Selon Mohamed Touhami El Ouazzani, Directeur régional Maroc Afrique de l'Ouest et Centrale de Visa, l'activité monétique au Maroc a évolué d'une manière très solide et continue. -Finances News Hebdo : Quel est le positionnement de Visa sur le marché marocain ? -Mohamed Touhami El Ouazzani : Avant tout, je vais vous donner un bref historique de Visa au Maroc pour mieux comprendre son positionnement actuel. Visa a commencé réellement ces opérations au Maroc à partir de septembre 2005, date d'ouverture de son bureau. Cependant, Visa est présente sur le marché marocain depuis 1982 avec l'attribution de la première licence Visa au Maroc. Notre positionnement au Maroc, d'une manière globale, est un positionnement africain francophone. Actuellement, le Maroc est un hub à partir duquel Visa gère 23 pays, soit près de la moitié de l'Afrique , en partant du Maroc tout en passant par le Sénégal jusqu'à Madagascar, la République Démocratique du Congo … La décision de choisir le Maroc en tant que hub s'explique pour différentes raisons. Tout d'abord, du fait de sa position géographique stratégique. En effet, le Maroc est à mi-chemin entre l'Europe et l'Afrique francophone et représente un Hub aérien pour l'ensemble des pays de l'Afrique de l'Ouest et l'Afrique Centrale, ce qui facilite nos opérations et notre interaction avec nos différents clients présents dans ces pays. D'autre part, le Maroc représente, du point de vu métier, sur l'ensemble de l'Afrique francophone, une plate-forme monétique très solide qui connaît une évolution très importante et où le paiement électronique reste le plus développé dans la région, s'articulant autour d'un système financier très solide. Il est à noter également que la stabilité politique, le niveau de sécurité et le développement des services sont autant d'arguments pour le choix du Maroc. Nous accompagnons l'ensemble des partenaires financiers dans l'amélioration et le développement du paiement électronique, que ce soit au Maroc ou à l'étranger. Je citerais l'exemple de la BMCE avec le groupe Bank of Africa et d'Attijariwafa bank avec l'ensemble de ses filières en Afrique, mais aussi les banques françaises qui sont présentes sur l'ensemble du continent africain francophone. -F. N. H. : Quels sont les objectifs de Visa au Maroc ? -M. T. O. : Comme je l'ai cité précédemment dans une autre interview, notre souci chez Visa est de démocratiser le paiement électronique. Effectivement, nous sommes là pour la démocratisation du paiement électronique et surtout pour le développement des moyens de paiement comme un outil fiable, solide et sécurisé qui permet de créer de la valeur mais aussi de hisser le niveau de transparence au sein d'une économie. En effet, quand on paie avec une carte on a une traçabilité et une visibilité de la transaction, ce qui contribue à une diminution de l'économie informelle. Plusieurs études ont démontré d'ailleurs l'impact du paiement électronique sur l'économie. Une étude menée par Moody's Economy.com a conclu que l'utilisation du paiement électronique a créé une valeur ajoutée à l'économie mondiale de 1,1 trillion de $ entre 2003 et 2008. Rappelons que la raison d'être de Visa, en plus de la démocratisation du paiement, est de répondre aux mutations du marché en introduisant des produits novateurs, d'instaurer l'interopérabilité globale et de réguler le champ du paiement électronique au niveau mondial. En effet l'offre Visa va s'adresser à différentes catégories socio- professionnelles en leur offrant des produits adaptés à leurs besoins. Ainsi, nous offrons sur le marché des produits destinés au grand public avec les cartes Visa Electron et Classic mais aussi des produits destinés à la clientèle haut de gamme avec les cartes Visa Gold, Partinium et Infinite. Donc, réellement notre objectif est de faire en sorte que le paiement électronique, ou la monnaie numérique, devienne une référence sur le marché et de pouvoir travailler avec l'ensemble des partenaires financiers pour offrir des solutions fiables, solides et rapides, non seulement au consommateur final mais aussi aux commerçants et aux partenaires financiers. -F. N. H. : Est-ce qu'il y a une réglementation qui régit ces nouvelles e-cartes Visa à l'international pour protéger le consommateur marocain ? -M. T. O. : Tout d'abord, il faut savoir que l'utilisation des cartes marocaines à l'international est régie par la réglementation de l'Office de changes. Pour les transactions e-commerce en particulier, le consommateur marocain peut disposer d'une carte dédiée avec une limite de dépenses de 10,000 DH par an. D'autre part, Visa a mis en place, depuis quelques années déjà, un certain nombre de contrôles qui permettent de sécuriser les achats par carte sur Internet. A cet égard, «Verify by Visa» qui permet aux internautes de s'authentifier par code confidentiel au moment de l'achat (à l'image des transactions de retrait GAB), est aujourd'hui la technologie la plus pointue garantissant aux consommateurs une sécurisation maximale de leurs transactions e-commerce. Cette technologie est déjà fonctionnelle au Maroc, puisque la plate-forme du Centre Monétique Interbancaire est certifiée depuis 2008 pour opérer ce type de contrôle. D'autres fonctionnalités greffées sur notre plate-forme Visanet permettent de déceler la fraude d'une façon proactive. Au-delà de l'aspect préventif que présentent ces dispositifs, les transactions à l'international sont régies par une réglementation propre à Visa qui protège l'intérêt de l'ensemble des acteurs intervenant dans une transaction de paiement électronique, dans un esprit d'équité et de transparence. -F. N. H. : Quel est votre part de marché ? -M. T. O. : Sur le marché marocain et selon les sources du CMI, nous avons à fin mars 2011 74% de part de marché, tandis que sur le marché africain nous sommes à plus de 80%. -F. N. H. : Comment a évolué, d'après vous, l'activité monétique au Maroc durant les 5 dernières années ? -M. T. O. : L'activité monétique a évolué d'une manière très solide et continue. Il faut savoir qu'en 2005, le nombre de cartes Visa présentes sur le marché marocain était de moins de 700.000, et aujourd'hui on est autour de 5 millions de cartes. Ceci signifie que le taux d'équipement en carte bancaire est assez important au Maroc. De plus, le marché marocain a évolué en matière de savoir-faire monétique et est ainsi l'un des pays les plus sophistiqués en Afrique en termes de solutions technologiques et de diversité de l'offre monétique. Le marché a aussi évolué en termes d'innovation et d'ouverture, en terme de change grâce à l'augmentation de la dotation touristique qui est passé de 20.000 DH à 40.000 DH et la dotation affaires mais aussi avec l'introduction d'une nouvelle dotation dédiée à l'e-Commerce, . Visa accompagne cette ouverture avec des produits qui répondent à ce besoin et qui permettent aux voyageurs d'utiliser leur carte à l'étranger d'une manière sécurisée. Parmi ces produits, les cartes «dotation touristique» qui sont plafonnées à hauteur de la dotation réglementaire. D'autres cartes viennent d'être lancées, ce sont les e-cartes ou les cartes e-commerce avec lesquelles on peut faire des achats en ligne sur des sites internationaux. Avec la volonté du Maroc de s'ouvrir vers l'extérieur, nous considérons que nous évoluons dans un marché global, et le pays doit s'inscrire dans cette globalisation pour offrir des solutions adaptées. -F. N. H. : Quel est l'objectif que vise le lancement du programme d'éducation financière par Visa? -M. T. O. : Nous avons lancé cette campagne au Maroc, par le biais du théâtre en tant que vecteur de communication populaire accessible à l'ensemble, dans l'objectif de délivrer des messages simples à une cible bancarisée et non bancarisée, afin de sensibiliser ces personnes à comprendre les valeurs et les enjeux du système financier dans sa globalité. -F. N. H. : Quelles sont vos perspectives ? -M. T. O. : Pour le Maroc, Visa a beaucoup d'ambitions, notamment en termes d'équipement, de segmentation et de sophistication de l'offre mais surtout au niveau de l'innovation. Nous sommes aujourd'hui au début du paiement électronique avec de très belles perspectives et nous restons très confiants. Propos recueillis par L.Boumahrou