Les autorités camerounaises sont résolues à remplacer progressivement les emballages en plastique par des conditionnements biodégradables. Au mois de février 2013, Pierre Hélé, ministre camerounais de l'Environnement, a publié dans la presse un communiqué interdisant sur toute l'étendue du territoire national «la fabrication, la détention, la commercialisation ou la distribution à titre gratuit des emballages plastiques non biodégradables à basse densité, ainsi que des granulés servant à leur fabrication». Il s'agit concrètement d'arriver à l'interdiction de 30% des emballages en plastique produits et distribués actuellement dans le pays, mais surtout de promouvoir la fabrication et l'utilisation d'emballages biodégradables en tissu, en papier ou en matières végétales... Cette mesure d'interdiction, on la voyait venir dans une société où les matières plastiques dictent leur loi. Au supermarché, chez l'épicier du coin, à la boulangerie, au marché des vivres, à la pharmacie, chez le tailleur ou chez le vendeur de vêtements, toutes les marchandises achetées sont servies dans des sacs ou des sachets en plastique de taille et de forme très variées. À cela s'ajoutent les eaux en sachet qui, malgré leur interdiction, continuent d'être ouvertement distribuées à travers villes et villages. On n'oublie pas les eaux minérales et les boissons gazeuses qui sont vendues dans des conditionnements en plastique par certaines grandes entreprises implantées dans le pays ou à l'étranger. Toujours est-il qu'après consommation de leur contenu, ces emballages sont pour la plupart abandonnés dans la nature. Ils sont alors drainés par les eaux de ruissellement vers les rigoles, les drains et les rivières. Ceux-ci, obstrués, se bouchent à l'arrivée des pluies et provoquent des inondations quelquefois catastrophiques. À la société Hygiène et salubrité du Cameroun (Hysacam), spécialisée dans la collecte et le traitement des ordures ménagères, on révèle qu'en 2006, sur les quelque 700 tonnes d'ordures collectées chaque jour dans la capitale Yaoundé, 14 tonnes étaient des déchets non biodégradables, dont 5 tonnes de bouteilles en plastique. Plus récemment, selon des estimations datant de 2011, Yaoundé et Douala, les deux principales agglomérations produisent à elles seules environ 2.600 tonnes d'ordures ménagères par jour, dont 2/3 sont collectées et 20% sont des matières non biodégradables. Pour s'attaquer à ce problème qui gagne en ampleur, Hysacam a lancé en novembre 2012, avec la Société anonyme des brasseries du Cameroun (SABC - filiale du groupe français Castel), principale productrice de boissons gazeuses et d'eaux minérales, un programme dénommé Plastic Recup. Selon André Siaka, le directeur général de la SABC, ce programme vise la collecte des bouteilles en plastique vides en vue de leur recyclage. L'opération est actuellement limitée à la ville de Douala, où 14 points de collecte ont été créés. Les deux entreprises partenaires annoncent qu'elle va s'étendre prochainement dans d'autres centres urbains du pays. À la mi-février 2013, cette campagne avait déjà permis de collecter près de 100.000 bouteilles, soit encore loin des 40 millions envisagées par an. Le communiqué du ministre de l'Environnement vient à la suite d'un arrêté qu'il avait déjà signé le 24 octobre 2012 sur la réglementation de la fabrication, de l'importation et de la commercialisation des emballages non biodégradables. Ce texte demande que le fabricant, l'importateur ou le distributeur des emballages non biodégradables en assure le recyclage. S'agissant particulièrement des emballages en plastique, ils sont interdits et leur fabrication, importation ou commercialisation est désormais subordonnée à l'obtention d'un permis environnemental. Le Cameroun n'est pas le premier pays du continent à frapper du poing sur la table face à l'invasion des emballages en plastique. La Mauritanie, le Mali et la République démocratique du Congo ont déjà procédé à cette même interdiction entre 2011 et 2012. Partout, les motivations sont les mêmes : ces produits posent un réel problème de pollution. Thierry Ekouti Dir.pub-Le Quotidien de l'Economie (Cameroun) Le Cameroun, fatalement ! Le 26 février dernier, Ngata Ngoulou, le ministre tchadien des Infrastructures et Robert Nkili, ministre camerounais des Transports, ont eu un entretien à Yaoundé au sujet de la future extension du réseau de chemin de fer du Cameroun vers le Tchad. Ce projet coûterait entre 1.160 et 1 400 milliards de FCFA (entre 1,77 et 2,13 milliards d'euros). Le moins que l'on puisse dire est que la réalisation de ce projet viendra donner un coup de fouet à l'intégration sous-régionale en Afrique Centrale, et en particulier entre ces deux pays qui partagent une longue frontière terrestre, mais qui jusqu'à présent, font l'essentiel de leurs échanges par route. Au grand dam du Tchad, pays enclavé, dont la quasi-totalité des importations débarquent au port autonome de Douala avant de faire un trajet de plus de 1.000 km par train et par route... Ce projet d'extension du réseau de transport ferroviaire camerounais concerne aussi la République centrafricaine à l'est, le Congo au sud-est et le Gabon au sud. Autrement dit, tout le monde semble aujourd'hui comprendre et accepter le rôle naturel du Cameroun comme plaque tournante de la zone Cemac (Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale). Or, seul pays partageant une frontière terrestre avec chacun des autres pays membres, le Cameroun s'impose fatalement comme le carrefour des voies de communication de la sous-région. Et même comme passage obligé pour les échanges avec l'Afrique de l'Ouest via le Nigéria, qui partage lui aussi plus de 1.000 Km de frontière avec le Cameroun. Du coup, on peut regretter cette prise de conscience quelque peu tardive des gouvernements respectifs et successifs de ces différents Etats. Ce retard fait que même les routes bitumées qui relient actuellement le pays au Gabon, au Tchad et à la Guinée équatoriale sont de construction récente, tandis que les liaisons avec le Centrafrique et le Congo ne sont encore qu'en chantier ou en projet. «Mieux vaut tard que jamais».