Bien que consciente de l'intérêt des IT pour leur activité, les PME marocaines continuent à s'y prendre de la mauvaise manière. Le temps des investissements en infrastructures est en effet révolu et doit laisser la place aux services. Restrictions budgétaires, insuffisances des compétences et instabilité du contexte sont les principaux freins qu'il faudra surpasser pour réussir le développement des IT dans la PME. S i le Maroc veut réussir la transformation numérique de son économie, il devrait pouvoir compter sur l'intégration des technologies de l'information par ces PME. Nul ne nie plus cette nécessité, cependant, force est de constater que les PME marocaines sont encore loin d'adopter les meilleures pratiques en matière d'IT. C'est en tout cas ce qui ressort de la dernière enquête du cabinet IDC, spécialiste des nouvelles technologies, et qui s'est attelé à l'analyse de l'usage des technologies de l'information par les PME de la région, y compris au Maroc et le premier constat est sans nul doute le plus révélateur. Aujourd'hui, les PME marocaines, constituant 95% du tissu économique national, ne représentent que 30% des dépenses IT du pays. Pire encore, alors que la tendance partout dans le monde tend de plus en plus vers des dépenses orientées vers les services IT, les PME marocaines continuent à consacrer la grande partie de leur budget IT au développement des infrastructures numériques. Or, selon les spécialistes, le schéma idéal pour les entreprises serait de confier leurs activités IT à des opérateurs spécialisés à même d'offrir les services adaptés à chaque structure, ce qui permettrait à la PME de rester concentrée sur son propre cœur de métier. Cette approche est d'autant plus justifiée dans le contexte actuel, où le développement des nouvelles technologies se fait tellement rapidement que les infrastructures dans lesquelles investissent les entreprises, parfois à des coûts considérables, se retrouvent, en plus du vieillissement du matériel, rapidement dépassées sans pour autant permettre à l'entreprise de s'y adapter. Ceci pourrait même constituer un risque concurrentiel dans le sens où les pressions exercées par des concurrents deviennent plus importantes quand ceux-ci affichent une avance dans l'utilisation des nouvelles technologies. Il faut néanmoins avouer que comparativement aux précédentes études menées sur le sujet par IDC, celle présentée ces derniers jours fait ressortir une certaine prise de conscience de la nécessité pour les PME de s'adapter aux nouvelles tendances dans les technologies de l'information. En effet, «les dépenses en TIC sont stimulées par le désir des PME marocaines d'améliorer la profitabilité de leurs entreprises et l'efficience de leurs processus», peut-on lire dans l'étude du spécialiste des IT. De plus, plusieurs patrons de PME reconnaissent également que l'IT est un catalyseur de l'innovation et peut constituer un support à la productivité ainsi qu'au renforcement des relations clients. Cependant, force est de souligner qu'il demeure des entraves pouvant constituant un frein pour le développement numérique de ces entreprises. Ces entraves sont d'abords liées au volet financier. Dans un contexte où la conjoncture économique reste assez difficile, les pressions sur les budgets sont des plus imposantes, ceci est d'autant plus vrai dans les petites structures où les capacités financières sont plus réduites. Les restrictions budgétaires sont donc logiquement avancées par les auteurs de l'étude comme le principal frein dans le développement technologique des PME. Dans le même sens, l'instabilité de l'environnement des affaires pousse beaucoup d'entreprises à temporiser quand il s'agit de prendre la décision d'investir, y compris quand cet investissement est lié aux IT. Enfin, dans une économie où le principal défi de plusieurs secteurs est celui de la mobilisation des compétences qualifiées, l'insuffisance des ressources est relevée comme l'un des handicaps auxquels font face les PME pour mener à bien leur marche vers l'intégration des nouvelles tendances technologiques. Si la nécessité d'intégrer les IT devient de plus en plus avérée dans le monde des PME, il reste donc à lever certaines barrières pour réussir le challenge. Pour ce faire, les entreprises marocaines pourraient toutefois compter sur une réadaptation par les fournisseurs des services IT de leurs offres afin de présenter de meilleures conditions d'exploitation. Tout comme les opérateurs Télécom qui ont depuis quelques années regroupé les services voix et données dans des forfaits à des coûts abordables, les fournisseurs d'autres services peuvent affiner et assembler des offres pour attirer les clients qui cherchent à répondre à des contraintes spécifiques. Obtenir l'appui des travailleurs à distance, par exemple, ou la coordination de plusieurs sites à travers des services de soutien seraient selon IDC des domaines d'intérêts potentiels.