La Banque africaine de développement dispose d'une nouvelle feuille de route pour la période 2013-2022. L'institution panafricaine ambitionne d'accompagner la «transformation» structurelle des économies africaines. Objectifs : promouvoir une croissance plus inclusive et homogène et aider le continent à s'engager dans une véritable «croissance verte». Détails. «Cette vision, qui couvre une décennie, peut faire de ce continent, en l'espace d'une génération, le pôle de croissance mondial que nous savons qu'il peut être et qu'il veut devenir». C'est en ces mots que Donald Kaberuka, le président du groupe de la Banque africaine de développement (BAD), résume la toute nouvelle stratégie décennale (2013-2022) de l'institution financière panafricaine. Les ambitions sont importantes, à la hauteur de la dynamique du continent. «Cette stratégie est conçue pour placer la banque au centre de la transformation de l'Afrique et améliorer la croissance du continent», explique-t-on auprès des responsables de la BAD, dans le communiqué annonçant l'implémentation de cette vision stratégique. Sa conception et sa mise en œuvre partent du constat selon lequel le continent s'est engagé dans un véritable processus de transformation économique. Cette stratégie vise ainsi à élargir et approfondir ce processus de transformation, essentiellement en faisant en sorte que la croissance soit partagée et non isolée. «Cette croissance doit maintenant se traduire en une véritable transformation économique qui créera des emplois et offrira des opportunités aux populations. C'est pour cette raison que la prochaine décennie sera si déterminante et que la stratégie de la BAD pour la période 2013-2022 revêt une si grande importance». Cette nouvelle feuille de route de la banque panafricaine vise aussi à favoriser une croissance qui ne soit pas simplement durable au plan écologique, mais aussi habilitante au plan économique. Objectifs La BAD s'est d'ailleurs donné deux grands objectifs à atteindre via la mise en œuvre de sa nouvelle stratégie décennale. Le premier porte sur «la croissance inclusive» et consiste à réaliser une dynamique économique se traduisant non pas seulement par l'égalité de traitement et d'opportunités, mais aussi par des réductions profondes de la pauvreté et un accroissement massif et correspondant des emplois. «En permettant d'exploiter le vaste potentiel du continent - et en améliorant ses chances de tirer parti du dividende démographique - la croissance inclusive induira la prospérité par un élargissement de la base économique qui transcende les obstacles liés à l'âge, au sexe et à la situation géographique», explique-t-on dans le même rapport. La BAD promet ainsi d'investir davantage dans une infrastructure qui libère le potentiel du secteur privé, favorisant l'égalité des sexes et la participation communautaire. Quant au second grand objectif de la stratégie, elle concerne la «transition vers la croissance verte». La BAD ambitionne d'aider les économies du continent à rendre leur croissance «durable», en l'aidant à se mettre sur la voie d'une transition progressive vers la «croissance verte». Le but, ici, est de maintenir la tendance économique actuelle du continent tout en protégeant les moyens de subsistance en améliorant la sécurité hydrique, énergétique et alimentaire. Il s'agit également de favoriser l'utilisation durable des ressources naturelles et de stimuler l'innovation, la création d'emplois et le développement économique. Pour la BAD, les priorités de l'heure et pour les économies africaines afin d'aller dans le sens de la croissance verte, sont «le renforcement de la résilience face aux chocs climatiques, la mise en place des infrastructures durables, ainsi que la création de services d'écosystème». L'exploitation rationnelle des ressources naturelles – en particulier l'eau – sont aussi dans cette liste de priorités. 5 secteurs opérationnels Concrètement, tout cela devrait se matérialiser à travers cinq grands axes d'intervention sur lesquels la BAD axera désormais ses activités. Il s'agit notamment du développement de l'infrastructure, de l'intégration économique régionale, du développement du secteur privé, de la gouvernance et de la responsabilisation, du développement des compétences et de la technologie. Ce nouveau programme propose également, en seconde priorité, de «rechercher des modalités nouvelles et innovantes de mobilisation des ressources pour accompagner la transformation de l'Afrique, notamment en utilisant de façon optimale ses propres ressources», relève-t-on auprès de la BAD. Par ailleurs, une part belle est également accordée, dans la même feuille de route 2013-2022, au recours aux partenariats public-privés, «aux arrangements de cofinancement» ainsi qu'aux instruments d'atténuation des risques qui devraient attirer de nouveaux investisseurs pour le continent.