Plusieurs sites, dits pure player, viennent d'être lancés récemment. Une attitude qui détonne face aux difficultés de la presse papier. Analyse du business model de ces sites prometteurs. La presse change et elle le fait savoir. Le marché publicitaire en difficulté depuis quelque temps a défavorablement influé sur le paysage médiatique. Avec la disparition d'hebdomadaires comme Actuel et les grandes difficultés que connaissent des supports comme Au Fait ou l'Equipe magazine Maroc, d'autres médias, d'un tout autre genre, apparaissent. Quelques semaines plus tôt, un nouveau site a été mis en ligne. Media 24.ma a commencé par publier une charte éditoriale qui inscrit dans sa liste d'objectifs :«La vocation de notre support et de tout autre support que nous serions appelés à lancer est de fournir une information précise, opportune, neutre, vérifiée, sourcée, selon les méthodes de travail professionnelles, et dans le respect de la déontologie du métier de journaliste». Cela va de même pour 360. ma, dont le fondateur Mohammed Douyeb se veut «un nouveau média axé sur le digital», qui proposera l'événement du jour, présenté d'une façon ludique et intéressante, là où se trouve l'internaute, tout en développant des approches innovantes en matière publicitaire. Cela dit, la crise du marché publicitaire (leseco.ma) pose des questions quant à la pérennité de cette presse. Selon les chiffres d'Imperium Media, la part de la presse électronique ou digitale comme d'autres préfèrent l'appeler, n'est que de 1% de la totalité du gâteau publicitaire. Cela équivaut à une centaine de millions de dirhams, sachant que d'après la dernière présentation de Mustapha El Khalfi, le ministre de la Communication, il existe quelque 500 sites web d'information au Maroc. Il y a là de quoi justifier les craintes quant à la viabilité à long terme de cette nouvelle presse. Pour Anouar Sabri, le président d'Imperium Media, cabinet d'étude spécialisé dans le marché publicitaire, non seulement la presse électronique peut proposer plus de contenu en divers formats, mais le marché publicitaire de la presse électronique reste intéressant et permettra aux «plus performants» de rester en vie et de servir à l'internaute une information et un divertissement comparable à celle présentée au lecteur du journal papier. Aussi, il est à préciser que bien que les nouveaux entrants (Le360 et Medias24) soient bien structurés et que leurs newsrooms sont garnies de journalistes professionnels, la plus grande partie du reste de la presse digitale manque de structure et de vision mûre, côté éditorial et business. Cela fait que les charges financières de ces organes sont assez réduites (vu les maigres salaires attribués aux rédacteurs et au staff technique) et donc les chances que ces business disparaissent d'un jour à l'autre, n'est pas (trop) à craindre. L'émergence rapide et tenace d'Internet au Maroc, fait que tout le monde possède, avec un minimum syndical d'effort éditorial et technique, la possibilité de toucher quelque 40.000 à 80.000 lecteurs, traduisible en termes de gain publicitaire en 500.000 dirhams de chiffres d'affaires par mois. En tenant compte du fait que ce segment du marché est celui qui connaît la plus haute croissance, toujours selon Imperium, un bel avenir se présente devant cette presse. De plus, avec la reconnaissance légale de la presse électronique, avec l'élaboration du livre blanc (leseco.ma), ces organismes de presse électronique vont dorénavant avoir accès à la subvention étatique, à l'instar de leurs confrères imprimés. Concernant ce point, les partons de presse électronique contactés par les ECO, Abdenaceur Afrite de Media 24 et Mohamed Douyeb de le360.ma et même Anouar Sabri, ont présenté un avis plutôt critique par rapport à cette initiative. «Quand on a une entreprise à but lucratif, ont n'a pas le droit de demander la subvention. il faudrait plutôt songer à des programmes de formation pour d'amélioration du revenu des journalistes», estime Anouar Sabri.