Recul des investissements, retards de livraison des logements, concurrence et hausse des prix des intrants sont à l'origine de ce ralentissement. Le ralentissement de l'investissement privé dans la construction sociale et dans les travaux publics, les retards enregistrés dans le lancement des investissements publics en infrastructure et la montée de la concurrence sont autant d'éléments qui ont négativement impacté l'activité et la rentabilité des fabricants de ciment au Maroc. À titre d'exemple, les statistiques du ministère de l'Habitat laissent apparaître un tassement au titre de l'année 2012 se matérialisant par une baisse de 4,9% de la production en habitat à 259.115 unités et par un repli de 11,5% des mises en chantier à 419.362 unités. Cette situation s'est traduite par un effet d'entraînement négatif sur le marché des matériaux de construction et du ciment, comme en atteste notamment le recul de 1,6% de la consommation de ciment au cours de 2012 à 15,87 millions de tonnes (MT). Cette baisse de la consommation a en effet négativement impacté l'activité des cimentiers. Les résultats financiers annoncés par les sociétés cotées du secteur (Ciments du Maroc, Lafarge et Holcim) en sont la preuve. Résultats dégradés pour les géants du secteur Ces sociétés qui détiennent, à elles trois, 75% du marché, ont accusé une dégradation de 8,1% à 11,9 MMDH de leur chiffre d'affaires au titre de l'exercice 2012. Au registre de la capacité bénéficiaire, celle des cimentières cotées s'est appauvrie de 25% à 2,4 MMDH. Ces résultats montrent ainsi un retournement de tendance par rapport aux réalisations du secteur en 2011. En effet, le chiffre d'affaires sectoriel avait fortement progressé (+12,8%) par rapport à 2010. La marge opérationnelle s'est pour sa part située à 44,7% en 2011, en hausse de 8,2 points. La rentabilité nette, elle, s'est établie à 38,9% en 2011 (+3,4 points). Ces performances ne sont plus d'actualités, spécialement avec le renchérissement des coûts des intrants (sable et énergie). Notons la taxe sur le sable de dune littorale, de dragage et des cours d'eau de 50 dirhams le mètre cube et sur les sables de concassage de 20 dirhams le mètre cube. Pour rappel, une première augmentation de 0,05 dirhams/kg a été appliquée dans le cadre de la loi de finances 2012 sur la taxe spéciale sur le ciment pour s'établir à 0,15 dirhams/kg. Ainsi, après une année 2012 déjà difficile pour les cimentiers, l'institution de taxes spéciales sur les intrants pourrait freiner la relance escomptée du secteur pénalisant sa rentabilité. Un autre risque plane autour des fabricants de ciments. Les difficultés de trésoreries rencontrées par les donneurs d'ordre se traduisant par des délais de règlement qui s'allongent. Ces délais sont plus importants quand il s'agit des marchés publics et restent donc difficiles à supporter. Cette situation devrait entraîner des charges financières supplémentaires pour toutes les entreprises du secteur. L'augmentation du nombre de défaillances des entreprises de fabrication de ciment sur le premier trimestre est également annonciatrice de la crise du secteur. Il y a lieu de noter que deux fabricants de ciment ont été déclarés défaillants en l'espace de trois mois. C'est exactement le nombre de défaillances observé au terme de l'année 2012. Le niveau de défaillances au premier trimestre (2) laisse donc entrevoir une croissance des défaillances sur le total de l'exercice 2013 par rapport à 2012. -8% de consommation de ciment en 2013 En effet, le secteur du ciment n'est pas au bout de ses peines. Il devrait encore assister à une légère baisse de la demande en 2013, comme en atteste le niveau de consommation de ciment au terme du premier trimestre de l'année. Selon les analystes, le repli attendu des mises en chantier combiné au déplacement du ramadan en juillet et la succession des périodes de fêtes religieuses jusqu'en septembre, devraient entraîner une nouvelle diminution de la consommation estimée à -8% pour 2013. Toutefois, un retour à la croissance normale du marché pourrait être enclenché en 2014. Cette perspective est confortée par le choix stratégique des opérateurs locaux de maintenir leur politique d'investissement. En effet, «la capacité de production du secteur serait portée à environ 24 MT à horizon 2014 pour une demande estimée à près de 19 MT, soit un taux d'utilisation moyen de 80%. Par conséquent, et contrairement aux craintes du marché, le secteur ne présenterait pas de surplus de production alarmant à terme», expliquent dans ce sens les analystes de BMCE Capital.