Supérieur de 50 points au moins au taux d'intérêt minimum des comptes sur carnet, le taux appliqué au plan d'épargne logement reste aujourd'hui très intéressant. Toutefois, cet outil de mobilisation a toujours du mal à prendre. Explications. Le plan épargne logement (PEL) est un placement sans risque qui offre aux particuliers un rendement des plus intéressants. Néanmoins, malgré son plafond à 400.000 DH, le PEL n'est pas suffisamment prisé par les Marocains. Supérieur de 50 points au moins au taux d'intérêt minimum des comptes sur carnet, le taux appliqué au PEL reste aujourd'hui très intéressant. D'autant plus qu'il jouit d'une exonération fiscale. Cette dernière caractéristique en fait aujourd'hui une alternative sérieuse au compte sur carnet. Rappelons que le taux de rendement brut de ce dernier s'élève aujourd'hui à 3,28%. Le niveau de 3,78% net constitue donc un plancher au-dessous duquel la rémunération du PEL ne peut pas baisser. De plus, le PEL sert à constituer un capital en vue de le verser comme avance à l'achat ou à la construction d'un logement. À cet effet, il permet, après une phase d'épargne de trois ans, de demander un prêt épargne-logement dont les conditions sont avantageuses. Le souscripteur peu, en effet profiter d'un crédit logement à un taux réduit de 50 points de base par rapport au taux appliqué usuellement par la banque. Ceci dit, le montant du crédit demandé doit dépasser de trois fois au moins, l'épargne constituée par le souscripteur. Néanmoins, si la capacité de remboursement du bénéficiaire du compte ne le permet pas, il lui est permis de demander un crédit logement qui ne correspond pas forcément au montant déterminé. Autant d'arguments qui devaient inciter les épargnants à solliciter ce produit qui fait l'objet de plusieurs offres au sein des banques depuis qu'il a vu le jour grâce à la loi de finances 2011. Mais force est de constater qu'il n'est pas suffisamment prisé par les Marocains. Plusieurs obstacles se dressent face au développement du PEL. L'épargne longue, un défi À commencer par la nature de ce produit car il s'agit d'un produit d'épargne longue durée. Certes, le PEL constitue une bonne solution pour placer son épargne à condition d'avoir un horizon d'investissement d'au moins 3 ans. Car, en cas de retrait avant ce délai ou à défaut de respecter une autre clause du contrat, le souscripteur perd l'ensemble des avantages fiscaux qui lui étaient accordés au moment de l'ouverture du compte. Aujourd'hui, le taux d'épargne des ménages au Maroc est aux alentours de 14%. Ce taux pénalise la consommation, surtout parce qu'il ne s'agit pas d'une épargne à long terme qui serait profitable à notre économie. Les Marocains penchent en effet davantage vers des placements plus liquides (comptes sur carnet et dépôts à terme). Des placements dont l'effet bénéfique sur notre économie est très marginal. Et pour cause, les Marocains dont le pouvoir d'achat reste aujourd'hui faible doivent également faire face à des dépenses ponctuelles importantes comme la rentrée scolaire, les vacances, l'Aid El kebir. Autre contrainte du PEL, l'épargnant doit y effectuer des versements réguliers, mensuels ou trimestriels, d'un montant précisé au préalable sur le contrat, à condition que l'ensemble des versements totalise 3.000 DH au minimum chaque année. De plus, le souscripteur est obligé de verser une somme initiale d'au moins 500 DH. Cette contrainte est inopportune dans la mesures où les entrées d'argent d'une grande majorité de Marocains sont variables. Cette situation pénalise à la fois nos entreprises, qui manquent de fonds propres, mais aussi les ménages dans leur capacité à préparer leur avenir. L'un des défis actuels auquel est confronté notre pays est donc bien d'orienter cette épargne vers des investissements à long-terme. S'agissant du PEL, une des options serait de garantir au terme du contrat, en plus du crédit à taux préférentiel, un accès prioritaire au logement économique et intermédiaire. François Guillon Directeur, chargé des particuliers et des professionnels à la BMCI Les ECO : Quel bilan faites-vous du lancement du PEL au Maroc ? François Guillon : On ne peut pas dire aujourd'hui qu'il y a un gros appétit sur l'épargne logement au Maroc. La décision d'achat immobilier se fait souvent à un «instant T» sans qu'il ait une épargne au préalable. Le consommateur marocain n'est pas encore dans le cadre d'un projet d'achat immobilier auquel il pense des années avant et qu'il conduit à terme. À la BMCI, nous commercialisons des produits d'épargne logement et nous essayons même de les promouvoir. Mais ces produits ne sont pas sollicités par les clients. Je suis certain que cela changera dans le futur. Les plans d'épargne vont se développer au Maroc. D'aucuns avancent que si les plafonds d'exonération étaient plus élevés, les épargnants seraient plus incités à s'engager dans ces véhicules de placement. Qu'en pensez-vous ? Cela peut être une des raisons également. Mais personnellement, je pense que ce sont les épargnants marocains qui ne sont pas aujourd'hui dans une stratégie d'achat immobilier à moyen et long-termes. Cela explique que ces produits n'ont pas encore connu le succès qu'ils ont connu dans d'autres pays. Vous pensez à la France ? Aujourd'hui, le plan d'épargne logement et le compte d'épargne logement sont des produits très traditionnels en France depuis très longtemps. Ces produits ont connu leur heure de gloire, mais ont beaucoup baissé à la fin des années 90 et au début des années 2000, parce que les taux de crédit étaient assez peu élevés. De fait, l'attractivité des conditions du plan d'épargne logement pour accéder à la propriété était moins concurrentielle qu'elle ne l'était dans une période où les taux étaient élevés. Cette situation est-elle celle du Maroc aujourd'hui ? Je pense que ce phénomène joue aussi au Maroc. La courbe des taux de ces dernières années a fait qu'il n'y a pas forcément de nécessité du coté des épargnants de se préparer très longtemps à l'avance pour acheter un bien immobilier. Les taux aujourd'hui permettent d'accéder facilement à la propriété.