Sud-Sud. Avec 500 accords de coopération signés, le Maroc et ses partenaires subsahariens pourraient beaucoup mieux faire en termes d'échanges commerciaux. Selon Oxford Business Group, ces échanges ne dépassent pas 5% du commerce extérieur du Maroc. Toutefois, les investissements décollent. Beaucoup d'accords, peu de retombées. «Bien que près de 500 accords aient été conclus avec plus de 40 pays dans plusieurs secteurs économiques au cours des dix dernières années, les échanges avec les pays africains ne représentent qu'environ 5% du commerce extérieur du pays». C'est l'une des principales contradictions soulevées par Oxford Business Group (OBG) dans sa dernière « Economic Updates Morocco», appréciant les avancées – ou sur-places – de la stratégie de coopération Sud-Sud développée par le royaume depuis une bonne décennie déjà, à destination des économies subsahariennes. Sur la base de ce constat frustant, le cabinet de consulting et d'intelligence économique espère, de fait, que les récents accords signés en mars dernier par le royaume avec trois de ses plus grands partenaires dans la région subsaharienne – le Sénégal, la Côte d'Ivoire et le Gabon - puissent être le déclic attendu pour donner du punch aux relations commerciales. Leur mise en application devrait en effet avoir de grands effets impulsifs sur la balance commerciale des deux parties et leur permettre de dépasser le statu-quo. Enjeux Les enjeux sont surtout très importants pour le royaume. «En développant les échanges commerciaux avec d'autres pays du continent africain, le Maroc peut espérer atténuer les conséquences du ralentissement économique en Europe sur son économie», explique-t-on dans la note d'OBG. Ce dernier argument explique en effet que pour réduire le déficit commercial du royaume et soutenir la croissance du PIB (4,9% en 2011 à 2,9% en 2012), le Maroc a tout intérêt à chercher à développer ses échanges commerciaux et à renforcer ses relations avec le reste du continent. Le cabinet ajoute, par ailleurs, que l'application du «très attendu» accord de libre-échange signé en 2002, par le Maroc avec l'Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), devrait «jouer un rôle majeur dans l'accroissement des échanges commerciaux et le développement humain». En attendant, le Sénégal, la Côte d'Ivoire, la Guinée équatoriale et le Nigéria, restent les premiers clients du royaume, avec environ 41% des exportations du pays vers la région subsaharienne. Essor des investissements Toutefois, si les échanges commerciaux restent suspendus au protocole, parfois très lent, de la diplomatie économique, les investissements, eux, décollent. Selon OBG, le canal des investissements privés, pour le développement de projets, entre le Maroc et ses partenaires subsahariens, ne désemplit pas. «Les acquisitions et investissements en capital des sociétés marocaines en Afrique de l'Ouest sont déjà conséquents», apprécient les économistes d'OBG. Plusieurs secteurs sont concernés, mais les principaux sont ceux de la banque, des télécommunications et des assurances. «Ces initiatives s'inscrivent dans une démarche plus large initiée au début des années 2000 et visant à développer la coopération régionale», commentent les auteurs, pour la petite histoire.