Sa mission, donner aux marques une visibilité sur le Web. Les entreprises se les arrachent. Bien que les pages et comptes dédiés aux entreprises marocaines se multiplient à une vitesse vertigineuse sur les réseaux sociaux, les personnes capables de maintenir cette communication avec les fans ou «Followers» sont rares au Maroc. On les appelle les gestionnaires de communauté, plus connus sous son anglicisme «community manager» (CM). Ce nouveau métier commence à se développer depuis que les entreprises ont compris l'intérêt de communiquer sur leur marque à travers les réseaux sociaux. Mais qu'est exactement un CM ? Pour Anass El Filali, directeur général de Lorem, une agence de création et de gestion de contenu digital, de nos jours, on parle plus d'un digital manager que de CM. Si le deuxième a un rôle qui se «limiterait» au relayage de l'information dans les réseaux sociaux et l'interaction avec la communauté d'une marque ou d'une structure, le deuxième a un rôle plus complexe. Il doit être capable d'incorporer la marque pour arriver à transmettre son esprit et ainsi être capable d'élaborer une stratégie web complète. Celle-ci doit prévoir l'effet voulu par une publication ou une autre et surtout qui fasse en sorte que l'internaute parle de la marque. Il faut qu'il ait de la sensibilité pour gérer les premiers signes d'une crise (quand une marque est exposée à une grande critique). Aussi, dans le cas de la gestion d'une marque facilement attaquable, il doit être capable de réagir et protéger au mieux l'image de la marque mais également sa réputation sur les réseaux sociaux.Bien entendu, soigner et maîtriser son image, son Internet n'est plus à prouver pour les marques, les grandes entreprises et même les politiciens. D'ailleurs, ces derniers se sont mis à lancer des tweets ou des statuts Facebook pour informer de leurs avis et engagements concernant divers événements et ainsi se promouvoir de plus en plus devant leur cible : les électeurs. Plus encore, il y en a même qui ont recours à des consultants spécialisés dans la e-réputation pour recruter plus de fans et «soigner» leur réputation sur le Web. Mais les grandes structures restent tout de même les plus engagées à déployer des budgets et des ressources humaines. Il faudra savoir cependant que l'intérêt varie surtout selon le secteur d'activité. Pour Julien Guyard, le directeur général de Netgroup, agence de marketing digital, «il existe toujours des secteurs qui n'adhèrent toujours pas à l'idée de se promouvoir sur la toile. Cela concerne par exemple les sociétés de l'agroalimentaire, qui à l'étranger sont très présentes sur le Net. Pourtant au Maroc les quelques pas qui sont faits par quelques rares entreprises sont majoritairement des pas hésitants. Par contre, on remarque que les opérateurs téléphoniques sont extrêmement présents sur la toile». D'ailleurs, ce sont ceux-là qui recrutent les «meilleurs» community manager à des salaires variant entre 12.000 et 18.000 DH. Par contre dans d'autres entreprises et agences de communication digitale, les salaires sont beaucoup plus bas. Ils tournent autour de 7.000 à 8.000 DH mensuels. Un business prometteur Il faut dire que c'est tout un business qui a commencé à se créer il y a un bon nombre d'années, lequel est en train de se transformer : «Au début nous étions 7 agences digitales qui proposaient aux entreprises de sous-traiter leurs images virtuelles, maintenant, ils sont quasiment une trentaine en plus des agences de communication «traditionnelles» qui commencent, elles aussi, à proposer à leurs clients ces services. Cela fait que le marché se transforme davantage et devient très concurrentiel car elles ciblent des niches bien particulières», nous raconte Anass El Filali. Cela dit, si l'activité et la compétitivité sont à leur paroxysme, le volume du marché en lui-même n'est pas si énorme que ça. Le marché de la communication digitale ne mesure qu'une centaine de millions de DH annuels selon les professionnels du secteur, mais il est amené à croître très rapidement. Pas de formation À ce jour, il n'existe aucune formation au Maroc de la gestion de communauté, plus connue sous son anglicisme «community management» (CM). La question que l'on se pose alors est de savoir à qui font appel les grandes sociétés pour s'occuper de communiquer sur leur marque à travers les réseaux sociaux. La réponse nous vient des réseaux sociaux où l'on trouve les meilleures recrues. Les sociétés vont choisir les profils les plus connus et les plus suivis dans la sphère digitale marocaine (FB, twittoma ou blogoma) afin de les recruter pour gérer leurs images sur la toile. Ils devront avoir fait preuve d'une maîtrise de l'outil et d'un don pour la communication et la répartie, mais avec la tenue d'un événement national tel que le «community management day», dont la deuxième édition a eu lieu à Casablanca le 2 mai 2013 et qui a suscité un intérêt certain auprès des professionnels du secteur, gageons qu'une formation dédiée au CM pourrait voir le jour bientôt.