc s'axer autour d'un certain nombre d'éléments, qui vont répondre, encore une fois, aux besoins de ces marchés.Visa compte ainsi travailler sur une meilleure intégration du paiement électronique auprès du commerce traditionnel, dans le souci de déployer et de développer le réseau d'utilisateur de nos solutions, tout en essayant de créer un accès assez important au commerce électronique. Cette offre est donc globale et permet de pouvoir offrir aux porteurs de cartes la possibilité d'opérer des transactions, aussi bien sur le national que l'international. L'autre objectif de notre stratégie d'accompagnement du développement du continent, est de contribuer, en partenariat avec un certain nombre d'acteurs locaux (Banques, banques centrales, média, etc...) à l'augmentation du taux de bancarisation. Cela se ferait via des offres spécifiques et dédiées, qui favoriseront un accès plus démocratisé aux produits bancaires.
Quels sont les segments d'usage qui recèlent le plus de potentiels de croissance pour VISA, en Afrique (Prestige, professionnel ou grand public) ?
Nous accordons une importance et un intérêt quasi égaux à tous les segments d'usage. Il faudrait toutefois retenir la diversité de nos marchés en Afrique francophone. Chacune des économies de la région a sa propre spécificité, et un niveau de développement de l'offre monétique, qui n'est pas forcément le même que le voisin. Nous développons donc des différences d'approche, en fonction du marché concerné, ainsi que des offres pour tous les segments d'usage. Le «Particulier» recèle beaucoup de potentiels, quasiment à la même enseigne que les usages Premium et Corporate.
Vue sous cet angle, la bancarisation comprend donc plus d'opportunités que d'obstacles pour le secteur de la monétique ?
Tout à fait. Je pense toutefois qu'il ne faudrait pas tout mettre sur le dos de la sous-bancarisation du continent, pour parler des facteurs bloquant le développement du secteur de la monétique. La faiblesse des taux d'infrastructure, par exemple, est l'un de ces obstacles, mais nous essayons de contourner tout cela via des niches plus adaptées aux marchés africains, comme le «mobile payment». Nous avons déjà lancé un certain nombre d'offres sur ce segment. Nous avons beaucoup de perspectives de croissance sur le mobile, rien qu'en considérant les niveaux de pénétration de ce moyen de communication dans les pays où nous sommes implantés.
Quel est le potentiel réel du secteur du paiement électronique en Afrique ? Pour être plus précis dans votre réponse, pouvez-vous nous donner quelques chiffres sur les performances de VISA sur ce marché ?
2012 a été une année globalement bonne pour nous en termes de volume de business. Je ne suis pas en mesure de vous communiquer des chiffres précis, mais les volumes de paiement électronique sur le continent ont connu une progression à deux chiffres sur le dernier exercice. Ces performances varient en fonction des marchés où nous sommes présents, évidemment, ainsi que de leur maturité relative. Au Maroc, pour prendre encore une fois l'exemple le plus proche, les consommateurs adoptent de plus en plus la culture du paiement électronique. Le nombre de cartes bancaires émises par les banques marocaines est en progression constante, 8,8 millions au premier semestre 2012, soit une hausse de 9,2 % par rapport à la même période en 2011. Il y a donc une volonté qui se manifeste de plus en plus d'aller vers les solutions de paiement électronique. L'Afrique est en pleine croissance, malgré le fait qu'elle ne contribue encore que très faiblement dans le business mondial de la monétique. Pour vous donner une idée, les USA, à eux seuls, pèsent près de 50% du potentiel mondial de ce secteur, actuellement. Cela, sans compter la part de l'Europe ainsi que des économies émergentes, notamment asiatiques. La part du continent demeure donc très faible dans le business mondial du paiement électronique, mais elle est appelée à gagner davantage dans les années à venir.


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